Edition
Sabine Wespierger - 190 pages.
Mon avis :
Autant élucider tout de suite une énigme : Nina s’appelle ainsi « par hasard », sa mère, Suzy, n’a pas d’explication à lui donner à ce sujet. Si j’ai choisi ce livre, vous vous doutez sans doute que le hasard n’y est pour rien.
Nina vit à Roubaix, pas par choix, mais parce que sa mère Suzy s’y est établie après avoir quitté son mari, le père de Nina. Elle est retournée dans la région de son enfance, en quelque sorte, grâce à Louise, son amie, qui lui a trouvé du travail dans l’une des dernières filatures de Roubaix. Des hommes traverseront la vie de Suzy, surtout Ricco. Cet homme, elle « l’a dans la peau », expression que Nina, encore enfant, ne comprend pas. Ce qu’elle comprend, en revanche, c’est qu’elle n’est qu’une « miette » dans la vie de sa mère, qui donnera toujours plus d’importance à ses amours qu’à sa fille. Aujourd’hui, Nina a touché son premier salaire de coiffeuse. Elle cherche un cadeau pour les 41 ans de sa mère, un cadeau qui lui fasse oublier son désastreux dernier anniversaire, la grève, les menaces de licenciement, la solitude.
Quatre jours suffisent pour bouleverser la vie de Nina. Quatre jours et une heure. Elle nous raconte la vie quotidienne qui s'oriente autour d'un point fixe : l'usine. En semaine, les femmes y travaillent et subissent les agissements de leur chef, monsieur Legendre. Dès le matin, elles ne pensent qu'au moment où elles partiront. Le soir, elles accomplissent les mêmes gestes routiniers, échangeant des confidences, tissant ainsi des liens socio-affectifs.
Nina se sent encore mise à l'écart, elle les observe mais ne veut pas vivre comme elles. pendant ces quatre jours (dont le quatrième de couverture nous révèle trop), elle revit les événements marquants de sa jeunesse, rythmée par les rencontres amoureuses de sa mère. Chaque fin de chapitre se termine par un court texte en italique, nous éclairant sur l'heure que Nina a passée chez monsieur Desplat, le directeur de l'usine et sur ses rêves, ses aspirations. Si elle s'appelle Nina "par hasard", elle s'identifie beaucoup à la Nina de la Mouette, qui rêve de devenir comédienne.
La fluidité du style de Michèle Lesbre
rend particulièrement lisible ce roman que j'ai lu d'une traite. Pourtant, elle montre bien la grisaille, l'abandon progressif de la ville, la peur quotidienne du chômage et du lendemain, la
facilité avec laquelle un destin peut basculer. Ce livre était dans ma PAL depuis un an, je crois vraiment que j'ai choisi le bon moment pour le lire. De par son auteur et son sujet, c'est
tout naturellement que j'inscris aussi ce livre au défi la plume au féminin