Je n'ai pas été très assidue au rendez-vous mensuel donné par Pimprenelle. Quand elle a proposé l'auteur Yasmina Khadra, je me suis tout de suite inscrite, pour deux raisons :
- je ne connais pas du tout cet écrivain.
- un de ses romans m'est accidentellement sauté dans les bras lors d'une de mes visites dans une grande surface culturelle.
Le livre qui m'a choisi s'appelle donc L'attentat.
Voici son quatrième de couverture :
Dans un restaurant de Tel-Aviv, une jeune femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients. A l'hôpital, le docteur Amine, chirurgien israélien d'origine arabe, opère à la chaîne les survivants de l'attentat. Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d'urgence pour examiner le corps déchiqueté de la kamikaze. Le sol se dérobe sous ses pieds : il s'agit de sa propre femme.
Comment admettre l'impossible, comprendre l'inimaginable, découvrir qu'on a partagé des années durant, la vie et l'intimité d'une personne dont on ignorait l'essentiel ? Pour savoir, il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple palestinien...
Mon avis :
J'ai beaucoup aimé ce livre, sa lecture, en dépit de thèmes durs, fut pour moi une excellente surprise. Le lecteur entre tout de suite dans le vif du sujet : un attentat, ressenti du point de vue d'une victime. Les sensations sont retranscrites avec une véracité telle que j'avais l'impression d'être au coeur du massacre. Puis, le récit est repris du point de vue d'Amine chirurgien naturalisé israelien à qui tout réussit. Lui et sa collègue Kim vont vivre une journée particulièrement arrassante sur le plan physique, mais ce n'est rien comparé à ce qui attend Amine pendant la nuit : sa femme est identifiée comme étant la kamikaze. Se réfugiant dans le déni, Amine va subir les interrogatoires, les perquisitions, puis, une fois libéré, la haine de ses voisins et de ses proches, y compris sur son propre lieu de travail.
Forcé de se rendre à l'évidence (Sihem, sa femme bien-aimée, est bien la kamikaze, c'est elle qui a tué ses hommes, ses femmes et ses enfants), il va alors se livrer à sa propre enquête, intime. Comment une femme qui avait tout (richesse, statut social) a-t-elle pu devenir une terroriste ? Lui qui avait vécu dans le cocon protecteur de leur amour (Amine est fou amoureux de sa femme, et son acte n'y change rien) et dans la routine de son métier, plonge dans une quête parfois suicidaire et ouvre les yeux sur une réalité qu'il n'avait pas vu (ou voulu voir).
Qu'ajouter de plus ? Je crains de trop en dévoiler. Ce roman est très prenant, le rythme est rapide, il est quasiment impossible de lâcher sa lecture tant, comme Amine, j'ai eu envie de savoir. Il est vrai que nous entendons moins parler du conflit israélo-palestinien en ce moment, pourtant je garde le souvenir de vingt-trois années d'images vu au journal télévisé, de nombre de morts égrenés par les journalistes, de tentative de réconciliation, nombreuses. Il reste, encore et toujours, l'espoir.