Titre : Un brillant avenir.
Auteur : Catherine Cusset.
Editeur : Folio.
Nombre de pages : 370
Quatrième de couverture :
En 1958, malgré l’opposition de ses parents, Elena épouse Jacob, un Juif. Elle réalise son rêve : quitter la Roumanie communiste et antisémite de Ceaucescu et émigrer aux Etats-Unis.
Elle s’y fait appeler Helen et rompt avec son passé. Mais, vingt ans plus tard, elle se retrouve confrontée à une réalié qui lui échappe : l’indépendance de ce fils à qui elle a tout sacrifié, et qui épouse Marie, une Française. Compte-t-il partir à son tour ?
Helen n’aime pas la jeune femme, qu’elle trouve égoïste et arrogante. Marie a peur de cette belle-mère dont le silence recèle une hostilité croissante. Pourtant, entre ces deux femmes que tout oppose - leur origine, leurs valeurs et leur attachement au même homme -, quelque chose grandit qui ressemble à de l’amour.
Mon avis :
J’ai laissé passer du temps entre la lecture de ce livre et la rédaction de mon avis, car je ne peux pas vraiment dire que je l’ai apprécié. Je n’ai pas été touché par le destin de cette femme. Pourtant, le livre est remarquablement écrit, le texte est techniquement parfait, ciselé au cordeau. Serait-ce cette précision technique, jointe à la difficulté qu’à l’héroïne à exprimer ses émotions, qui font que je n’ai ressenti que peu d’émotions en lisant ce livre ?
Dès le départ, le dénouement nous est connu, ce qui ôte une dimension au roman : je n’ai eu strictement aucune inquiétude pour l’héroïne, je savais que quelles que soient les épreuves qu’elle traverserait, elle et sa famille les surmonteraient. L’intérêt est plutôt de savoir comment Elena, douce petite fille aimant le français, est devenue Helen, américaine aisée et extrêmement stricte.
Helen a réduit la cellule familiale à sa plus simple expression : son mari et son fils. La venue de sa belle-fille est ainsi une intrusion intolérable puisqu’elle perturbe le « brillant avenir » qu’elle avait programmé pour son fils, et ce, depuis fort longtemps. Helen n’a pas d’amis non plus, si ce n’est deux collègues de travail. Au moindre affront (ou supposé tel), elle coupe immédiatement toute relation de manière définitive. Le fait qu’elle ait vécu une enfance solitaire, sans ami et quasiment sans amour, la nécessité de cacher son amour puis la nécessité de dissimuler ses véritables opinions font qu’elle est incapable de se confier ou même de dire, simplement, ce qu’elle a sur le cœur. Helen a beau trancher dans le vif, elle reproduit sur son propre fils ce qu’elle a elle-même vécu - et son fils, tout comme elle, choisira avec détermination sa nouvelle cellule familiale. Ce n’est que parce que son fils est le seul amour de sa vie qu’elle passera outre et parviendra à « créer un pont » entre elle et sa belle-fille. Helen a appris à enfouir au plus profond d’elle-même le moindre signe de faiblesse, si bien qu’elle ne l’admet pas non plus chez les personnes qu’elle aime.
Avec Elena, nous avons un aperçu des atrocités de ce siècle : la Shoah, le communisme, les conflits au Moyen-Orient. Avec Helen, nous découvrons que la vie aisée aux Etats-Unis n’empêche pas les sacrifices, petits ou grands, ni les souffrances.
Camille est comme l’aboutissement de tous ses efforts et elle est promise elle aussi à un «brillant avenir ». Pourra-t-elle le choisir ?