édition Points - 446 pages.
Mon résumé :
Linköping, ville de Suède. L'été du siècle endort la ville, les incendies ravagent les bois alentours, les pompiers sont sur les dents, et bientôt la police avec elle : une jeune fille est retrouvée nue, hagarde, dans le parc. Elle n'a aucun souvenir des violences qu'elle a subies. Peu après une autre jeune fille est portée disparue. Les deux affaires sont-elles liées ? Malin Fors enquête.
Circonstance de lecture :
Eté m'a été dédicacée hier par Mons Kallentoft au salon du livre de Saint-Maur-des-fossés. J'en ai lu cent pages hier soir. Je remercie chaleureusement la personne
qui s'est trompée de numéro cette nuit et m'a appelé à quatre heures du matin : ne pouvant me rendormir, j'ai terminé le livre.
Mon avis :
Mons Kallentoft est un auteur que j'aurai dû lire beaucoup plus tôt. Je ne compte pas le nombre de fois où Eté (en grand format, certes) m'est passé dans les mains, y compris chez le bouquiniste. J'aurai dû, maintenant, il est lu.
J'ai trouvé que le ton, déjà, était unique, différent des polars suédois que j'ai lu jusqu'à présent, avec, tout de même, des points communs avec les héros de Sjöwall et Wahlöö. En effet, les enquêteurs sont des personnages normaux, ni meilleur ni pire que la normal, avec une vie de famille comme le commun des mortels. L'enquêteur n'est pas un baroudeur solitaire qui part sans se retourner, ni un alcoolique fini, non, il est un être humain confronté aux pires horreurs et tente de tenir le coup. Certes, la vie personnelle de Malin n'est pas une réussite. Certes, elle a, comme tout enquêteur qui se respecte, une fille unique, Tove. Certes, elle a un penchant pour la téquila. Cependant, jamais ses états d'âme ne viennent prendre le pas sur l'enquête.
Autant vous le dire : elle n'est pas facile à lire, encore plus quand on est une femme, encore plus, à mon sens, si l'on a des enfants. Mons Kallentoft, à la manière d'Alice Sebold, donne la parole aux morts, de manière bien plus fine, et rend crédible ces voix d'outre-tombe qui ne peuvent plus rien faire, pas même aider les vivants, comme une touche de fantastique bien maîtrisée et surtout très émouvante.
Comme d'autres auteurs nordiques, il pointe du doigt les dysfonctionnements de cette société suédoise idéale. Les adolescents grandissent très vite, sont rapidement très autonomes. Reste à définir la frontière assez flou entre cette autonomie et l'indifférence. Après l'indifférence, nous retrouvons la maltraitance et l'abandon. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Suède. La violence faite aux femmes et aux jeunes filles est terrifiante, assourdissante comme le silence qui l'entoure, nous entraînant vers un incroyable dénouement.
Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, lisez-le sans tarder.
Défi Scandinavie noire et
blanche
Le challenge Voisins voisines organisé par Anne.