édition 10/18 - 249
pages.
Mon résumé :
L'industriel Viktor Palmgren a été assassiné en plein restaurant, alors qu'il s'apprêtait à prononcer une petite allocution devant ses convives. L'assassin, que personne ne parvient à décrire, a pris la fuite. La police est sur les dents. Martin Beck est nommé pour superviser l'affaire, car la mort de Palmer pourrait avoir des conséquences internationales.
Mon avis :
Ce polar date de 1970 et comme le précédent opus que j'ai lu de ce duo d'auteurs L'homme qui partit en fumée , il montre que le polar suédois n'est
pas né avec Henning Mankell et Steg Larsson. Surtout, il montre une société suédoise qui va de plus en plus mal. La police est débordée : bienheureux se sentent-ils s'ils n'ont eu que des
cambriolages ! Les drogués se ramassent à la pelle, et de plus en plus jeunes (douze ans...), la prostitution est monnaie courante, du trottoir à de luxueux appartements, les agressions,
viols, meurtres, sont quotidiens, et ce meurtre, sur lequel se concentrent toutes les énergies de la police (non par choix, mais par ordre) n'est qu'une goutte d'eau dans un océan de
violence.
J'ai retrouvé Martin Beck. Si ses méthodes n'ont pas changé, sa vie privée a évolué : il s'est séparé de sa femme, d'un commun accord, et vit plutôt bien cette situation. Contrairement à un collègue qu'il apprécie peu, il prend le temps de réfléchir avant d'agir. Je ne veux pas dire qu'il est pantouflard, non, juste que ce n'est pas lui qui se retrouverait à interroger un témoin à la mâchoire brisée pour cause de fusillade dans Stockholm. Ce qui peut surprendre est le manque de moyen technologique, à une époque où, d'un simple "clic", les enquêteurs de nos séries télévisées savent tout... sur tout. Il faut parcourir la région en tout sens pour retrouver un témoin, découvrant ainsi une floppée de logements sordides aux loyers prohibitifs, passer des coups de fil en passant par le standart, qui répond souvent "qu'il n'y a pas d'abonnés au numéro demandé". Les rapports sont longs comme des jours sans pain et leur déchiffrage prennent plus de temps qu'il ne m'en a fallu pour lire ce roman.Certains policiers préfèrent même le vélo à la voiture.
Parlons-en, justement, de la police. les deux auteurs pointent ses déficiences, d'où ce titre, drôle certes, mais qui rappelle que l'enquête aurait pu être résolue bien plus rapidement, s'il n'y avait eu une toute petite histoire de frites. Par solidarité, les policiers se soutiennent entre eux, sauf quand la coupe (ou, en l'occurence, le cornet de frites) déborde. La faute en est aux dirigeants qui ont sous-estimés les problèmes en Suède et recruter à la va-vite n'importe qui (quand ils ont recruté...). Quant à la SEPO (sorte de section spécialisée dans l'espionnage), elle serait à mourir de rire si elle n'existait réellement. Beck élucidera l'affaire, envers et contre tous. Le dénouement, par son réalisme, le laissera insatisfait.
Un très bon moment de lecture.