Titre : Les porteurs de glace.
Auteur :Anna Enquist.
Editeur :Babel.
Mon résumé :
Nico et Lou ont réussi leur vie professionnel. mais Nico et Lou ne se parlent plus. Depuis longtemps. Ils ne parlent surtout plus de Maj, leur fille. Elle a quitté la maison, six mois plus tôt. Ils ne l'ont pas fait recherché, puisqu'elle est majeure. Ils n'en ont parlé à personne. Ce secret ronge leur vie.
Circonstances de lecture :
J'ai lu ce roman dans le cadre d'une lecture commune avec le forum Partage-Lecture. Comme ce roman est néerlandais, je l'ai intégré au challenge Tour du Monde.
Mon avis :
Ce bref roman m'attirait, j'avais très envie de découvrir la littérature néerlandaise et la lecture commune a été pour moi l'occasion de le lire.
Ce roman est court, sec et froid. Les deux personnages principaux ont réussi leur vie professionnelle, tout va bien pour eux. Ce ne sont que les apparences, comme le jardin, si bien entretenu par Lou : il est constamment envahi par les sables.
Ce qui ronge ce couple, ce sont les non-dits. Ils ne datent pas de la fuite de leur fille. S'il fallait retrouver leur origine, il faudrait remonter vingt ans en arrière. Ne rien dire, coûte que coûte. Ne rien se dire, ce qui est bien pire, au point que Nico et Lou semblent tout ignorer l'un de l'autre. Ils vivent l'un à côté de l'autre, presque comme deux étrangers.
Cette volonté de préserver leur secret les rend à fleur de peau. ils en viennent à chercher, à chaque fois qu'une personne leur tend la main, des intentions inavouables - alors qu'il n'en est rien. Ce secret ronge leur vie. Ce n'est que seul que Nico et Lou parviennent à se dire - le discours est vraiment intérieur - leur vrai désir. Envie éperdue de se lancer à la recherche de sa fille pour Lou, besoin de se faire pardonner pour Nico. Je ne me suis pas du tout senti proche de Lou, parfaite épouse traditionnelle. Elle a réussi dans sa carrière, elle pourrait être indépendante, ou simplement se lancer à la recherche de sa fille, comme elle en meurt d'envie. Elle ne fait rien, elle estime que son rôle est de soutenir son mari, quelles que soient ses décisions. De quoi ont-ils tant peur pour ne pas oser être eux-même ? Dire son ressenti, est-ce signe de faiblesse ?
Cette situation est d'autant plus paradoxale que le métier de Nico est basé sur la parole. Sa réussit professionnelle (il va prendre la direction de l'hôpital et veut bouleverser son mode de fonctionnement) masque son échec privé (comme le dira un de ses collaborateurs, il a échoué, en tant que thérapeute avec sa fille). est-ce à cause de cet échec personnel qu'il veut réformer l'hôpital et refuser les thérapies mises en place par ses médecins ? Je le crois. Dépassé par sa propre violence, il ne lui reste qu'une solution : la fuite. Il brisera le mur du silence. Trop tard.
Trop court aussi. Le roman se termine après qu'un événement important est arrivé, et qu'un autre semble poindre à l'horizon. J'aurai vraiment aimé connaître une suite.
En dépit de ce constat pessimiste, j'ai très envie de me plonger à nouveau dans l'univers de cette auteur.