
Auteur :Yasmina Khadra.
Editeur : Folio.
Nombre de pages : 183.
Quatrième de couverture :
«Da Achour ne quitte jamais sa chaise à bascule. Chez lui, c’est une protubérance naturelle. Une cigarette au coin de la bouche, le ventre sur ses genoux de tortue, il fixe inlassablement un point au large et omet de le définir. Il est là, du matin au soir, une chanson d’El Anja à portée de la somnolence, consumant tranquillement ses quatre-vingts ans dans un pays qui déçoit. Il a fait pas mal de guerres, de la Normandie à Dien Bien Phu, de Guernica au Dhudjura, et il ne comprend toujours pas pourquoi les hommes préfèrent se faire péter la gueule, quand de simples cuites suffisent à les rapprocher ».
Mon avis :
J’ai découvert récemment, grâce au rendez-vous Découvrons un auteur chez Pimprenelle, que Yasmina Khadra avait aussi écrit des romans policiers et, quand j’ai trouvé Morituri chez mon bouquiniste préféré, je l’ai acquis aussitôt et je l’ai lu dans la foulée.
Premier constat : l’intrigue policière passe au second plan. Le commissaire Llob reçoit l’ordre de rechercher une jeune fille disparu, Sabrine Malek, mais cette enquête n’est qu’un prétexte, car le but du riche industriel est ailleurs. Llob, de porte qui se ferme en impasse, est mis sur la piste d'un réseau terroriste particulièrement actif.
Deuxième constat : Yasmina Khadra nous raconte l’Algérie des années 90, en pleine guerre civile. Il montre, il dénonce, dans une langue particulièrement riche et imagée, parfois violente, dans laquelle sa colère est palpable : «L’Algérie que je connais, ce n’est pas ça ». Les attentats sont fréquents, la peur règne, chaque jour ou presque apporte son lot de mort (et il est parfois mieux d'ignorer de quelle manière ils ont été tués).
Ce commissaire tranche avec les policiers que j’ai pu rencontrer jusqu’ici. Il est (presque) heureux en ménage, il a plusieurs enfants, cependant la guerre civile ronge sa femme et forcent ses enfants à trouver refuge ailleurs, là où ils ne risqueront pas d’être tués parce que leur père est policier.
Morituri n’est pas un roman policier, il est un cri de colère contre l’intégrisme et la corruption.