Quatrième de couverture :
Un dicton chinois prétend que " dans chaque famille il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute voix ". Une femme a
rompu le silence. Durant huit années, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes,
sans tabou. Elle a rencontré des centaines d'entre elles. Avec compassion elle les a écoutées se raconter et lui confier leurs secrets enfouis au plus profond d'elles-mêmes. Epouses de hauts
dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disent leurs souffrances incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie... Mais elles parlent aussi
d'amour. Elles disent aussi comment, en dépit des épreuves, en dépit du chaos politique, elles chérissent et nourrissent ce qui leur reste.
Un livre bouleversant, " décapant, à lire de toute urgence pour voir l'importance du trajet que la femme chinoise a dû et doit encore accomplir " (Diane de Margerie, Le Figaro littéraire).
Mon avis ;
Il est des livres qui sont avant tout des rencontres. Je suis tombée sur celui-ci totalement par hasard. J'hésitai entre plusieurs romans de Marguerite Yourcenar quand, parmi eux, j'ai aperçu ce livre, absolument pas à sa place alphabétique. Je l'ai pris (pour le remettre à sa place), sa couverture était légèrement abimée. J'ai commencé à le feuilleter, puis à le lire. J'ai eu du mal à m'en détacher. Tant pis pour Marguerite Yourcenar, je la lirai plus tard, c'est avec Chinoises que je suis repartie.
Ce livre n'aurait pas pu exister si Xinran n'avait quitté son pays pour l'Angleterre - je ne pense pas une seule seconde qu'elle aurait pu le faire éditer en Chine. Il suffit de lire les obstacles qu'elle a rencontrés, juste pour créer et développer son émission de radio. il n'était pas inimaginable pour moi qu'une journaliste prenne des risques pour sa carrière en parlant de l'homosexualité à la radio. Grâce à Qiu Xialong, l'auteur de Mort d'une héroïne rouge, j'avais découvert les entraves de la censure, et à quel point la notion de risque est différente en occident et en orient. Il est d'ailleurs symptomatique que ce livre a été publié en anglais, à Londres. Les vérités continuent de déranger.
Ce livre parle de sujets forts, durs, sans pathos. Il montre la condition féminine en Chine, telle qu'elle est ignorée non seulement en occident, mais surtout dans leur propre pays.
Les témoignages qu'elle a recueillis sont bouleversants et impensables. Je les ai vraiment pris en pleine figure. Que vaut
la vie d'une femme en Chine ? Car la femme est vraiment un objet, pas dans le sens occidental du terme, non, vraiment un objet dont on peut disposer. Peut-on aimer librement, disposer de son
corps ? Non, encore une fois. Même les gestes les plus anodins peuvent être porteurs de tragédie.
Les thèmes abordés sont forts (le viol, l'inceste, la maltraitance, la mort). Jamais Xinran ne sombre dans le pathos. Est-ce parce que son écriture est fine et précise ? Est-ce parce que les femmes qui se sont confiées à elle ont noué une véritable relation de confiance ? Sans doute les deux.
Je n'aurai envie de dire qu'une seule chose : lisez-le !