Edition GF -
Flammarion - p. 106 à 208.
Circonstance de lecture :
Entre deux soins à des chats malades, tout comme la rédaction de ce billet.
J'avais vu jouer cette pièce à la Comédie-Française, et la mise en scène ne m'avait guère plue, trop avant-gardiste. Par contre, je n'avais jamais lu la pièce, même avant de voir le ballet de Stuttgart interprêté le ballet éponyme de John Cranko. L'oubli est aujourd'hui réparé.
Mon résumé :
Le seigneur Batista a deux filles. La cadette, Bianca, est douce comme une colombe. L'aînée, Catharina, tient plus du porc-épic. Pourtant, il lui faut marier l'aînée avant de songer à pourvoir la cadette. Qui serait assez fou pour épouser Cathau ? Peut-être Petrucchio.
Mon avis :
La mégère apprivoisée est une farce, proche des Joyeuses commères de Windsor bien que l'action se passe en Italie. Catharina se désole de ne pas être mariée, ou plutôt fulmine de voir sa soeur sur le point d'être mariée alors qu'elle, l'aînée, ne l'est pas encore. Pourtant, elle fait fuir les prétendants, et même toute personne qui l'approche, à une vitesse confondante, que ce soit un professeur de luth ou un domestique. Elle n'hésite pas à frapper, en coulisses ou sur scène, adoptant un comportement presque masculin (la mise en scène de la Comédie-Française l'habillait même en homme). Aurait-elle voulu être un garçon ? Sans doute pas : son discours final laisse à entendre qu'elle souhaitait être l'égal d'un homme sans en avoir les responsabilités, sans non plus avoir essayé. N'est pas Viola qui veut (un de mes personnages préférés) mais la jeune héroïne de La nuit des rois n'avait guère le choix.
Connait-on vraiment cette pièce ? Je ne le pense pas. La mégère apprivoisée est avant tout une mise en abîme : un noble se joue de Sly, un mendiant, et lui fait croire que depuis quinze ans, il a perdu la raison et est en fait un aristocrate. Pour le divertire, une troupe joue cette pièce de théâtre, dans laquelle la mégère apprivoisée n'a pas une si grande place. En effet, l'intrigue entre Petrucchio et Catharina est relativement brève et simple. Le mariage est rapidement conclu (en deux actes) et le "dressage" de la belle est rapide - quelques scènes suffiront pour que son mari vienne à bout de la tigresse. Le sujet faisait beaucoup rire à l'époque, il ne m'a pas fait vraiment rire car la maltraitance de Catharina est bien réelle, et les techniques utilisées par son tortionnaire de mari n'ont guère évolué : privation de sommeil et de nourriture sont deux principes de torture inamovible. N'était ce fameux discours final, j'aimerai à croire que Catharina se soumet et n'en pense pas moins. Qui sait ?
Bianca est souvent oubliée, pourtant c'est autour d'elle que tourne l'intrigue secondaire, de loin beaucoup plus compliquée. Bianca a trois prétendants, qu'elle
accueille avec toute la soumission voulue. Pour la conquérir, ils ne vont pas hésiter à introduire un espion sur place (Batista ne cherche-t-il pas des professeurs pour instruire ses filles ?)
voir même à se travestir en maître de musique pour approcher de plus prêt la belle. Entre péripéties et quiproquo, c'est Lucentio qui emporte la main de Bianca grâce à son ingéniosité et à son
audace : il a réussi à évincer ses rivaux de belle manière. Cependant, le grand vainqueur est le tempétueux Pétrucchio : s'il a transformé Catharina, Lucentio découvre rapidement que la douce
colombe est une mégère en puissance. Il ne faut pas se fier aux apparences.
Antoni : challenge God save the livre.