édition
GF-Flammarion - 300 pages.
Circonstance de lecture :
Je n'avais pas lu d'oeuvre de Diderot depuis la fin de mes études universitaires. J'avais très envie de lire les bijoux indiscrets depuis des années. Grâce au challenge d'Ys, c'est aujourd'hui chose faite.
Mon résumé :
Dans l'empire du Congo, le sultan Mogogul s'ennuie. La favorite lui suggère donc d'aller voir le génie Cucufa. Celui-ci confectionne une bague qui permet de
connaître les secrets des femmes de la cour.
Mon avis :
Le mot qui me vient à l'esprit est "foisonnant". Ce livre a plusieurs niveaux de lectures. Il est avant tout un roman libertin, à la manière de Crébillon. Il faut en effet être très naïf pour ne pas deviner la véritable nature des bijoux - et les aventures racontées sont toutes plus scabreuses les unes que les autres.
Profondément misogyne ? Oui et non. Oui, car il démontre qu'aucune femme n'est ce qu'elle paraît être. Les prudes ? Des hypocrites. Les veuves ? La pension qu'elles espèrent toucher à la mort de leur mari est leur seule vertu. Les coquettes ? Si elles ne sont pas outrageusement dépensières, elles ont presque la sympathie des protagonistes principaux.
Non, car ce n'est pas un simple ouvrage libertin et bien avant le Supplément au voyage de Bougainville, Diderot en avait des choses à dire, et des coutumes à
remettre en cause.La Tartufferie ne s'est pas éteinte avec le 17e siècle, les questions théologiques passionnent, le jeu ruine, non seulement les familles mais aussi les états, les sectes de tout
bord pullulent et à travers leurs querelles, ce sont d'autres querelles qui sont visées. Rien de mieux que de situer l'action dans une contrée imaginaire, mais qui comporte tant de points communs
avec la nôtre (depuis quand le bois de Boulogne est-il au Congo ou les sultans vont au théâtre ?) pour mieux critiquer ses contemporains, et prendre le moins de risques possibles. Diderot sera
emprisonné à Vincennes l'année suivant, pour une autre oeuvre : on n'est jamais trop prudent.
Bien sûr, le roman reste avant tout leste, et il n'est pas percutant comme les Lettres persanes, la satire n'est pas aussi aiguisé que dans Zadig de Voltaire mais quitte à lire de la littérature érotique, autant qu'elle soit bien écrite et qu'elle ne soit pas que de la littérature érotique.
Un classique par mois organisé par Cécile