édition Belfond
-300 pages.
Mon résumé :
Guillaume est architecte, sa vie professionnelle est une réussite : lui et son équipe planche sur un très gros projet. Pourtant, quand son frère jumeau Robin l'appelle parce qu'il a besoin de lui, Guillaume n'hésite pas et part en Bourgogne aider son frère. Robin est atteint d'un cancer, et il n'a plus la force de gérer le vignoble alors que les vendanges approchent et que sa femme Laurence, son plus grand soutien, est sur le point de donner naissance à leur premier enfant.
Challenge douce France par Evy
Circonstance d'écriture :
J'ai lu ce roman pendant le STAR, j'étais persuadée, si ce n'est d'avoir publié l'article, du moins d'avoir rédigé un brouillon. Ce n'était pas le cas. Cet oubli
est réparé (en espérant qu'OB ne bugue pas aujourd'hui).
Mon avis :
La famille est au centre des romans de Françoise Bourdin. Ici, nos deux héros sont des jumeaux, et déjà, je sais gré à l'auteur d'avoir évité les clichés liés à la gémellité : non, les jumeaux ne sont pas forcés de se détester, non, les jumeaux ne sont pas identiques ou interchangeables. Guilaumme et Robin ont des goûts différents, des parcours professionnels et personnels différents et souvent semés d'embûches. Leur individualité très marquée est sans doute partie prenante dans leur attachement : ils sont Guillaume ET Robin, et non "les jumeaux".
Paradoxalement, je trouve que Robin a beaucoup de chance, bien qu'il soit atteint d'un cancer. Il est soutenu par les siens, tous les malades n'ont pas ce bonheur. Oui, la maladie est là, le traitement aussi, les moments d'inespoir et de désespérance également. Sont là aussi tous ceux qui soutiennent Robin, qui ne baissent jamais les bras, même quand lui est à deux doigts de craquer. (Note : et pourquoi ne pas craquer ? La désespérance, quoi qu'on dise, n'a jamais empêché la guérison tant que le traitement est suivi).
Bien sûr, on pourrait arguer que la situation financière de Guillaume lui permet de s'en aller d'aider son frère sans trop de soucis. Mouais. Je répondrai que rien ne l'obligeait à ne pas se jeter à corps perdu dans le travail pour ne pas voir la dégradation du corps de son frère. Rien ne l'empêchait de se concentrer sur le désastre de sa vie sentimentale. Le cancer de Robin force les siens à regarder leur vie en face et à redéfinir leur priorité, pour ceux du moins qui ne parvenaient pas à voir clair dans leur vie, comme Guillaume.
La maladie force à faire le tri : ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Au cours de ses trois cents pages de récit, les personnages vont droit à l'essentiel, quitte à laisser sur le chemin les compagnes futiles des jours passés. Même en ce qui concerne le travail de la vigne, auquel s'initie Guillaume, nous n'aurons pas de digression pesante ou d'explication redondante : le lecteur est invité à ressentir ce que vivent tous les jours ceux qui travaillent dans le vignoble.
J'ai gardé mon personnage préféré pour la fin : la superbe top-model futile, totalement dépassé par les événements qu'elle a provoqués (reconquérir le père en le trompant avec le fils, il fallait y penser, non ?). Je la plains, parce qu'elle se retrouve seule avec sa vacuité, son incapacité à aimer et à se faire aimer. Il n'est pas de remède pour cela.