Titre : Le train de 16 h 50.
Auteur : Agatha Christie.
Editeur : France Loisirs.
p. 9 à 338 (volume double).
Quatrième de couverture :
Roulant dans la même direction et presque à une vitesse égale, les deux trains semblaient disputer un match. Mrs McGillicudy, pour se distraire, regardait les occupants qui s'offraient à sa vue, mais ce qu'elle vit lui arracha un cri. Debout, le dos tourné, un homme serrait la gorge d'une femme : il l'étranglait.
Mon avis :
Comme le temps a passé depuis L'affaire Protheroe ! Rappelez-vous Griselda, la femme du pasteur, elle était enceinte à la fin de l'intrigue : son fils est désormais adulte et passionné de carographie. Rappelez-vous Raymond West, le neveu écrivain de Miss Marple : son fils cadet est employé au chemin de fer et tous deux, à leur mesure, vont aider Miss Marpe dans son enquête.
Elle doit cependant résoudre un problème majeur : son état de santé ne lui permet plus d'enquêter activement sur le terrain. Elle se trouve trop vieille, trop fatiguée pour se lancer dans de nouvelles aventures. Pourtant, celle qui s'offre à elle a de quoi exacerber son sens de la justice. Non seulement le criminel a quitté la gare en toute impunité, mais le corps n'a pas été retrouvé. Comme chacun sait, pas de corps, pas de crime, donc pas d'enquête.
. Va-t-elle renoncer et laisser un crime impuni ? Non. Miss Marple se charge de la première partie de l'enquête, à savoir découvrir où le cadavre a pu être dissimulé, et la seule possibilité est l'immense propriété des Crackenthorpe. Pour la seconde partie, elle va donc devoir se trouver une jeune femme qui puisse l'aider, sans craindre le danger - pour avoir réussi un meurtre aussi audacieux, le criminel ne doit pas être sous-estimé. Etonnante personnalité que celle de Lucie Eleyesberrow : dotée de nombreux talents, elle préfère est une intendante intérimaire, afin de conserver sa liberté et de gagner largement sa vie. Elle se montre sur le terrain aussi efficace dans son métier que dans son enquête, et ce n'est pas peu dire.
Mais dans quelle famille est-elle tombée ! Mis à part le tout jeune Alexander, que la mort de son père, et l'immaturité de son père ont fait mûrir plus tôt que prévi, et Emma, qui se sacrifie au bien-être de son père, aucun Crackenthorp n'est sympathique. Ce n'est pas l'amour qui les unit, mais la haine qui les réunit, au point que les décès successifs n'affectent guère les survivants. Dans cette maison, le temps n'a pas de prises. Il semble s'être arrêté après la guerre pour certains, et même bien avant pour le propriétaire des lieux, qui mascère dans sa rancoeur. Chacun semble enveloppé d'un faisceau de brumes, le tueur en série (un concept qui n'a pas été inventé par nos modernes romanciers) a toute latitude pour poursuivre ses funestes oeuvres. Heureusement, je tiens à vous rassurer : le courage de Lucie Eleyesberrow et celui de Miss Marple, réunie pour un dénouement ô combien théâtral, mettront fin à ses oeuvres.
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