En dépit du STAR, je suis allée au cinéma hier, voir Les adieux à la reine de Benoit Jacquot. J'étais seule dans la salle, tout le monde
devait être en Palombie. Avec le recul, je me dis que j'aurai dû y être aussi.
Des experts ont beau me dire que, quand un cinéaste filme mal, c'est fait exprès et qu'il faut se demander pourquoi, là, je
n'ai pas envie de m'interroger davantage. C'est mal filmé, point. Nous passons le plus clair de notre temps à suivre les déambulations de Sidonie dans le palais de Versailles, filmée de dos,
caméra à l'épaule. Le palais est grand, Sidonie marche beaucoup pour satisfaire les désirs de la reine. Sidonie est interprétée par Léa Seydoux, formidablement mono-expressive. Lectrice de la
reine, elle ne vit que par et pour elle et ne peut envisager d'être privée de sa présence. En résumé, elle est une groupie avant l'heure.
Mal filmé, mal cadré aussi, les adieux à la reine est un film raté. Je n'ai garde d'oublier l'envahissante et inutile bande-son. En revanche, j'aurai bien aimé des dialogues un peu plus riches, et des actrices un peu plus expressives. Comme les actrices principales (Diane Kruger, Virginie Le Doyen) rivalisent d'inexpressivité avec Léa Seydoux, cela ne devait pas être si difficile. Peut-être ont-elles peur de se rider ?
Heureusement, les seconds rôles sont là pour remonter un peu le niveau, bien qu'ils soient cruellement sous-exploités. Noémie Lvovsky est une magnifique madame Campan, chacune de ses scènes était un vrai régal. Je n'ai garde d'oublier Dominique Reymond (madame de Rochereuil) ou Anne Benoît (Rose Bertin), toutes deux excellentes. Par contre, d'autres choix de casting sont discutables (Louis XVI par Xavier Beauvois ne restera pas dans les anales).
Reste le personnage central du film, celui pour lequel je suis allée le voir : Marie-Antoinette. Elle est montrée au début du film particulièrement enjouée, ayant fortement envie de s'amuser. Soit. Nous la découvrons ensuite en représentation pour la Cour, au côté du roi, puis en privé, essayant de le fléchir. Nous la découvrons versatile, voulant être obéie le plus rapidement possible (n'est-elle pas la reine ?). Nous la découvrons éperdument amoureuse de Gabrielle de Polignac, la froideur incarnée dans ce film (elle ne survivra pourtant que deux mois à Marie-Antoinette, mourant en décembre 1793). Nous la découvrons, à l'extrême fin du film, mère. A aucun moment, il n'est fait mention de son fils Louis, mort un mois plus tôt - pourtant toutes les biographies que j'ai lu s'accorde sur son immense douleur. Par contre, son goût pour les robes, les broderies, les pierres précieuses est omniprésent.
Si vous souhaitez voir ce film, dépêchez-vous : s'il a autant de succès dans d'autres villes qu'à Rouen, il ne sera bientôt plus à l'affiche.