Titre : Déborah, la femme adultère.
Auteur : Régine Deforges.
Editeur : Le livre de poche.
Nombre de pages : 247.
Quatrième de couverture :
Quand la jeune et belle Déborah, fille de scribe, cultivée, Mais mariée contre son gré à un vieillard impuissant, est surprise endormie auprès de son cousin, elle doit être lapidée pour adultère. Seul Jésus s’élève contre la vindicte populaire : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Dans la Palestine occupée par les Romains, le peuple juif est divisé : les nantis penchent pour la collaboration avec l’occupant, tandis que les Zélotes le combattent. De leur côté, les prêtres tentent de préserver leurs privilèges. Jésus, lui, prêche l’amour du prochain et chasse violemment les marchands du Temple… Au cœur de ces conflits, que va devenir Déborah après avoir échappé à la mort.
Dans ce bouleversant roman, Régine Deforges réinvente la vie de ceux et de celles qui suivirent un homme nommé Jésus, entre doute et foi, entre fidélité et trahison.
Mon avis :
Tout d’abord, je tiens à remercier le forum Partage-lecture et les éditions Le livre de poche pour ce partenariat.
Autant le dire tout de suite, j’ai été déçue à la lecture de ce livre. Mes attentes de lectrice n’ont pas été comblées.
Pourtant, le premier chapitre m’avait bien plu, parce qu’il racontait l’histoire de Déborah, l’héroïne du livre. Le style était fluide, agréable à lire, alors que je redoutais un texte ardu. (Je lis peu de romans historiques)
Puis, tout change dès le second chapitre, car ce n’est plus la même histoire qui m’était raconté. Je lisais la vie de Jésus et de ses disciples. J’ai cru que ce ne serait qu’une parenthèse, et que l’action se recentrerait très vite sur Déborah. Il m'a fallu attendre presque deux cents pages pour qu’elle tienne à nouveau le rôle principal. Certes, elle était parfois au centre de l’action : accusée d’adultère, elle a la vie sauve, grâce à Jésus. J’aurai simplement aimé que ses fuites successives et le fait qu’elle ait été retrouvée avec son cousin nous soit raconté de manière directe, non par le biais d’un retour en arrière.
Je n’étais pas au bout de mes peines, car l’histoire en elle-même est composée de nombreux récits enchâssés les uns dans les autres. Cette technique narrative aurait pu rendre la narration plus vivante : le lecteur se trouve ainsi dans la même position que la majorité des personnages, qui « écoutent » eux aussi le récit. Elle ne parvient qu’à la rendre ennuyeuse. Quant au texte, il me donnait l’impression désagréable de lire une récriture, ni heureuse, ni utile, de la Bible, et cette impression n’allait plus me quitter de toute la lecture. Bien sûr, je me suis interrogée sur les raisons qui l'ont poussée à effectuer cette démarche. Serait-ce une volonté de montrer la modernité du texte ? Le désir de prouver que rien n'a vraiment changé ? Certains peuples étaient opprimés à cause de leur foi, c’est encore le cas de nos jours, ils se révoltent contre l’occupant, même remarque, un chef s’élève contre la violence mais perd la vie… Les figures christiques ne manquent pas dans nos mythologies modernes, si ce n’est qu’ici, c’est le Christ lui-même qui est mis en scène, et que le dénouement était connu.
Reste la place des femmes, et surtout celle de Déborah, qui tout de même donne son nom au roman. Déborah est jeune, belle, savante (elle a mis en musique, à quatorze ans, le Cantique des cantiques), et coquette : la scène dans laquelle les femmes renouvèlent leur garde-robe m’a semblé inutile, pour ne pas dire risible. Les hommes tombent instantanément amoureux d’elle, mais elle aime d’un amour inconditionnel et contrarié son cousin. Curieusement, son histoire d’amour entre elle et Philippe m’a rappelé Tristan et Iseut, y compris lorsque les deux amants sont trouvés endormis. La différence est que le roi Marc, même si ses soupçons reviendront, grâce aux félons qui l’entourent, va alors croire en l’innocence des amants alors que les vieillards vont condamner Philippe et Déborah. Tristan, comme Philippe, est un combattant, si ce n’est que jamais Tristan n’abandonnerait jamais Iseut, comme Philippe a abandonné Déborah. Prendre la fuite est un point commun entre eux : Déborah fuira elle aussi, jusqu’à être rattrapée par son destin. Elle est victime de sa condition de femme, de la faiblesse de son père, et de la force de l’opinion publique. Au risque d’être lourde, je dirai que l’actualité nous prouve que la condition des femmes n’est guère plus enviable de nos jours dans certains pays.
Les autres personnages ne sauvent pas le récit. Ils sont peu ou pas décrits, et quand ils le sont, ils sont très beaux (les disciples, les femmes), sans véritable nuance. Pour la majorité d’entre eux la mention de leur âge ou de leurs professions suffit. En fait, un seul personnage m’a touché : la flamboyante et complexe Marie-Madeleine. Sans hésitation, c’est à elle qu’un roman aurait dû être consacré.