édition L'école des loisirs - 139 pages.
Mon résumé :
Rajanikanth est le narrateur de ce récit. Vous trouvez son nom trop difficile à prononcer ? Rassuez-vous, tout le monde, sauf ses parents, l'appelle Freddy, et surtout Nejma, sa voisine. Elle est trop : trop grosse, trop en échec scolaire, trop seule. Quand une nouvelle injustice fond sur elle, elle ne se révolte pas, elle se tait, et son silence est pire pour Freddy que les plus grandes protestations.
Mon avis :
Babyfaces est le deuxième roman de littérature jeunesse que je lis de Marie Desplechin, et je dois dire que je suis conquise par son style rafraîchissant. L'action
se situe à Amiens, ville que je connais assez bien (surtout le journal, le courrier picard) mais l'histoire pourrait prendre place dans n'importe quelle ville nouvelle, n'importe quelle
cité.
Le narrateur a de la chance : sa mère est généreuse, aimante, et ses parents forment un couple uni. Sa voisine n'a pas autant de chance. Sa mère est mère célibataire, et travaille dur pour élever sa fille seule. Aussi est-elle déjà partie le matin, et pas encore rentrée le soir quand sa fille se lève puis s'endort. Nejma est souvent livrée à elle-même, aussi traîne-t-elle dans les supermarchés de la ville, non pour voler mais pour être au chaud. En classe, ce n'est pas mieux : Nejma est placée au fond de la classe, non pour ne pas déranger les autres, mais pour qu'elle y soit mieux - si vous trouvez ce prétexte caricatural et hypocrite, vous avez parfaitement raison.
La caricature ne s'arrête pas là car quand un jeune garçon est retrouvé inconscient, avec de nombreuses fractures dans la cour, c'est Nejma qui est immédiatement accusée. Les professeurs des écoles et la directrice montrent ainsi l'étendue de leur idées reçues, et leur paresse à mener de vraies recherches. De même, l'école de catch qui devait ouvrir juste à côoté de l'école est judicieusement transofrmé en école de danse orientale, par la grâce d'une entrevue entre les deux heureux propriétaires (anciens cancres notoires) et la directrice.
Et pourtant, le récit passe, par la magie du style et de l'humour déployés par Marie Desplechin. Comme le récit est rétrospectif, Freddy peut se comporter parfois comme un narrateur omniscient, donnant ainsi des informations nécessaires aux lecteurs sans alourdir le récit. J'ai tourné les pages avec une facilité déconcertante, ayant réellement envie de savoir ce qu'allait devenir Nejma. Sa chance est sa rencontre avec Isidore, un vigile, ancien sportif de haut niveau, qui ne voit pas une grosse fille, mais une fille puissante, spéciale, aux capacités physiques hors normes. Il est le seul à lui donner une image positive d'elle-même, et donc à lui rendre un peu d'estime de soi.
Et si la rédemption par le sport vous semble une idée peu originale, essayez donc la rédemption par la danse orientale...