Titre : La dame au linceul.
Auteur : Bram Stoker.
Editeur : Babel.
Nombre de pages : 180
Quatrième de couverture:
" Là, sur la terrasse, dans la clarté lunaire maintenant plus intense, se tenait une femme vêtue d'un linceul trempé qui ruisselait sur le marbre, faisant une flaque qui s'écoulait lentement sur les marches mouillées. Son attitude et sa mise, les circonstances de notre rencontre, me donnèrent aussitôt à penser, même si elle se mouvait et parlait, qu'elle était morte. Elle était jeune et très belle, mais pâle, de la pâleur éteinte et grise des cadavres. "
Extrait du journal de Rupert Sent Leger, cette scène - dans la pure tradition du genre - donne bien le ton de cet admirable roman gothique où s'entrelacent lettres, billets, fragments de journal intime et notes pour raconter les aventures étranges et inquiétantes d'un jeune homme sans le sou devenu du jour au lendemain châtelain dans les Balkans...
Mon avis :
J'adore Dracula, au point de le faire étudier à mes élèves. Aussi, j'ai été ravie de découvrir ce roman de Bram Stoker.
J'ai adoré l'introduction de ce roman. Il est particulièrement audacieux d'avoir choisi un premier narrateur imbu de sa personne, méprisant tout être qui n'est ni riche, ni bien né. Aussi, bien qu'il dresse un portrait péjoratif de son cousin Rupert, Ernest a réussi à me le rendre éminemment sympathique avant même qu'il apparaisse dans le récit. Le premier extrait du journal de Ruppert a confirmé mon intuition.
Les personnages sont peu nombreux, l'intrigue est donc étroitement resserrée. La première apparition de la dame au linceul reprend tous les codes du fantastique : perception brouillée (il fait nuit), lieu mystérieux (Rupert a hérité d'un chateau isolé, dans un pays qui ne l'est pas moins), personnage glacée, comme si elle était morte. De plus, Rupert est le seul à la voir, personne ne peut confirmer son témoignage, forcément subjectif, et ce n'est pas le rêve prémonitoire de sa tante qui va rassurer le lecteur. Pourtant, Rupert garde toute sa lucidité. S'il admet l'existence de l'apparition, ce qui nous fait quasiment basculer dans le genre merveilleux, il analyse avec soin ce qu'il a vu et ce qu'il a ressenti. S'il perd la raison, c'est un cause d'un sentiment bien connu : l'amour. Bram Stoker renoue ainsi avec la tradition de la Morte amoureuse, illustrée par Théophile Gautier.
La dame au linceul n'est pas qu'un roman fantastique, il s'apparente aussi au roman d'aventure. Il est très proche des oeuvres de Jules Verne (je pense au Château des carpathes). Le héros doit se faire accepter par le peuple qu'il découvre, faire ses preuves dans cette nation qui lutte contre des pays puissants. Le dénouement permet aux deux genres de se rejoindre. J'avoue cependant que la dernière réplique du roman m'a fait froid dans le dos, et m'a amené à m'interroger sur le personnage secondaire de la gentille tante Janet