Édition J'ai Lu -
126 pages.
Mon résumé :
Jbara est une adolescente de 16 ans dans les montagnes du Maghreb. Ses journées ? Garder ses moutons. Elle est une fille, elle n'a donc aucun droit, tout ce qu'elle peut faire ou penser est haram (péché). Comme elle n'a personne à qui se confier, elle parle à Allah.
Mon avis :
Je commencerai ce billet par un avertissement : âme sensible s'abstenir. Il n'est pas question de pruderie, même si je devais en être accusée. Ce n'est pas la crudité du langage qui me choque - l'auteur différencie bien crudité et grossièreté - mais ce que véritablement ces mots racontent et recouvrent. Et le récit a été vraiment très dur à lire pour moi. Je plussoie donc : si Purge vous a semblé marquer vos limites (chacun a les siennes, loin de moi l'idée de juger), Confidences à Allah vous semblera insoutenable.
Le livre est court, il est une claque. Monologue, oui, monologue rétrospectif de Jbara qui a tant vécu et tant souffert que je me suis demandé comment il lui était encore possible de survivre après cela. Plutôt que dresser la liste de ce qu'elle a enduré (viol, prostitution...), il serait plus rapide de dire ce qu'elle n'a pas subi. Je me serai presque cru dans Pot-Bouille de Zola, que certaines scènes m'ont rappelé, tant le destin de Jbara paraît improbable, comme si une telle accumulation d'horreurs sur une seule et même jeune femme était impossible.
Elle est naïve, Jbara, au début du récit, elle est naïve et pourtant elle emploie un langage très précis, sans doute parce que ce monologue est rétrospectif et qu'elle est maintenant capable de nommer ce qu'elle a enduré, sans pour autant user de l'ironie. L'ironie, elle la réserve aux autres, aux hommes, à ceux qui jugent que tout est interdit pour les femmes. Rastignac du Maghreb (encore une comparaison avec le roman réaliste, décidément, je me raccroche à ce que je connais), Jbara se servira de ce qu'elle ne doit pas montrer pour exister et pour obtenir ce qu'elle veut. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette petite bergère est aussi une victime de la société de consommation, qui se sent mieux quand, grâce à un produit des plus banals (ou pas...), elle peut se raccrocher à une autre réalité que la sienne.
Ces petits moments ne sont même pas des moments d'apaisement. A aucun moment sa révolte ne faiblira. L'humour perce aussi parfois, bien que cela paraisse improbable dans un tel contexte. Ce n'est pas contre Allah qu'elle se révolte, il est son seul confident, elle se révolte contre les coutumes, contre ce que les hommes ont fait de la religion.
Confidences à Allah est un livre court, à lire chapitre par chapitre. Je remercie le forum Livraddict et les éditions J’ai Lu pour ce partenariat.