édition L'école des loisirs - 207 pages.
Mon résumé :
La famille Morlevent est composée de trois personnes : Siméon, Morgan et Venise, âgés respectivement de quatorze, huit et cinq ans. Leur père est parti, sans laisser d'adresse, leur mère s'est suicidée, etils ne peuvent rester seuls, même si Siméon, l'aîné, est un surdoué qui prépare son bacalauréat. Ils se font alors une promesse : ne jamais être séparés.
Mon avis :
J'ai adoré ! Oui, deux fois le même jour, j'ai presque l'impression que cela se fête, surtout après quelques lectures dont j'ai encore le souvenir peu agréable.
Les thèmes abordés ne sont pas drôles,
le récit l'est. Comment réagiriez-vous si trois petits frères et soeurs vous tombaient du ciel, alors que vous ignoriez tout de leur existence, pour la simple et bonne raison que votre père est
parti quand vous étiez tout jeune, voir encore dans le ventre de votre mère, et qu'il n'a plus donné aucun signe de vie ? Vous seriez surpris, je vous l'accorde, vous seriez peut-être même
abasourdi devant la tâche à accomplir, car il ne faut pas se leurrer - et Marie-Aude Murail ne nous leurre pas - prendre en charge trois orphelins, ce n'est pas facile. Voyaons maintenant les
candidats au tutorat :
- à ma droite, Josiane Morlevent, ophtmalmologiste réputé, spécialiste de l'opération de la cataracte des personnges âgées, mariée, pas d'enfants, en dépit de plusieurs tentatives infructueuses de fécondation in vitro. Aime beaucoup Deauville.
- à ma gauche, Barthélémy Morlevent, SPF (sans profession fixe) et pédésexuel (ce n'est pas moi qui le dis, c'est Venise, sa nièce de cinq ans). Calme son copain Léo en mettant des tranquilisants dans sa nourriture. Porte une boucle d'oreille. Beau comme un dieu. Grand lecteur de Spirou. Signe particulier : s'évanouit à la vue du sang.
Si vous ajoutez à cela que la demi-soeur déteste son demi-frère, et vice-versa, vous comprendrez que les enfants Morlevent ne sont pas près de trouver un peu de sérenité. Tous les coups ne vont pas être permis, non, ce sera bien plus feutré car les moeurs évoluent et Barthélémy ne peut pas ne pas obtenir la garde de ses demi-frère et soeurs juste parce qu'il est homosexuel. Non, il faut trouver d'autres motifs, comme son instabilité, la petitesse de son logement, voire porter quelques accusations... qui se trouveront vite démenties. Si la juge d'instruction montre son absence de préjugés et son amour du chocolat noir, en revanche l'assistante sociale est plus réticence, bien que consciente de l'évolution de la société. La petite Venise ne marie-t-elle pas ses poupées ensemble, en l'absence de Ken digne de ce nom ?
Marie-Aude Murail
n'hésite pas à dire quelques vérités qui fachent. Oui, il est plus facile d'être recueillie si on est une jolie petite fille de cinq ans, une vraie petite princesse, comme un nouvel accessoire
qu'on exhibe, que si l'on est plus commune, voire franchement disgraciée. Il n'est pas facile, pour les travailleurs sociaux, de veiller au bien-être de chacun des membres de la fratrie. Surtout
quand le pire survient. Car au milieu de la débâcle qui a suivi la mort de sa mère, Siméon a réussi à cacher les premiers symptômes de sa maladie. Le diagnostique est posé rapidement, car
Marie-Aude Murail n'est pas une adepte du mélodrame et des gros effets soulignés. Le combat contre la maladie est montré dans toutes ses étapes, de manière réaliste et sans pathos, du côté du
malade et du côté des soignants. Comme un contrepoint bienvenue, entre deux scènes douloureuses, j'ai ri, non à cause de Siméon, mais à cause de Bart, son grand frère. Et hop ! Un
évanouissement à la première prise de sang. Et hop ! Encore un petit malaise. Vite, une chaise pour monsieur Morlevent, non, pas le petit, le grand, il se trouve mal. Accompagner son petit frère
dans ses douloureuses séances de soin permet à Bart de mûrir un peu et surtout, de prendre conscience de son attachement pour ce petit frère tombé quasiment du ciel.
J'ai très envie de vous en dire plus, j'ai encore plus envie que vous découvriez ce magnifique roman de Marie-Aude Murail.