édition Flammarion - 190 pages.
Mon résumé :
Une journée comme une autre dans la vie du commissaire Llob, marié, quatre enfants, sans illusion sur son métier ou sur son pays. Un coup de téléphone change pourtant la donne. Un homme l'appelle et lui dit qu'il s'apprête à en torturer puis tuer un autre. Un dingue, pense Lino, l'adjoint de Brahim Llob. Trois jours plus tard, la découverte d'un cadavre atrocement mutilé est la preuve que le dingue a mis ses menaces à exécution.
Mon avis :
J'aime infinimement l'oeuvre de Yasmina Khadra, y compris ces premiers romans noirs. La langue y est constamment riche, inventive, illustrant les désillusions du personnage principal. Dans ce volume, Llob est confronté à un tueur en série et cette enquête ferait pâlir d'horreur tous les experts du monde entier. Parce que des experts, en Algérie, il n'y en a pas, ou plutôt, des experts de la catastrophe. Même le photographe n'est pas capable de développer correctement ses pellicules ! Les systèmes d'écoute sont rudimentaires, les techniques de recherche aussi : il est si facile de se fondre dans cette ville où l'arbre dissimule la forêt.
Puisque les indices sont défaillants, le commissaire doit enquêter, et réfléchir sans se laisser duper par les apparences, dans cette société où les plus jeunes cherchent à singer le modèle américain, tandis que le quotidien du plus grand nombre est le dénuement. Je pense que la partie sur la maternité est sans doute celle qui peut davantage surprendre les gentils occidentaux que nous sommes, gavés de reportages incessants sur les maternités, et les différentes méthodes pour accueillir son bébé. A la maternité d'Alger, le quotidien pour l'équipe médical n'est pas la vie, mais la mort, au point qu'il est impossible de se souvenir d'une femme morte en couche : elles sont trop nombreuses.
Quant au dingue au bistouri... Il gardera jusqu'au bout ce surnom, qui n'a rien à envier aux meilleurs tueurs en série américains. Mais, contrairement à ses fameux
serial killer, il a un mobile, bien éloigné du "je-tue-ceux-qui-me-rappellent-une-personne-qui-m'a-fait-souffrir-et-comme-je-ne-peux-me-venger-sur-elle-je-les-tue-eux" ou
"je-tue-le-premier-qui-passe". J'ai bien dit "un mobile", en aucun cas une justification, ni aux yeux du commissaire, ni aux miens. Rien ne justifie la barbarie.