édition Babel : 107 pages.
Circonstance de lectures :
Ce livre marque ma huitième participation au Challenge des Nobel organisé par Mimi. J'ai profondément bousculé ma liste intiale et, après avoir lu Lettres en provenance de la nuit de Nelly Sachs et découvert la profonde amitié qui a uni les deux femmes, je ne pouvais pas poursuivre ce challenge sans lire un ouvrage de cette écrivain. Mes recherches en librairie m'ont permis de trouver Le livre de Noël.
Mon avis :
Ceux qui chercheraient dans ce livre un témoignage sur Noël en Scandinavie seront peut-être un peu déçus. Mis à part dans le texte initial, qui donne son titre au livre, les traditions sont peu racontés. Je retiendrai surtout le repas, pris en famille, la distribution des cadeaux, et la dégustation du traditionnel riz au lait.
Ce recueil offre huit courts récits. Je résiste à la tentation de les qualifier de contes, car si le merveilleux est présent dans chacun de ces textes (à l'exception du Livre de Noël, qui donne son titre à ce recueil), il est avant tout un merveilleux chrétien (si l'alliance de ces deux termes est possible). Deux titres sont emblématiques à cet égard : Légende de la fête de la Sainte-Luce (le plus long du recueil) et A Nazareth. Ce dernier récit invente un épisode de l'enfance de Jésus, qui le confronte (déjà) à Judas et montre l'ambivalence des sentiments éprouvés par le futur disciple.
La Légende pourrait se résumer en une phrase : grâce à sa piété, Lucia obtient le soutien de sa sainte Patronne et déjoue les pièges de sa méchante tante (un vrai personnage de conte de fée). Ce n'est pas si simple, cependant, car le conte, qui fait penser à la seconde partie (méconnnue) de la Belle au bois dormant, montre que, si la jeune épouse, belle-mère attentive de huit enfants, a dépensé une partie de la fortune de son mari pour venir en aide à des réfugiés et a encouru la colère de son mari, celui-ci est le premier fautif. Il a préféré les honneurs de la cour à son foyer, fermant les yeux sur l'avarice de la terrible Dame Rangela, et oubliant les devoirs qu'il avait envers les siens. J'utilise ce terme au sens large : non seulement il a négligé sa jeune épouse et ses enfants, mais aussi ses fidèles amis, secourus par Lucia en son absence.
Le rouge-gorge s'apparente aux récits de la création du monde, si ce n'est qu'il ne se réferre pas seulement à la genèse, mais au Nouveau Testament.
Le crâne est le récit que j'ai le moins aimé, non à cause du caractère morbide du sujet (un fossoyeur invite un crâne fraîchement déterré à reveillonner, puisque personne n'a accepté son invitation), ni des commentaires pesants du narrateur omniscient, mais dans le dénouement, à la fois miraculeux et moralisateur.
Le dernier récit La Nuit du nouvel an des Animaux, m'a semblé emblématique de la religiosité du recueil. Il raconte une légende suédoise mais montre le triomphe de la religion chrétienne sur celle-ci. J'ai beaucoup aimé le personnage du prêtre, qui prend fait et cause pour sauver son fidèle cheval.