Titre : Le garçon qui voulait courir vite.
Auteur : Pierre Bottero.
Editeur : Castor Poche Flammarion.
Nombre de pages : 172.
Quatrième de couverture :
Debout derrière la grille de l’école, Agathe regarde son frère. Jules ne dit rien, il semble perdu et Agathe en est malade. Depuis l’accident de voiture de leur père cet été, Jules ne parle
presque plus et court de moins en moins bien… comme s’il avait perdu l’usage de ses jambes.
Qui rendra à Jules sa joie de vivre ?
Mon avis :
Quand j’ai emprunté ce livre à la bibliothèque municipale, je ne pensais pas que j’éprouverai un véritable coup de cœur pour ce roman. Certes, j’adore les œuvres de Pierre
Bottero, mais je ne croyais pas aimer autant celui-ci.
Ce roman traite d’un sujet sensible sans aucune sensiblerie : les conséquences de la mort accidentel d‘un père aimant, celui d‘Agathe et de Jules sur leur vie quotidienne. L’intrigue ne débute
pas juste après sa mort, mais quelques mois plus tard, quand les personnes commencent à surmonter leur chagrin et à reprendre le cours de leur vie. Marie, la maman, souffre de la mort de son
mari, mais n’en délaisse pas pour autant ses enfants. Elle fait face aux problèmes qui se posent (des problèmes financiers notamment) en cherchant toujours les meilleurs solutions pour ses
enfants. Agathe, la grande sœur, est la narratrice. Elle tient quasiment un journal de bord : les jours heureux, les jours où la vie normale reprend son cours, et les jours où les incidents
viennent perturber leur nouvelle vie. Si nous entendons bien la voix d’une adolescente, en revanche le style est toujours correct mais sans affectation.
Tout n’est pas rose, loin de là, car Jules, le petit frère, ne se remet pas. Il parle de moins en moins, et se montre incapable de courir. Pour ces deux raisons, lui et sa sœur consultent un
pédopsychiatre une fois par semaine. Agathe juge sévèrement ce professionnel de la santé, avec une légère ironie et une distance certaine que lui ont donné les épreuves qu’elle a traversées. Fort
heureusement, il va être remplacé par une nouvelle praticienne, aux méthodes et aux capacités d’écoute radicalement différentes.
Si Agathe surmonte mieux la mort de son père que Jules, c’est aussi parce que son frère était présent lors de l’accident. Il a été éjecté de la voiture, il a survécu, pas son père, et si le terme
de « culpabilité » n’est évoqué qu’à l’extrême fin du roman, c’est aussi parce que c’est seulement à ce moment-là qu’Agathe comprend ce qui empêche son petit frère de courir comme avant.
Ce sujet sensible se double d’un autre : Agathe, Jules et Thomas, son nouvel ami (et même un peu plus au fil du roman) sont confrontés à la violence gratuite de jeunes du collège et de leur cité.
Au fur et à mesure que le roman se déroule, Agathe ne va pas se laisser déborder par les événements, dont la violence va crescendo (menaces verbales, puis menaces physiques, pour en venir à la
violence physique pure). Elle va chercher à surmonter l’obstacle, en analysant, avec l’aide de Thomas pourquoi Julien et ses amis agissent ainsi, et plus elle aura d’éléments, plus elle va
ajuster son comportement envers eux. Pierre Bottero montre qu‘il ne faut pas se laisser déborder par la violence, qu‘il faut oser faire appel à plus
fort que soi (c’est-à-dire, dans ce cas, la loi, la justice), sans sacrifier toutefois la solution «télévisée » comme il l’appelle lui-même, presque comique, en tout cas fort réjouissante.
L’épilogue du roman est particulièrement cocasse, puisqu’après avoir suivi le point de vue d’Agathe pendant tout le roman, elle donne la parole à tous les protagonistes, y compris à Ben Johnson
(un personnage déterminant pour la guérison de Jules).