éditions Flammarion - 214 pages.
Quatrième de couverture :
Alda, trente-sept ans, célibataire, est professeur d'allemand et d'anglais dans un lycée islandais. Riche, cultivée et particulièremente belle, elle partage sa vie avec sa soeur Alma et sa nièce Sigga dans la propriété héritée de ses illustres parents. Avec le mépris d'une aristocrate blasée, elle y reçoit ses nombreux soupirants. Jusqu'au jour où, ardent comme le vent des Skjol, radieux comme la nuée en juillet, l'amour va faire chavirer son coeur.
Mon avis :
J'ai choisi ce livre parce que tous les avis que j'avais lu à son sujet sur le forum Partage-lecture était négatif. Je voulais découvrir cette auteur, j'avais déjà vu le film (avec Emmanuelle Béart, Sandrine Bonnaire et Eric Ruf), j'ai voulu me faire une idée par moi-même.
Tout d'abord, l'écriture semble particulièrement belle, elle donne à voir l'Islande, le passage des saisons, les couleurs, les goûts, les odeurs. La prose devient poésie parfois, en des strophes lyriques. Parfois. La personnalité de sa narratrice rend rapidement cette écriture indigeste et irritante.
Grâce à Alda, j'ai découvert que l'Islande comportait une aristocratie. Par dérogation, Alda a donc un nom de famille, Ivarsen. Elle est riche, elle est cultivée, elle voyage dans toute l'Europe - une vie enviable. Elle partage sa grande demeure avec sa soeur et sa nièce dont elle ne parle quasiment pas, si ce n'est quand elles célèbrent des fêtes de famille. Alda a un défaut qui gangrène tout le roman : elle est imbue d'elle-même à un point inimaginable. Aucune femme ne la surpasse en beauté, en intelligence, aucune femme ne sait choisir ses vêtements avec autant de soin, d'à propos, ne sait les porter avec autant d'élégance. Aussi, quand elle condescend à avoir une relation avec un homme (marié le plus souvent), celui-ci doit s'estimer heureux, y compris quand elle rompt avec lui. Son inconscience, dans certaines situations, me fait douter de sa santé mentale.
Un jour pourtant, un homme, marié, plus jeune qu'elle, n'agit pas comme elle s'y attendait : certes, il a une liaison avec elle, mais il retourne auprès de sa femme. Il poursuit même une belle carrière - loin d'Alda. Alda ajoute alors à son défaut majeur une complaisance envers elle-même rarement atteinte. Elle a sans doute souffert de cette rupture. Néanmoins, la manière dont elle revient sans arrêt sur leur liaison (cent jours) sur leur ruputre et sur le bénéfice qu'il tirerait à vivre avec une aussi belle femme qu'elle (comparée à sa falote femme légitime - toujours du point de vue d'Alda) est un mélange de masochisme et d'érotomanie.
Autant dire que les autres personnages n'ont strictement aucune importance aux yeux d'Alda, pas même sa propre soeur, dont la mort est à peine évoquée. Les autres ne comptent, n'existent que par rapport à elle.
Ce roman a eu un succès retentissant en Scandinavie - voir la quatrième de couverture. Pourquoi ? Parce qu'Alda tranche avec les autres personnages féminins rencontrés dans la littérature islandaise, toujours soumis à un mari, un père, un frère, au destin terne, parfois tragique ? Alda est libre, totalement. Même sans l'héritage de ses parents, elle pourrait être indépendante financièrement, elle n'a besoin de personne pour subvenir à ses besoins. Si sa soeur est discrète (Alda "mange" littéralement le récit), Alma a fait un bébé toute seule et a élevé Sigga, sa fille, sans demander de l'aide à son géniteur. Elles se sont passées des hommes et Alda, dans sa vieillesse (elle a quarante-quatre ans à la fin du récit !) n'admet pas de perdre son indépendance en vivant avec un homme, ce qui troublerait sa vie rêvée avec son amant imaginaire, son "nounours" - encore le monde de l'enfance.
Un roman que je me suis forcée à terminer et que je suis soulagée de laisser derrière moi.