édition Les allusifs -
295 pages.
Quatrième de couverture :
Dans les rues de Montréal, erre un homme doté de facultés extraordinaires qui s'apparentent à une malédiction. Une nuit, après être venu à la rescousse d'une prostituée haïtienne malmenée par le bras droit de son pimp, il se lie d'amitié avec cette jeune femme rebaptisée Gemme pour sa clientèle. Une inquiétante cavale s'ensuit. Non seulement cet être étrange et sa protégée sont poursuivis par les sbires lancés à leurs trousses par le redoutable gangster et proxénète Chill-O, mais ils essaient aussi d'échapper aux enquêteurs de la police. Mais qui est-il à la fin ? D'où vient-il ? S'agirait-il, comme le suggère Papy Boko, le vieux sage consulté par Gemme, d'un bizango, une de ces créatures issues du folklore haïtien capables de se dévêtir de leur peau humaine pour devenir autre chose ?
Circonstance de lecture :
Ce livre fait partie de la sélection du mois d'août du prix Océans. J'ai choisi de commencer par ce livre parce que j'étais séduite par son format et par le quatrième de couverture.
Mon avis :
S'il fallait qualifier cette lecture d'un mot, je dirai "plaisante". Ce n'est pas vraiment l'adjectif que je me serai attendue à accoler au vue du quatrième de couverture. Il est vrai que je suis une grande fan de romans policiers et que peu de choses m'ont surprise dans le déroulement de cette intrigue.
Ces intrigues, devrais-je dire, car autour de l'intrigue principale qui a pour héros Gemme et le Bizango, nous avons une intrigue secondaire qui nous montre le travail des enquêteurs. D'un côté, se trouvent les enquêteurs officiels, à savoir les policiers dont Lorenzo Appolon est une figure centrale. J'ai été heureuse de trouver un flic ordinaire (peut-être trop ?) avec juste ce qu'il faut de tourments pour en faire une personnalité intéressante. Il est bien conscient que les gangs sont la priorité des autorités, alors qu'ils ne sont responsables que de 2 % des délits commis. Une manière comme une autre d'exarcerber le racisme latent en maintenant les tensions entre les communautés, et de masquer les problèmes réels. De l'autre côté, nous avons Andréa Belviso, une véritable journaliste - elle tranche par la rigueur de son travail avec ses collègues, plus préoccupés par l'audience et le tirage que par la véracité des faits. Elle a déjà été confrontée au bizango par le passé, ce qui explique son intérêt pour l'affaire.
Je parlais déjà du caractère "ordinaire" de Lorenzo Appollon, je pourrai en dire autant de Gemme et de son protecteur, le ganster Chill-O. Gemme est l'archétype même de la prostituée qui est restée pure en dépit de ce qu'elle a vécu et que plus rien ne pourra forcer à se soumettre - un personnage trop idyllique pour être vrai. Quant à Chill-O et ses sbires, ils sont entièrement négatifs : ni remords ni regrets pourraient être leur devise, s'ils savaient ce que ces mots signifient.
Reste, bien sûr, le bizango, seul personnage qui semble agir en dehors des notions de bien et de mal. Pourquoi aide-t-il Gemme ? Lui-même cherche à comprendre. Grâce à ce personnage, nous nous retrouvons plonger dans la communauté haïtienne, son folklore, ses croyances. Je dois dire que ce sont les passages que j'ai préférés dans le livre, et je ne me serai pas lassée s'ils avaient été plus nombreux.
Bizango est un roman agréable à lire, à la croisée du fantastique et du policier.