Je participe pour la troisième fois au rendez-vous organisé par Pimprenelle : découvrons un auteur.
Ce mois-ci, il s'agit de découvrir l'oeuvre de Franck Thilliez (link).
Je ne connaissais pas cet auteur, et aucun livre de Franck Thilliez n’était disponible à la bibliothèque municipale. J’ai donc cherché en librairie et j’ai jeté mon dévolu sur La Forêt des ombres, après avoir hésité avec Train d’enfer pour ange rouge et Fractures.
Je crois sincèrement que j’aurai dû choisir l’un ou l’autre livre car je n’ai pas du tout accroché à la lecture de celui-ci.
Pourtant, je l’ai trouvé facile à lire, j’ai tourné les pages très rapidement et je l‘ai terminé en une seule cession de lecture, plus parce que je voulais voir mes intuitions confirmées que parce que j’appréciais ce récit.
David Miller est embaumeur de profession. L’héroïne de L’enfant sans nom aussi, et pourtant les descriptions de son travail m’ont semblé bien plus passionnante. David est aussi écrivain et il reçoit de la part d’un milliardaire énigmatique un contrat mirobolant pour écrire un roman dont celui-ci veut être le héros. Si la somme promise et l’acompte donné sont mirobolants, en revanche les conditions de travail s’avèrent plus que particulières : David, sa femme et leur petite fille vont se retrouver dans un chalet isolé en pleine Forêt-Noire, avec pour compagnie le milliardaire, invalide qui plus est, et Amandine, sa compagne, très particulière. Le jeune couple, qui traverse une crise (enfin, David n’est pas vraiment au courant, il a du mal à voir ce qui se passe tout près de lui) n’est pas au bout de ses (mauvaises) surprises, et de rencontres toutes plus singulières.
Nous avons là tous les ingrédients d’un huis clos, pourtant, je ne me suis jamais sentie réellement oppressée; je m’attendais à ce que j’allais découvrir sur Arthur Doffre, sur David ou encore sur Amandine. Les péripéties que j’ai lues m’ont toutes semblées des passages obligées, déjà rencontrées dans d‘autres romans. Je n'ai bien sûr pas apprécié le traitement réservé aux animaux - tout-tueur-en-série-a-commencé-par-tuer- des-animaux. Cette vérité générale, entendu une bonne dizaine de fois dans des séries télévisées, lu et relu dans des polars américains, ne m'a pas semblé apporter grand chose à l'action : je savais déjà qu'Emma et Arthur Doffre étaient dérangés.
Je ne me suis pas attachée aux personnages, pas même à Cathy. Chacun d’entre eux avait un fort potentiel et j’ai eu la désagréable impression qu’il n’a pas été suffisamment exploité. Je prendrai l’exemple de Miss Hyde. Sa première apparition fait froid dans le dos, son envoi suivant m’a semblé plus grotesque que terrifiant et j’ai rapidement fait le lien entre l’arrivante mystérieuse du chalet et Miss Hyde. Le traumatisme et les maltraitances qu’elles a subies étant enfant auraient-ils préparé le terrain à son obsession amoureuse ? Ils l’ont en tout cas rendue dépendante affective et manipulable. En revanche, Amandine est réellement intéressante, parce qu‘en dépit d‘un parcours chaotique, elle s‘interroge sur ce qui a fait d‘elle ce qu‘elle est, elle trouve les conclusions par elle-même, elle se rebelle et agit.
De même, le dénouement sort des sentiers battus (pas de véritable happy end) et l’épilogue montre que un David qui n’en a fini ni avec ses tourments, ni avec ses traumas. Pourrait-il en être autrement ?
Bref, j’ai l’impression d’un rendez-vous manqué.