édition 10/18 - 282
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Mon résumé :
Gunnvald Larsson, filc de terrain s'il en est, a été chargé de surveiller un homme. Pourquoi ? Larsson n'est pas du genre à poser des questions. Il était en pleine surveillance quand la maison a explosé, prenant feu. Seule consolation : Larsson s'est comporté en vrai héros. Mais pourquoi la voiture de pompier était-elle en retard ?
Mon avis :
Je retrouve avec joie Martin Beck et les héros de Sjowall et Wahlöö. Pourtant, l'enquête que devra résoudre Martin Beck est véritablement sordide. Ce n'est pas tant que quatre personnages ont trouvé la mort dans un incendie criminel qui fait que cette enquête est glauque. Le bilan aurait pu être bien plus lourd si Larsson n'avait eu courage et présence d'esprit. C'est parce que la société suédoise ferme les yeux sur la précarité dans laquelle vivent les (très) jeunes adolescents. Certains prostituées n'ont que quatorze ans, à seize ans, elles sont déjà usées. Des jeunes filles disparaissent tous les ans, et finissent par réapparaitre, vivantes ou non. Quant aux maisons de correction, elles portent très mal leur nom puisqu'elles ne font qu'accentuer les problèmes de drogue et de violence au lieu de les corriger. Société de loisirs (déjà), les suédois aiment voyager, bronzer, avoir des aventures de vacances, et tant pis pour ce qui se passe dans ces pays-là, tant que les touristes sont bien reçus. La police en prend aussi pour son grade. Pour quelques membres compétents, on est légitiement en droit de se demander pourquoi certains policiers ont choisi cette carrière. Martin Beck lui-même se pose cette question. La sécurité de l'meploi des un des éléments qu'il a pris en compte, les jeunes années de Martin n'ayant pas été facile. Il semble que le pays tout entier ait oublié ces années de crise.
Rien n'est simple dans l'univers de Sjowall et Wahlöö et si le mot "mondialisation" n'est pas encore à l'ordre du jour, il faut reconnaître que cette enquête, comme Vingt-deux, v'là des frites de Maj Sjöwall et Per Wahlöö nous entraîne dans les méandres d'un trafic de voitures volées et de drogue qui dépassent non seulement le cadre de la Suède mais surtout les victimes elles-mêmes, trop présomptueuses de leur force et de leur qualité - ou de celles qu'elles pensent avoir. Il sera même question de la guerre d'Algérie et du Liban dans ce roman. Note : quel auteur de romans policiers français des années 70 parlait de la guerre d'Algérie ? Vous n'en avez aucune idée ? Moi non plus.
Lectrice des années 2010 et ex-grande consommatrice de séries télévisées (encore que... j'ai regardé New York, section criminelle cet après-midi), le ryhtme de l'enquête ne laisse pas de me surprendre et de me réjouir. Une enquête dans laquelle tous les éléments manquent - ou presque - ne peut se résoudre en un jour, même si un policier talentueux est au commande, même si le médecin légiste accomplit des prouesses sans pour autant déballer son savoir-faire sur une demi-douzaine de pages. Certes, des contretemps sont à déplorer - l'erreur est humaine, semblent nous dire les deux auteurs suédois, le tout est de s'en rendre compte.
En effet, les enquêtes sont humaines, ils ont une vie privée, pas toujours heureuse, certes (il est évident que Martin Beck est à un tournant de son existence dans cet opus) mais ils essaient de la faire cohabiter le plus harmonieusement possible avec leurs obligations professionnelles. J'ai bien dit "cohabiter" et non "coïncider" : chez Martin Beck, on ne résout pas une enquête policière en mangeant un plat de pâtes avec sa femme et ses enfants, on essaie de prendre le petit déjeuner avec eux, et on en oublie même parfois le travail.
Je me réjouis qu'il me reste encore quelques enquêtes de Martin Beck à lire.
Ma 17e participation au défi Scandinavie noire