Auteur :Marie-Florence Ehret.
Titre :Berlin 73.
Editeur :Gulf Stream Editeur.
Nombre de pages : 143.
Quatrième de couverture :
Sylvie fuit sa famille et le lycée dans les livres et les rêves. Agacés, ses parents l’envoient passer l’été à berlin chez un ami dont le fils, Thomas, a le même âge qu’elle. C’est dans le Berlin des années 1970 qu’ils font connaissance, une ville encore très marquée par la Deuxième Guerre mondiale et divisée par le mur. En même temps qu’elle découvre un monde dévasté, en lente reconstruction, Sylvie partage avec Thomas un mode de vie imprégné de politique, où chacun ressent à sa façon le besoin de changement et de vérité.
Mon avis :
Ce livre pose pour moi clairement la question de la limite entre la littérature de jeunesse et la littérature destiné à un lectorat adulte. En effet, ce roman s'adresse à des élèves de 5e/4e, et à mon sens ils ne possèdent ni la maturité nécessaire ni les connaissances pour lire ce livre.
Ce livre possède pourtant des atouts. Les qualités stylistiques sont indéniables. Le sujet est audacieux : la vie à Berlin dans les années 70 ou comment les habitants de cette ville s'accommodait de l'omniprésence du Mur.
Puis, le sentiment de gène apparaît. La situation initiale, tout d'abord, est invraisemblable. En tant qu'adulte, je n'ai aucune explication rationnelle au fait que des parents envoient leur fille unique, adolescente, en vacances à Berlin chez un ami divorcé ayant un fils du même âge que leur fille. J'ajoute qu'ils n'ont pas vu cet ami depuis près de trente ans, qu'ils ont vaguement correspondu avec lui, et que Sylvie, la jeune fille, ne parle pas allemand.
Sylvie est très importante, car le récit est raconté de son point de vue. Sa passion : la lecture. Lire est pour elle tellement passionnant qu'elle n'a aucun ami, que le monde extérieur ne l'intéresse absolument pas. Alors que je cherche à développer le goût de la lecture chez mes élèves, je trouve peu judicieux de leur montrer une adolescente rendue asociale à cause de la lecture. Surtout, son goût de la lecture n'a guère développé sa curiosité, et elle s'interroge (quand elle s'interroge) quand il est trop tard.
Sylvie est baignée dans l'Allemagne coupée en deux, et découvre la vie quotidienne là-bas. L'auteur prend alors prétexte de ce contexte historique particulier pour bombarder le lecteur de fauts historiques, gérographiques, de données sociologiques sur la vie à Berlin, réfutant au passage quelques clichés. Le but est louable, sauf qu'avant de réfuter les idées reçues, il faudrait d'abord que les adolescents les connaissent. Je me demande sincèrement quelles peuvent être les connaissances d'un élève moyen de 5e, germaniste ou non, à leurs sujets.
A ce sujet déjà épineux, s'en ajoutent d'autres :
- le terrorisme en Allemagne, avec la bande à Baader.
- la STO.
- la déportation, le nazisme et la dénazification.
- le blocus de Berlin.
- le communisme et le capitalisme
- le conflit israélo-palestinien.
Parler de tant de sujets en 148 pages est pour moi bien trop ardu pour des adolescents. Du coup, l'intrigue peine à progresser : des personnages apparaissent et disparaissent, sans que le lecture sache réellement ce qu'ils deviennent, Sylvie se libère peu à peu et le dénouement arrive, surprenant - et génant. Je ne crains pas de dire qu'il m'a choqué, bien que nous soyons dans un livre et non dans la vie réelle. Dans la vie réelle, nous nous serions trouvé en pleine tragédie. Dans ce roman, Sylvie n'a ni réaction ni émotion.
Bref, ce roman est pour moi une grande déception.