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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 21:42

41MHQDM9KYL._SL500_AA300_.jpgédition 10/18 - 262 pages.

 

Mon résumé :

 

Manfred est un vieil homme. Il souffre, et sa douleur est sa compagne. Depuis vingt ans, il rencontre sa femme (ils ne sont pas divorcés) une fois par mois, sur un banc, à Hyde Park. Il n'a pas le droit de voir son visage. Emma l'a quitté un jour, parce qu'il l'avait battue plus fort que d'habitude. Pourquoi battre la femme que l'on aime ?

 

Défi les douze d'Ys

  2012

 

Mon avis :

 

Depuis combien d'années n'ai-je pas lu de romans de Robert McLiam Wilson ? Trop. J'avais sans doute aussi peur d'être déçue, après avoir adoré Eureka Street. Bien au contraire, ce roman est tout aussi réussi, et qui plus est, il parle de plusieurs thèmes difficiles.

Il parle, il raconte, il ne juge pas, mais en aucun cas il ne justifie les actes de Manfred. Toute l'histoire est raconté de son point de vue, les chapitres alternent entre le présent morose de Manfred, et les retours en arrière. Après une enfance et une adolescence pendant lesquels il est témoin de la mésentante de ses parents, des échecs de son père et de la montée de l'antisémitisme, Manfred subit l'épreuve de la guerre et devient témoin des pires choses dont l'être humain est capable. Il ne sait pas que d'autres vivent pire encore, en Europe.

Il se marie, il devient père, mais comme il a été incapable d'aimer réellement ses parents et ses frères, il est incapable d'aimer sa femme, de lui montrer, et les coups pleuvent. McLiam Wilson ne nous fait pas de cadeaux - et pourquoi en ferait-il ? - et s'étend longuement sur les conséquences physiques de ses coups. Les plaies, les meurtrissures, les hématomes, les cassures jalonnent le corps d'Emma. Son silence effarant est sa dignité.

J'aimerai en dire plus sur les causes de ce silence, sur les conséquences aussi de sa parole, je ne voudrai surtout pas gâcher votre lecture en en dévoilant trop.

Je dirai simplement : âme sensible, préparez-vous au pire de ce que l'homme peut offrir.

 

 

Challenge-irlandais

Challenge de littérature irlandaise    

Le challenge Voisins voisines organisé par Anne.Logo-Voisins-Voisines-Calibri-noir-cadre-blanc


 


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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 08:28

Trois-lumieres.jpgEdition Sabine Wespieser - 100 pages.

 

Merci à Leiloona d'avoir fait voyager ce livre jusqu'à moi.

 

Quatrième de couverture (extraits) :

 

Par une radieuse journée d'été, un père emmène sa fillette dans une ferme du Wexford, au fond de l'Irlande rurale. Le séjour chez les Kinsella semble devoir durer. La mère est à nouveau enceinte, et elle a fort à faire. Son mari semble plutôt désinvolte : il oublie le bagage de la gamine dans le coffre de la voiture en partant. Au fil des jours, la jeune narratrice apprivoise cet endroit singulier. Livrée à elle-même au milieu d'adultes qui ne la traitent pas comme une enfant, elle apprend à connaître, au gré des veillées, des parties de cartes et des travaux quotidiens, ce couple de fermiers taciturnes qui l'entourent de leur bienveillance.

 

Mon avis :

 

Trois lumières est un très beau roman de Claire Keegan, tout en douceur et en retenu. Je n'ai pas envie de raconter cette histoire, ou de faire des révélations au sujet de l'intrigue, car tout le texte est nourri par une extrême pudeur. Certes, il est des personnes qui sont indiscrètes mais, comme le dit Edna Kinsella, d'autres ne disent que ce qu'elles ont à dire, rien de plus.

John, Edna et la toute jeune narratrice sont de ceux-là. Cette dernière a beau être toute jeune, il est des choses qu'elle comprend sans qu'il soit besoin qu'on le lui dise. Ainsi, en observant la douceur de la vie de famille auprès des Kinsella, elle comprend qu'elle a été négligée par ses parents. La vie qu'elle mène auprès des Kinsella est pourtant simple, mais c'est aussi ce que nous raconte ce livre : retrouver les plaisirs les plus simples, surtout quand, comme notre héroïne, on ne les a jamais connus. En arrière-plan, la situation en Irlande est évoquée, notamment celle des grévistes de la faim.

Ce roman est à lire et à relire, à savourer sans fin. La fin est ouverte, extrêmement émouvante, elle laisse espérer beaucoup pour notre héroïne.

 

 

Challenge-irlandais

Challenge de littérature irlandaise    

Le challenge Voisins voisines organisé par Anne.Logo-Voisins-Voisines-Calibri-noir-cadre-blanc


 


 

 

 

 

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 19:58

Hivers.jpgPetite bibliothèques Payot- Rivages - 91 pages.

 

Quatrième de couverture :

 

Enfant unique de parents anglo-irlandais, Elizabeth Bowen naquit à Dublin en juin 1899. Ce livre qu’elle publia en 1942 raconte ses sept premiers hivers dans cette ville. L’auteur évoque avec une franchise délicieuse sa famille et la vie quotidienne au 15, Herbert Place : la nursery baignée par les reflets du canal, les gouvernantes, les boutiques d’Upper Baggot Street et de Grafton Street les cours de danse et les jours de fêtes.

 

Challenge-irlandaisChallenge de littérature irlandaise

 

 

 

 

Mon avis : 

 

Ce livre a beau être court, découpé en plusieurs chapitres tout aussi court, j'ai eu beaucoup de mal à le terminer. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il est ennuyeux, ce serait sans doute exagéré, je dirai que comme la saison dont il porte le nom, il est froid. Elizabeth Bowen a beau nous raconter son enfance, décrire sa nursery, ses promenades avec ses nurses, ses quelques visites dans des boutiques soigneusement choisies, son éveil aux mots et à la lecture, je m'attendais à plus de sensibilité. Cette froideur est-elle dû à son éducation ? Je ressens un manque cruel de communication, des regrêts aussi. Elizabeth écrirait-elle pour dire tout ce qu'elle n'a pu dire ni à son père ni à sa mère ? Cette oeuvre suscite beaucoup de questions, et peu de réponses.


Elizabeth Bowen est anglo-irlandaise, et elle affirme cette identité dans cette oeuvre, elle qui ne vivait que l'hiver à Dublin et quitta cette ville à l'âge de sept ans. Bien sûr, elle décrit Dublin aussi, et il est difficile d'apprécier ses descriptions puisque je ne connais pas du tout la ville, mais pas vraiment à hauteur d'enfant, plutôt avec le recul de l'écrivain qu'elle est devenue, tout comme elle juge les différentes nurses qui se sont occupées d'elle. Elle parle aussi (j'ai envie de dire bien sûr) de ses parents et de sa naissance, des faits qu'elle n'a dû connaitre que plus tardivement, comme la difficulté qu'avait sa mère à s'occuper d'elle (Elizabeth Bowen a perdu sa mère à l'âge de 14 ans).

 

Peut-être serez-vous tenté(e) par ce livre. Je n'ai pas envie d'en dire plus, car j'ai beau l'avoir refermé hier seulement, son souvenir s'estompe déjà.

 


Challenge des quatre saisons

challengeQuatreSaisons

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 11:43

Saisons.jpgéditions Belfond - 300 pages.

 

Circonstance de lecture :

 

Dans l'ordre chronologique, j'ai lu ce roman avant Mort à Harvard d'Amanda Cross . Les visions données de la ville de New York dans ces deux billets sont si opposées que j'ai voulu que les deux billets se suivent.

 

Mon avis :

 

Dans Mort à Harvard, New York est une ville magnifique, où il fait bon vivre. Une ville "propre" et soignée. Les saisons de la nuit montre l'envers du décor.

Ce livre ne s'apprivoise pas facilement, parce qu'il renvoie à l'histoire méconnue des laissés-pour-compe de Manhattan. Ceux qui ont permis que Manhattan existe, les ouvriers, comme Nathan, qui ont construit le métro ou, plus proche de nous, Treefog, SDF qui vit, comme beaucoup de gens (à mon grand étonnement) dans le sous-sol déserté de la ville.

Du riche univers new yorkais, nous ne saurons pas grand chose - quelle importance ? Tant d'auteurs en ont parlé, parfois de façon fort clinquante, que nous avons tous ces images àl'esprit, sans parler des très nombreuses séries télévisées qui s'y déroule. L'apprêté de l'écriture de Colum Mc Cann est telle que j'ai souvent pensé à Toni Morrisson.

Le récit est découpé en deux instrigues parallèles un chapitre sur deux est consacré à une histoire. Pour qualifier Nathan Walker et Treefog, je n'ai pas envie d'utiliser le terme d'anti-héros, car il signifierait qu'ils sont antipathiques ou remplis de défauts. Ils ont bien plus de courage à mener leur vie que d'autres à la leur gâcher en permanence.

Les saisons de la nuit est l'histoire de tous ces immigrés qui tentent de s'intégrer dans le melting pot américain. La bétise des préjugés (y compris chez des personnes qui enseignent l'amour du prochain) préterait presque à sourire n'étaient les souffrances qu'endurent Nathan, Eleonora et Clarence à cause de cette bétise.

Les saisons de la nuit est une fresque sublime.

Sur ce livre, je vous invite à lire le billet de Mimi, pour qui ce roman a été un vrai coup de coeur.

 

 

 challenge-ny-12 Challenge New York 2012 par Emily

Challenge-irlandaisChallenge de littérature irlandaise

challengeQuatreSaisonsChallenge quatre saisons

Logo-Voisins-Voisines-Calibri-noir-cadre-blanc.jpgChallenge voisins voisines 2012

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 14:33

Noel.gifédition 10/18 - 255 pages.

 

Mon avis :

 

Challenge NoëlPour commencer, je dirai que Noël en famille n'est pas une traduction fidèle du titre, il donne même une orientation sirupeuse à un récit qui ne l'est pas : la célébration de Noël prendre une tournure inattendue, et la famille est plutôt biscornue.

 

J'ai toujours du mal avec les romans de Jennifer Johnston mais je dois dire que j'ai trouvé celui-ci relativement accessible, en dépit de relations familiales tortueuses. Henry a survéci à un grave accident de voiture. Sa seconde femme Charlotte, qui conduisait, a-t-elle voulu le tuer ? Elle avait une solide raison de lui en vouloir, certes, mais elle n'est pas non plus innocente dans le conflit amoureux dont Henry est le centre.


Son ex-femme Stéphanie est à son chevet car il n'a qu'elle - son fils est fâché avec lui, sa fille est mineure. Elle est brute de décoffrage - même avec ses propres enfants et ce qu'elle dit n'est pas toujours agréable à entendre. J'ai beaucoup aimé sa dureté - ce n'est pas parce que son ex-mari est veut qu'elle envisage de faire à nouveau partie de sa vie. Elle a le sens du devoir, pas celui du mélodrame. En découvrant ce personnage, j'ai irrésistiblement pensé au personnage de Katharine Hepburn dans Devine qui vient dîner ? Elle aussi est très tolérante tant que cela concerne les autres. Quand cela vous tombe dessus, c'est plus difficile. Non, son fils ne s'est pas mis en ménage avec une jeune fille de couleur, il est homosexuel et vient d'emménager avec Brandon, son petit ami, qui se chargera de mettre Stéphanie en face de ses contradictions.

 

Pourquoi Henry est-il l'objet de tous les désirs ? Il n'est pourtant pas irrésistible, c'est juste que sa vie amoureuse souffre de ralentissements et de brusques accélérations. J'accorde une mention spéciale à Jérémy, à qui je dédierai volontiers une chanson de Jacques Brel (Beau et con à la fois). N'étais la tragédie (il vient de perdre sa soeur), ce personnage m'aurait presque fait rire. 

 

Je n'ai garde d'oublier Tash. Personnage fantasque, peintre boulimique, elle est l'exemple même de ses femmes qui ont eu des enfants parce qu'il le fallait et qui se révèle une mère intermittente et dominatrice, sermonnant parfois son fils comme un petit garçon (qu'il est encore par certains côtés). Dès qu'elle apparaît, elle devient le centre de la scène, bousculant tout sur son passage. Et si c'était elle, la véritable héroïne de ce roman ?

 

J'inscris ce livre au Challenge de littérature irlandaise au Challenge La Magie de Noël et au Challenge ABC.


 




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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 08:29

Fanu.jpgéditions mille et une nuits n° 406 - 77 pages.

 

Quatrième de couverture :

 

Lady Margaret est une jeune fille orpheline de mère. A la mort de son père fortuné, elle est placée chez son oncle et tuteur, le sinistre sir Arthur Tyrell, qui a une réputation de meurtrier. A son arrivée dans sa nouvelle demeure, retirée, elle se lie immédiatement d'amitié avec sa cousine Emily. En revanche, elle nce cessera de nourrir méfiance et répulsion à l'égard de son cousin Edward, individu détestable qui cherche à la contraindre au mariage. Elle soupçonne qu'on en veut à son héritage. On veut la tuer.

 

Challenge-irlandais

 

Mon avis :

 

Je me suis replongée dans la littérature irlandaise avec cette nouvelle de Le Fanu, que je connaissais simplement comme étant l'auteur de Carmilla. Dès le début du récit, nous savons déjà l'issue. En effet, le texte se présente comme la transcription (par qui ? Le mystère n'est pas levé) du récit rétrospectif de la jeunesse de la comtesse D*. Restent à savoir comment les événements se sont déroulés.

 

Ce qui me frappe d'abord est l'absence de mère. Margaret n'a aucun souvenir de la sienne, celle d'Emily est décédée également. Les deux jeunes filles sont donc livrées à la merci des hommes, qu'ils soient leur père, leur oncle ou leur frère. Je n'éprouve guère de sympathie pour le père de Margaret. Sa piété, son sens du devoir, sa volonté de préserver son nom sont causes de la tragédie qui suivra. Margaret semble toujours vouloir dédouaner son père, sa douceur ne fait que renforcer l'incroyable aveuglement de celui-ci.

 

Margaret est isolée, toujours, durant son enfance, puis pendant l'année qu'elle passera chez son oncle - cette volonté de se tenir à l'écart du monde est un trait commun aux deux hommes. Qui dit isolement dit aussi enfermement. Margaret ne quitte la demeure de son enfance que pour être enfermée dans le domaine de Carrickleigh, à la merci du plan très bien conçu de son oncle et de son cousin. Les seuls issues qui s'offrent à elle sont le mariage avec son cousin ou la mort - ou bien le mariage puis la mort.

 

Sauf que la foi de Margaret la sauvera - mais elle n'épargnera pas son innocente cousine. Serait-ce une volonté de Le Fanu, d'opposer le discours religieux hypocrite et efficace d'Arthur Tyrell contre la foi sincère et la volonté de rester sans tache de Margaret ? Quel serait alors le crime d'Emily, avoir été droguée par son père - ou avoir trop aimé sa jolie cousine, dont elle n'hésite pas à partager le lit, préfigurant ainsi Carmilla ?

 

Des zones d'ombre subsistent donc, et assure la complicité avec le lecteur qui sait comment se sont terminées les vies d'Arthur et d'Edward. Plus qu'une nouvelle fantastique, Comment ma cousine a été assasinée m'a fait penser à un conte de fée qui aurait mal tourné. Si j'en crois la postface, il réutilisera le thème de cette nouvelle treize ans plus tard, dans Uncle Silas.

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 09:36

Best love Rosie

 

Titre : Best Love Rosie.

Auteur : Nuoala O'Faolain.

Editeur ; 10/18.

Nombre de pages : 445.

 

Circonstances de lecture :

 

J'ai inscrit ce livre à plusieurs challenges (d'où les petits logos en bas de l'article) et je l'ai lu au cours d'une lecture commune avec Anne (des mots et des notes), Anne (De poche en poche), Valou et Véro.

 

Quatrième de couverture :

 

Après avoir vécu et travaillé loin de chez elle, Rosie décide qu'il est temps de rentrer à Dublin, pour s'occuper de Min, la vieille tante qui l'a élevée. Mais "il faut du temps pour revenir quelque part...." et les retrouvailles tournent vite au vinaigre. Bientôt, Rosie voit se creuser le fossé qui la sépare de l'infatigable Min, galvanisée par sa découverte de l'Amérique. Et tandis que l'une se réveille de sa torpeur, l'autre se voit rattrapée par la mélancolie...

 

Mon avis :

 

J'ai envie de dire "livre lu au mauvais moment", donc livre qui sera relu, un jour, car j'ai vraiment l'impression de ne pas avoir su profiter suffisamment de cette oeuvre. Parce que ce livre prend son temps, justement, et que moi, j'en manque terriblement en ce moment.

L'auteur prend le temps de poser son intrigue, de nous montrer Dublin, de nous présenter ses personnages. Ce livre m'a fait penser à Plates coutures de Rosalie Ham  l'appreté et la haine en moins. Car Rosie a réussi sa vie - officiellement - et revient de son plein gré dans sa ville natale, pour s'occuper de sa peu raisonnable tante. Elle a mené une très belle carrière qui l'a menée aux quatre coins du monde. Certes, sa relation avec son amant n'est pas radieuse. Certes, elle n'a pas d'enfants, et n'en a jamais voulu - tout comme ses amies. Aucune d'entre elles n'a véritablement vécu de grandes histoires d'amour, à la différence de la mère de Rosie, qu'elle n'a pas connue. Du coup, le roman m'a paru, en dépit de l'énergie de Rosie, tout en demi-teinte, avec, en plus, le poids de la religion, des traditions, et pafois, une certaine résignation.

A relire donc, pour moi.  

 

challengeabccritiques1                Objectif                    Femmes-du-monde3-jpg Challenge-irlandais

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 09:35

lieux-infideles-tana-french-L-vrszXq.jpg

Titre : Les lieux infidèles.  

Auteur :Tana French

Editeur :Calmann-Levy

Nombre de pages : 433.



Merci à BOB et aux éditions Calmann-Lévy pour ce partenariat.

 

1blogobook, marque page des blogeurs

 

 Quatrième de couverture :  

 

L’existence de Franck Mackey bascula par une nuit de décembre 1983. Il avait dix-neuf ans et attendait Rosie Daly au bout de sa rue, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L’air été froid comme du verre, chargé d’un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guiness. Ils avaient prévu de fuir ensemble leur quartier natal dublinois, pour vivre d’amour et de musique à Londres. Mais cette nui-tlà, Franck patienta en vain. Rosie ne le rejoignit pas.

 

Vingt-deux ans plus tard, devenu flic spécialisé dans les missions d’infiltration, Franck vit toujours à Dublin. Il a coupé les ponts avec sa famille et n’a jamais eu de nouvelles de son premier amour. Puis, un jour, sa sœur l’appelle, affolée : on a retrouvé la valise de Rosie dans un immeuble désaffecté de Faithfull Place. Forcé de revenir chez les siens, Franck revisite son passé, ses blessures de jeunesse, et toutes ses certitudes : Rosie est-elle jamais partie ?

 

Mon avis :

 

J'ai beaucoup de mal à rédiger mon avis (je peux même dire que j'ai sacrément lambiné pour l'écrire) parce que j'ai adoré ce roman, tout simplement. Certes, je suis passionnée par la littérature irlandaise, mais cela n'explique pas tout.

 

L'écriture est remarquable. Le style est fluide, les descriptions sont sobres, les mots sonnent justes pour restituer une atmosphère, une époque. Les dialogues sont très nombreux, et campent un personnage plus sûrement qu'un long portrait moral. Ils sonnent juste, car l'oralité est vraiment respectée.

 

Le narrateur est Francis Mackey, dit Franck, sergent inspecteur, infiltré. Il a coupé depuis vingt ans tout contact avec sa famille, sauf avec sa petite soeur Jackie. il a construit sa vie, loin d'eux. Seulement, un événement remet en cause la certitude avec laquelle il vivait depuis vingt ans : Rosie, son grand amour, ne l'avait pas sans doute pas abandonné. Elle n'a pas accompli seule le rêve inavoué de chacun : quitter l'Irlande.

 

Personne n'y est parvenu. Dans le quartier des Liverties,  l'avenir est déjà tracé : tenter de trouver un emploi (vingt demandes pour un poste), boire (beaucoup), se marier ou pas, avoir des enfants, bref, reproduire la vie de ses parents, sans aucune variation et parfois même dans la maison où ils ont vécu est le lot de tous. Franck n'est pas parti très loin, mais il a eu le cran de partir, quand même. Il a doublement trahi puisqu'il est devenu policier et qu'il est divorcé. Le poids de la religion catholique est encore considérable dans ce pays, où une mort accidentelle vaut mieux qu'un suicide, et où les grossesses adolescentes sont nombreuses car l'avortement est interdit. Que dire aussi du poids des traditions ? Une seule faute, qui semble bien légère de nos jours, suffit à briser une vie, et aussi celle de ses descendants. Franck découvre ainsi des secrets de famille qui expliquent en partie ce qui s'est passé vingt-deux ans plus tôt.

 

Bien que père d'une petite fille de neuf ans, Franck est un homme seul, absolument. Policier endurci, chevronné, il raconte l'enquête avec détachement, comme s'il enseignait ses méthodes et non comme s'il était impliqué personnellement dans l'enquête. Il est à la fois acteur et spectateur de ce qu'il accomplit. Il est prêt à (presque) tout pour confondre le coupable : charme, ruse, manipulation, violence. La légalité et lui ne font pas bon ménage, le respect de la hiérarchie non plus. Franck Mackey est un justicier solitaire à l'ancienne. Cela tombe bien ; son chef n'est pas contre. Il adopte souvent un ton cynique qui n'est pas dépourvu d'humour. Il faut dire que Franck adore les duels verbaux. Il serait faux d'y voir une banale joute verbale. Il s'agit d'un interrogatoire très maîtrisé : Franck parvient toujours à ses fins, peu importe la personne qui se trouve en face de lui.

 

Le coupable ? Bien sûr, il le démasque.  Sa personnalité est tout aussi complexe que celle de Franck, je regrette juste de ne pas avoir été plus surprise par son identité. 

 

Je vais me plonger d'un peu plus près dans l'oeuvre de Tana French.

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 16:23

 

 

stoker_la_dame_au_linceul_babel181.jpgTitre : La dame au linceul.

Auteur : Bram Stoker.

Editeur : Babel.

Nombre de pages : 180

 

 

Quatrième de couverture:

 

 " Là, sur la terrasse, dans la clarté lunaire maintenant plus intense, se tenait une femme vêtue d'un linceul trempé qui ruisselait sur le marbre, faisant une flaque qui s'écoulait lentement sur les marches mouillées. Son attitude et sa mise, les circonstances de notre rencontre, me donnèrent aussitôt à penser, même si elle se mouvait et parlait, qu'elle était morte. Elle était jeune et très belle, mais pâle, de la pâleur éteinte et grise des cadavres. "

 

Extrait du journal de Rupert Sent Leger, cette scène - dans la pure tradition du genre - donne bien le ton de cet admirable roman gothique où s'entrelacent lettres, billets, fragments de journal intime et notes pour raconter les aventures étranges et inquiétantes d'un jeune homme sans le sou devenu du jour au lendemain châtelain dans les Balkans...

Mon avis :

 

J'adore Dracula, au point de le faire étudier à mes élèves. Aussi, j'ai été ravie de découvrir ce roman de Bram Stoker.

J'ai adoré l'introduction de ce roman. Il est particulièrement audacieux d'avoir choisi un premier narrateur imbu de sa personne, méprisant tout être qui n'est ni riche, ni bien né. Aussi, bien qu'il dresse un portrait péjoratif de son cousin Rupert, Ernest a réussi à me le rendre éminemment sympathique avant même qu'il apparaisse dans le récit. Le premier extrait du journal de Ruppert a confirmé mon intuition.

 

Les personnages sont peu nombreux, l'intrigue est donc étroitement resserrée. La première apparition de la dame au linceul reprend tous les codes du fantastique : perception brouillée (il fait nuit), lieu mystérieux (Rupert a hérité d'un chateau isolé, dans un pays qui ne l'est pas moins), personnage glacée, comme si elle était morte. De plus, Rupert est le seul à la voir, personne ne peut confirmer son témoignage, forcément subjectif, et ce n'est pas le rêve prémonitoire de sa tante qui va rassurer le lecteur. Pourtant, Rupert garde toute sa lucidité. S'il admet l'existence de l'apparition, ce qui nous fait quasiment basculer dans le genre merveilleux, il analyse avec soin ce qu'il a vu et ce qu'il a ressenti. S'il perd la raison, c'est un cause d'un sentiment bien connu : l'amour. Bram Stoker renoue ainsi avec la tradition de la Morte amoureuse, illustrée par Théophile Gautier.

 

La dame au linceul n'est pas qu'un roman fantastique, il s'apparente aussi au roman d'aventure. Il est très proche des oeuvres de Jules Verne (je pense au Château des carpathes). Le héros doit se faire accepter par le peuple qu'il découvre, faire ses preuves dans cette nation qui lutte contre des pays puissants. Le dénouement permet aux deux genres de se rejoindre. J'avoue cependant que la dernière réplique du roman m'a fait froid dans le dos, et m'a amené à m'interroger sur le personnage secondaire de la gentille tante Janet

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 16:44

Madden.jpg 

Titre : Irlande, nuit froide.
Auteur : Deirdre Madden.
Editeur : 10/18.
Nombre de pages : 278 (dont six pages de notes).

Quatrième de couverture :

«A travers l’histoire de quatre femmes – une mère, Emily, et ses trois filles, Cate l’élégante journaliste, Helen, l’avocate austère et Sally, l’institutrice discrète et réservée – à travers l’histoire de leurs relations et, au-delà, de leur famille et des drames qui l’ont endeuillée, Deidre Madden évoque l’Irlande om la mort semble frapper aveuglément, atteindre plus d’innocents que de coupables, et se mer dans les famille des blessures incurables. […] Deirdre Madden, dans ce roman sombre et fragile, exprime surtout, semble-t-il son ambivalence déchirante à l’égard de son pays natal auquel elle voue une immense tendresse, mais dont elle hait l’histoire sanglante et incompréhensible qui interdit d’inventer l’avenir.» Louise L. Lambrichs, La Croix.

Circonstance de lecture :

J'avais repéré ce livre il y a une dizaine d'années, puis, comme je n'avais pu me le procurer, je l'avais un peu oublié. C'est à l'occasion de la lecture commune de janvier/ février 2010 du forum Partage-lecture que j'ai repensé à ce livre et me le suis procurée. Je ne regrette pas du tout cette lecture, je regrette simplement de ne pas l'avoir lu plus tôt.

 

Mon avis :

 

Ce roman est composé de quatorze chapitres : les chapitres impairs se déroulent en 1994, le récit dure une semaine et respectent l’ordre chronologique (ils portent le nom des jours de la semaine), les chapitres pairs reviennent sur la jeunesse des trois sœurs, et racontent des souvenirs marquants de leur enfance. Les points de vue des trois sœurs et de leur mère alternent. Du coup, le lecteur s’aperçoit à quel point elles se connaissent mal les unes les autres, tout en restant pourtant indéfectiblement unies.  


La famille est au cœur de ce roman. D’un côté, la famille Quinn est composé de trois frères, Charlie, Brian et Peter. Peu importe ce que chaque membre de cette famille fait (ou pas) : leurs relations sont tendres, affectueuses, chacun est assuré du soutien indéfectible des autres, mais aussi de sa franchise. Charlie, le père des trois sœurs, est sans doute le personnage le plus important du roman : il n’a beau n’être qu’un simple fermier (aux yeux de sa belle-mère), il a des qualités humaines rares : tolérance, générosité, disponibilité. De l’autre côté, nous trouvons la famille de mamie Kelly, rigide, méprisante, d’une neutralité presque écoeurante dans le conflit, incapable d’affection. Les liens semblent impossibles à créer entre les deux camps, et tout le tact, la persévérance de Charlie ne pourront pas réconcilier la mère et sa fille.


En même temps que les trois fillettes grandissent, nous découvrons les étapes du conflit en Irlande du Nord. Pas de résignation, pas de neutralité, les gamines sont impliquées très tôt dans le conflit, puisqu’elles connaissent les lieux, les personnes qui sont victimes ou complices (ou parfois les deux). Nous allons avoir le point de vue sur le conflit de l’aînée, Helen, et celui de sa cadette, Cate. Si Sally, la plus jeune, a moins d’importance, c’est aussi parce que sa mère se l’est totalement accaparée : elle est institutrice, comme sa mère, elle n’a pas quitté son village natal, elle ne semble pas avoir de vie privée, en dehors du temps qu’elle consacre à sa mère et elle ne sait pas comment se sortir de cette situation, et de son pays natal.


Irlande, nuit froide, est un roman bouleversant et tragique sur le conflit en Irlande du Nord et surtout sur l'amour filial. Ce livre est mon premier coup de coeur de l'année 2010.

 

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