édition de l'Olivier - 190 pages.
Mon résumé :
Saint-Lunaire. Noé, le patriarche, fête son anniversaire. Sa famille vient le rejoindre. Il y a Achille, né d'un premier mariage, et ses triplés, Léna, malheureuse auprès de son mari Vincent, mère de deux enfants qui, d'après elle, lui mène la vie dure, Merlin, le fils cadet, qui a confié sa fille Scarlett à ses parents Noé et Marianne dix ans plus tôt car il ne parvenait pas à s'en occuper, Stella, la petite dernière, homosexuelle, et son amie Charlotte. Il y a aussi un événement dont personne ne parle : la mort de Violette, trente ans plus tôt, née entre Léna et Merlin.
Mon avis :
Je l'ai lu dimanche soir, d'une traite, juste après avoir refermé un polar finlandais. J'ai adoré ce roman, même s'il est vrai que j'aurai aimé en savoir plus sur certains personnages. Voilà pour le petit bémol que je porte à ce roman, il sera le seul.
J'ai énormément aimé (n'était le bémol, je mettrai "adoré") ce roman qui sonne juste tant du point de vue de l'écriture que de la caractérisation des personnages.
Famille recomposée ? Pas tant que cela. Certes, Noé a divorcé de sa première femme, que nous qualifierions de nos jours de psycho-rigide (puritaine, au sens strict du terme, n'est pas mal non plus) mais Marianne, sa seconde épouse, n'a pas amené d'enfants dans la corbeille des noces : juste deux frères irresponsables et une mère distante, qui n'apparaissent qu'en pointillés, avant de disparaître définitivement à la suite de la tragédie qui les a frappés trente ans plus tôt.
De cette tragédie, qui est la morte accidentelle de leur seconde fille, Noé et Marianne ne parlent pas. Pourtant, ils ne sont pas un couple qui ne communiquent pas,
je dirai même qu'ils sont un couple exemplaire dans le sens qu'il a survécu aux tourments endurés. Non, c'est simplement que lorsque Marianne commence à en parler, c'est pour dresser la longue
liste des reproches qu'elle s'adresse. Elle ne parle pas de la mort de Violette, elle explose de douleurs, et la mort de Violette est un argument sans appel face à certaines
situations.
Ne pas être responsable de la mort de sa fille n'a strictement rien à voir avec le fait de se sentir coupable, d'autant plus que la vie a continué, presque malgré eux : Stella est née un an après la mort de sa soeur (déni de grossesse familial - Noé, médecin, n'a rien vu) et Marianne a eu beaucoup de mal à s'occuper de cette enfant, qui lui rappelait tant son enfant défunte.
Comment se construire autour du deuil et des non-dits ? Mal ? La seule qui vit presque bien est Scarlett, en dépit de la défection (désaffection ?) de ses parents. Et pourtant, c'est elle qui a véritablement grandi avec le fantôme de Violette. Et même si son prénom a été choisi par sa mère en référence à Autant en emporte le vent, Scarlett rime avec Violette, Scarlett, qui avait l'âge de Violette morte quand elle a été confiée à ses grands-parents. Les autres ... Achille reproduit le schéma paternel, Léna étouffe dans ses habits de mère parfaite, exacte opposée de sa mère, Merlin est en éternelle errance et Stella...Je laisse le mot de la fin à Marianne :
"ça ne servait à rien de remuer tout ça. Violette était Violette et elle était morte. Stella était Stella et elle était vivante, et elle avait besoin d'elle".
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