Titre : La ballade de Cornebique.
Auteur : Jean-Claude Mourlevat.
Editeur : Folio junior.
Nombre de pages : 181.
Quatrième de couverture :
Si vous aimez les boucs, le banjo et les charlatans, les concours d’insultes et les petits loirs qui bâillent tout le temps, alors laissez-vous emporter dans la folle cavale de l’ami
Cornebique.
Mon avis :
J’ai acheté ce livre au salon du livre de Montreuil pour trois raisons : j’aime les romans de Jean-Claude Mourlevat, un collègue m’avait dit le plus grand bien de cette œuvre, et la couverture
est très jolie, ce qui ne gâte rien.
Cornebique est un bouc joueur de banjo, oui, mais il est surtout un héros picaresque. Jeté sur la route à la suite d’un chagrin d’amour, Cornebique aurait pu se contenter de découvrir de
nouveaux pays et des modes de vie opposés aux siens, ce qui aurait déjà rempli le cahier des charges d’un roman de littérature de jeunesse ordinaire. Il va se retrouver en plus dans la peau d’un
protecteur des faibles, puisqu’il sauve la vie de Pié, petit loir qui a la particularité d’être le dernier de son espère (les autres ont tous été dévorés) et de dormir sept mois sur douze (ce qui
laisse à Cornebique tout le temps de s’interroger sur ce qui l’a poussé à se jeter sur les routes). Si Cornebique n’est pas le narrateur du roman, l’histoire est quasiment toujours racontée
de son point de vue, au point que la narration prend parfois la forme d’un monologue intérieur, mélangeant ses réflexions, ses doutes et ses rêveries.
Son adversaire est très particulier : si notre joueur de banjo se doit d'être discret et d'agir seul (au début), en revanche la personne qui veut récupérer Pié
n’apparaît que par ses sbires, toujours là où le lecteur les attend le moins, puis par les reproductions qu’elle donne d’elle-même (statue, tableaux) avant d’être découverte dans sa toute petite
dimension et son immense pouvoir. Mourlevat, par l’œil critique de Cornebique
, donne ainsi à voir l’asservissement d’un peuple, en choisissant un sujet cruel, si l’on y réfléchit bien (l’anéantissement d’un peuple par un autre, pour son simple plaisir, sans que les autres peuples voisins réagissent). La violence est présente, même si, plutôt que de montrer les actes, l'auteur présente les conséquences (le bec, tout ce qui reste de la cigogne) plutôt que faire un récit détaillé et circonstancié de ceux-ci.
Ce sujet sensible ne doit surtout pas faire oublier l’humour de Mourlevat, sa manière de jouer avec le langage. Lu à haute voix (pour de jeunes enfants), La ballade
de Cornebique est un très joli conte, dans lequel les richesses de la langue, imagée et colorée, sont exploitées au mieux, tout en restant
accessibles aux plus jeunes.
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