éditions Actes Sud - 246 pages.
Quatrième de couverture
Une aide-ménagère est embauchée chez un ancien mathématicien, un homme d'une soixantaine d'années dont la carrière a été brutalement interrompue par un accident de
voiture, catastrophe qui a réduit l'autonomie de sa mémoire à quatre-vingts minutes. Chaque matin en arrivant chez lui, la jeune femme doit de nouveau se présenter - le professeur oublie son
existence d'un jour à l'autre - mais c'est avec beaucoup de patience, de gentillesse et d'attention qu'elle gagne sa confiance et, à sa demande, lui présente son fils âgé de dix ans. Commence
alors entre eux une magnifique relation. Le petit garçon et sa mère vont non seulement partager avec le vieil amnésique sa passion pour le base-ball, mais aussi et surtout appréhender la magie
des chiffres, comprendre le véritable enjeu des mathématiques et découvrir la formule préférée du professeur... Un subtil roman sur l'héritage et la filiation, une histoire à travers laquelle
trois générations se retrouvent sous le signe d'une mémoire égarée, fugitive, à jamais offerte...
Mon avis :
Ce livre m'avait été fortement recommandé voici cinq ans, et le moins que je puisse dire est que j'ai vraiment laissé passer beaucoup de temps avant de suivre cette recommandation, sans doute parce que je n'avais jamais lu de littérature japonaise. Ce livre est d'ailleurs ma seconde incursion dans ce domaine, après La fille du bureau de tabac de Masahiko Matsumoto .
Cette histoire est simple, ou plutôt, limpide. Je ne suis pas férue de mathématiques, pourtant expliqués ainsi, ou plutôt vécus ainsi, les mathématiques deviennent extrêmement
plaisant à découvrir et la maladie du professeur ne l'empêche pas de faire partager sa passion - du moment que la personne qu'il a en face de lui ait le goût de la découverte et la patience de
l'écouter.
Neuf aide-ménagères ont déjà jeté l'éponge, pour des raisons que nous ne connaitrons pas, puisqu'elles n'ont aucune importance. Il n'est pas facile de travailler pour quelqu'un qui au bout de quatre-vingt minutes vous aura oublié, à plus forte raison qui vous redécouvrira chaque matin comme une parfaite inconnue. Pourtant, la narratrice parvient à tisser des liens entre le vieux professeur et elle, puis entre le vieux professeur, son fils et elle. La mémoire du professeur s'est arrêtée dans les années 70, et s'il n'accorde que peu d'importance à son apparence, il est en revanche très ému par les enfants, et très inquiet à l'idée que le fils de son aide soignante soit obligé de rester seul chez lui pendant que sa mère travaille chez le professeur.
Jour après jour, la jeune femme mène un combat pour aider le professeur, pour qu'il aille chez le coiffeur, ou mieux, qu'il assiste à un match de base-ball, lui qui n'a vécu sa passion jusque là qu'en collectionnant les cartes des joueurs célèbres. Aucune arrière-pensée, aucune recherche de profit personnel ne sont à rechercher dans sa démarche : le bien être du professeur est la seule chose qui lui importe.
Pas de pathos, pas de misérabilisme, la douceur et la sérénité dominent dans ce récit, qui nous donne également à voir ce que peut être la vie quotidienne d'une fille mère (comme l'est la narratrice) dans le Japon contemporain.
A mon tour, je ne peux que recommander la lecture de La formule préférée du professeur.