Titre
: Portrait Sépia.
Auteur :Isabel Allende.
Editeur : Le livre de poche.
Nombre de pages : 408.
Quatrième de couverture :
Fin du XIXe siècle en Californie. La très riche Paulina del Valle recueille Aurora, sa petite-fille orpheline âgée de cinq ans. Pauline donne ce qu'il y a de mieux à l'enfant, mais elle lui cache la véritable identité de ses parents. Après son veuvage, Paulina décide d'entreprendre un voyage en Europe pour parfaire l'éducation de sa protégée. A Paris, lors d'une réception à l'ambassade du Chili, la jeune Aurora fait la connaissance de Diego Dominguez, un séduisant officier de marine. De retour au pays, elle épouse ce fils de grands propriétaires terriens. Mais la la lune de miel est douloureuse : Aurora souffre d'un traumatisme qui a effacé de sa mémoire les cinq premières années de sa vie. Confrontée à la trahison et à la solitude, elle décide d'explorer son passé...
Merci à BOB et aux éditions Le livre de poche pour ce partenariat.
Mon avis :
Quelle magnifique découverte ! J'aimerai simplement m'en tenir là et vous laisser lire ce roman flamboyant. Pour moi, qui n'ai jamais lu un seul roman d'Isabel Allende, je suis littéralement envoûtée par cette oeuvre foisonnante, et je n'ai qu'une envie : découvrir le destin de Nivea del Valle, héroïne de La Maison aux esprits et personnage secondaire de ce récit.
Le roman se décompose entre trois parties :
- 1862-1880 ou le récit de tous les événements qui ont conduit à la naissance d'Aurora, l'héroïne.
- 1880-1896 ou la jeunesse d'Aurora.
- 1896-1910 son mariage et sa vie de femme.
La grande force de ce roman est que la narratrice raconte, et jamais ne juge les personnages. Elle dit leurs amours, leurs joies, leurs peines, leurs souffrances, tous les sentiments positifs ou négatifs qu'ils ont ressentis ou provoqués mais jamais elle n'alourdit ce roman par des jugements moraux, qui auraient été déplacés. Deux types d'écriture alternent. Le point de vue omniscient est privilégié, quand Aurora reconstitue la vie de ses ancêtres et de ses proches, résultats de son enquête pour lever le secret qui a effacé de sa mémoire les cinq premières années de sa vie. Par contre, dès qu'Aurora raconte ses propres souvenirs, elle utilise le point de vue interne.
Tous les personnages de ce roman ont de fortes personnalités. Paulina del Valle, au tempérament volcanique, mène sa vie et ses affaires d'une main de maître, et pallie aux défaillances des hommes de sa famille. Eliza Sommers, également passionnée, vit son histoire d'amour interdite aux yeux de la bonne société californienne avec Tao Chi'en, un zhong yi, c'est à dire un médecin chinois. Parler de sacrifice à son égard me paraît mal venu : elle oublie son bien-être au profit de celui de l'être aimé, en toutes circonstances. Ces deux femmes, grand-mères de l'héroïne, ont en commun leur sens de l'honneur et leur volonté de faire tout ce qu'il y a de mieux pour leur petite-fille commune, Aurora.
Autant dire que c'est une vie de rêve, qu'Aurora vivra auprès de sa grand-mère. Elle recevra une éducation privilégiée, puisque jamais sa grand-mère ne la laissera longtemps dans une pension relogieuse. Education presque masculine, puisque dès l'âge de treize ans, Aurora se prendra de passion pour la photographie, et développera ce don auprès d'un maître que ni l'argent ni le pouvoir ne peuvent fléchir.
Pourtant, Aurora sera touchée par les soubresauts de l'histoire. Roman des passions, Portrait sépia est aussi une grande fresque historique mettant en scène la turbulente histoire du Chili. Ses proches, notamment son père adoptif Sévéro del Valle, y ont pris part, quand ils n'ont pas payé un lourd tribu à leurs idéaux. Il montre aussi l'omniprésence de la religion dans la bonne société chilienne. Les femmes étaient réduites au rôle de reproductrice, maintenues dans l'ignorance la plus complète. Autant dire que chacune des membres de sa famille, par sa vie hors-normes, a contribué à faire d'elle une femme libre de prendre son destin en main, même si son destin fait scandale.
Ce roman sera sans doute mon dernier coup de coeur de l'année 2010.