édition 10/18 - 250 pages.
Challenge Thriller organisé par Cynthia
Mon résumé :
Le commissaire Nyman a été assassiné dans sa chambre d'hôpital avec une sauvagerie inouie. Ce policier avait une manière bien à lui de faire respecter "l'ordre et la morale", s'en prenant sans pitié aux citoyens qu'il jugeait "de seconde zone". En dépit des nombreuses plaintes déposées contre lui, il est resté intouchable : les policiers sont solidaires entre eux,même au plus haut niveau. Ils sont tous mobilisés pour trouver le coupable. Il est difficile de déterminer qui a pu le haïr assez pour passer à l'acte.
Circonstance de lecture :
Insomnie du premier jour de vacances. Lu d'une traite.
Mon avis :
J'ai rarement lu un opus de Sjöwall et Wahlöö aussi noir. Martin Beck vient de passer une soirée paisible avec sa fille Ingrid, et il est appelé pour enquêter sur le meurtre de Nyman. Jamais les deux auteurs n'avaient décrit un cadavre avec autant de détails, jamais ils n'avaient montré aussi crûment l'horreur de la mort, même dans Le policier qui rit. Si le corps du policier a subi les derniers outrages, il a, de son vivant, montré une cruauté et un sadisme sans faille envers les animaux et les êtres humains. Kollberg, qu'il a formé, peut en témoigner, et il ne s'en prive pas. Un sadique, conclut avec raison Martin Beck. Un homme qui avait tellement cloisonné sa vie qu'il passait aux yeux de sa femme pour le meilleur des maris et des pères.
Enquêter passe d'abord par la lecture des plaintes contre Nyman. Elles nous sont livrées in extenso et ont provoqué chez moi un profond sentiment de malaise. Nyman n'est pas seul, ses subordonnées s'en sont donnés à coeur joie sur les plus vulnérables et se sont mutuellement protégés. Pas d'espoir de justice : aucune plainte n'a eu de suite, ce qui semble incroyable mais vrai dans un état de droit. Il y a quelque chose de pourri dans la police de Suède. La police des polices n'existe pas ici.
Nos enquêteurs (ce livre est ma sixième enquête du commissaire Beck) sont pris au dépourvu. Même Martin Beck, qui ne se fit d'habitude qu'aux preuves et aux indices, se laisse submerger par la crainte diffuse d'une catastrophe imminente. Kollberg cauchemarde. Il n'est que Larsson pour être égal à lui-même, son courage n'est jamais pris en défaut - celui de Beck et Kollberg non plus. Nous retrouvons même les inénarrables hippopotames qui ont gâché le début de l'enquête du Policier qui rit.
Rien ne sera comme avant après cette enquête car pour un policier sadique et ses disciples, c'est toute la police de Stockholm qui paie. Le prix est élevé. Le comportement de Beck et Larsson en sera d'autant plus exemplaire.
Je ne quitterai pas ainsi l'univers de Sjöwall et Wahlöö. Je vais me procurer très rapidement La chambre close.
Défi Scandinavie noire et blanche
Le challenge Voisins voisines organisé par Anne.