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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 22:09

medium_JAFFFRES_couv3.jpgNotre guerre et notre vécu en Algérie de Jean-Yves Jaffres.

 

Merci aux agents littéraires pour ce partenariat. Merci à l’auteur pour le travail effectué.

 

Mon avis :

 

J’ai mis beaucoup de temps à lire ce livre, pour lequel j’ai postulé auprès des agents littéraires. Il faudrait que je m’interroge un jour sur mon besoin de lire ces témoignages de ceux qui ont vécu des guerres, témoignages qui sont très marquants.

 

Préambule personnel : les témoignages sur cette période sont rares. La guerre, à l’époque, ne disait pas son nom. Il est facile de dire après coup que les soldats envoyés là-bas auraient pu ne pas y aller – je ne crois pas que déserter était si évident dans les années cinquante-soixante, ni que les objecteurs de conscience étaient nombreux.

 

Dans le premier chapitre, Jean-Yves Jaffres rappelle l’histoire de la conscription en France. Après ce préambule, il livre un témoignage particulièrement poignant : celui de quatre prisonniers du FLN. Les mots sont simples, bruts poignants. Ce ne fut pas la partie la plus facile à lire – si tant est qu’il y en est eu une. Les photos qui illustrent ce chapitre mettent un visage sur ces témoignages. L’amertume est perceptible, bien que les années aient passées. La douleur aussi, physique, bien sûr, mais moral, surtout. Dire l'indiscible.

 

Le second chapitre parle des « rappelés ». Je ne connaissais pas vraiment ce terme avant de lire cet ouvrage. Ce journal de six mois est concis et précis. Il rapporte la vie quotidienne, les opérations, l’entraînement.

 

Le chapitre trois est un journal, autant dire un témoignage assez rare : Jean-Yves Jaffres ne l’a pas retouché, il a eu raison. On pourrait reprocher au texte de ne pas être assez littéraire, ce n’est pas le but. Les tâches quotidiennes et les opérations alternent. Le texte parfois est extrêmement concis, proche de la prise de note.

 

Le chapitre 4 et le chapitre 5 sont  des extraits de journal de marche d'une Batterie (je souligne encore mon ignorance au sujet de ce terme).

 

Le chapitre six semble une litanie : je retiens le nombre de tués que rien ne semble conjurer.  J'ignorais aussi avant de lire ce livre que les compagnies de dragon existaient encore.  

 

Le chapitre 7 se scinde en trois parties, trois formes de témoignage : j'étais dans le train, abondamment illustré par les documents d'époque, j'étais dans la Marine dont je retiens cette longue citation  : "Au feu, on ne se déguise pas - On est ce qu'on est- Car vous qui avez servi en Algérie en Tunisie et au maroc, fussiez-vous colonel, capitaine, ou 2e classe, eussiez-vous commandé une Unité au feu, simplement essuyé quelques rafales, ou fait votre humble boulot dans un d^pôt d'essence, au foyer, ou au magasin d'intendance sans jamais entendre le claquement d'une balle, si vous avez fait votre travail, votre devoir avec conscience, eussiez-vous une Croix de la Valeur Miliaire surchargée de palmes, ou simplement la carte du Combattant, soyez fiers ; ne rougissez pas, ne vous excusez pas, et laissant l'oppobre à ceux qui savaient ce qu'ils faisaient - Revendiquez avec orgueil votre titre de Combattant d'Algérie" Colonel Henri de Mire, p. 212.

Il parle aussi de ces hommes qui n'en ont pas fini avec la guerre d'Algérie parce qu'ils n'ont pas oublié les tragédies dont ils ont été témoins et qui, aujourd'hui, entendent les mêmes constats manichéens : "J'ai pensé et pense encore à tous ces morts pour rien, à tous ces blessés, aussi bien dans leur chair que dans leur coeur, à tous ces porteurs d'uniformes sur lesquels planent aujourd'hui les ombres de drôles d'images", p. 226, témoignage de Joël Avignon, fusillier marin.

La troisième partie, constacré aux paras, prend une curieuse résonnance pour moi (et oui, je viens de voir un film où les paras sont présentés comme des hommes aimant la violence et la torture) car il montre avant tout les pertes et les disparitions subies par ses compagnies. Je ne me leurre pas : l'image de ce qu'il est advenu de ses hommes m'a empêchée de dormir après la lecture de ce chapitre.

 

Le chapitre 8 s'intitule Divers témoignages et anecdotes d'Algérie. Bien sûr, j'aurai envie de les citer tous. Si certains contiennent des vrais moments "d'apaisement", ils n'oublient jamais que l'horreur quotidienne n'est pas loin. La mort d'un jeune soldat. La corvée de bois qui sévissait dans les camps de prisonniers (les soldats ne se voilent pas la face). Une femme témoigne : une jeune bretonne qui s'est mariée à un appelé et a mis au monde en Algérie son premier enfant.

 

Le chapitre 9, Souvenirs d'Algérie,  comporte six témoignages différents mais tous ont le même dénominateur : la mort d'un camarade ou d'un civil ne s'oublie pas. Témoignage rare que les lettres du docteur Jean Boyadjian à son cousin. Ce témoignage à chaud a eu la chance de parvenir jusqu'à nous.

 

Le chapitre 10, Le Sahara, est un chapitre presque reposant, puisqu'il décrit la vie quotidienne, les coutumes et la flore dans le Sud de l'Algérie. Le narrateur n'oublie pas de nous parler de sa vie d'appelé mais aussi de son parcours d'après l'Algérie. La vie a continué.

 

Le chapitre 11 J'étais instituteur en Algérie m'a bien sûr particulièrement intéressée. J'ai eu l'impression que, déjà, à l'époque, on avait une fâcheuse tendance à envoyer les jeunes instituteurs "au charbon", sans formation particulière. Je retiens ces phrases de René Jet, p. 362 : La guerre d'Algérie est réellement finie. Mais que de gâchis ! [...] La France métropolitaine n'avait jamais voulu regarder le problème en face. Elle ne s'est intéressée à l'Algérie que lorsque le sang a coulé. Le sang européen. On n'a pas voulu considérer les musulmans comme des hommes. Quand on l'a fait, c'était trop tard. Bien trop tard.

 

L'ultime chapitre contient des témoignages d'ex-prisonnier du FLN, d'algériens, mais aussi des femmes, des fiancées, ou simplement des amies (futures épouses) des appelés.  

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 15:42

Letrtes.jpgéditions Dubuisson - 143 pages.

 

Quatrième de couverture :

 

Les lettres réunies dans ce recueil ont été adressées par le lieutenant de Reinach à sa famille pendant les six années qu'il a passées en Indochine. Écrites au jour le jour, sans aucune recherche de style, elles n'étaient pas destinées à la publicité. On y trouvera, à côté de descriptions simple, mais sincères du pays, les difficultés de la vie coloniale où l'officier et l'administrateur doivent, de leur propre initiative, suppléer à l'insuffisance des moyens dont ils disposent. on y verra le lieutenant de Reinach faisant, tour à tour, oeuvre de militaire, d'explorateur, de juge, d'ingénieur, voire même de vaccinateur.

 

Circonstance de lectures :

 

Je suis passionnée par l'Indochine depuis si longtemps que je ne me souviens pas quand cette passion a commencé. Aussi, quand j'ai vu que BOB proposait ce partenariat, j'ai postulé, espérant être choisie. Je l'ai été, et  j'enremercie sincèrement BOB et les éditions Dubuisson. 

 

Mon avis :

 

Cette correspondance est divisée en trois parties : le voyage, le séjour en Indochine puis son affectation au Laos. Certains s'étonneront de l'importance accordée au voyage mais ce texte nous replonge dans la réalité du XIXe siècle. Voyager, c'est attendre que la marée monte, que les conditions climatiques s'améliorent, que l'heure de la correspondance arrive.  Lucien de Reinach part en Indochine dans un but précis : servir la France. Certes, nous sommes dans une colonie, pourtant il se montre toujours respectueux des indigènes (le mot n'a rien de choquant sous sa plume) qu'il rencontre. Son but est de leur venir en aide, comme le prouve par exemple son oeuvre de vaccinateur (il n'en parle qu'à la toute fin de son séjour, comme si, pour lui, agir ainsi était la moindre des choses.

 

Sa situation reste longtemps précaire et rend sa tâche difficile : il ne sait où loger, ses missions, pas toujours bien définies, se modifient, la nourriture est peu variée, la chaleur constante. Il passe beaucoup de temps à attendre (pour ne pas dire à tuer le temps) même quand il reçoit son affectation pour le Laos.Lucien de Reinach informe véritablement les siens de ce qu’il vit, et ne se disperse pas inutilement. Son point d’ancrage reste la France et par delà les distances, il se tient informé de ce qui se passe grâce aux journaux français qui lui parviennent, tout comme ses proches se tiennent informés des événements en Indochine. 

 

Cette lecture fut agréable, notamment grâce à un style simple et accessible. Lucien évoque parfois son carnet de bord qui l’aide dans l’écriture de ses lettres. Son texte m’a rappelé les récits des voyageurs du 16e siècle, qui comparaient toujours ce qu’ils voyaient à quelque chose que leurs lecteurs connaissaient (Paris, Trouville, ou encore Nice).

 

Ce recueil constitue un témoignage juste et simple sur la vie en Indochine au XIXe siècle.

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 09:44

  Le-Rhin.jpg

 

éditions François Bourin - 570 pages :

Circonstances de lecture :

 

J'ai reçu ce livre grâce à BOB et aux éditions François Bourin. Merci à eux pour ce partenariat.

 

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Mon avis :

 

Le récit de voyage est un genre à part entière dans la littérature. Les tous premiers furent sans doute Le livre des merveilles de Marco Polo ou Histoire d'un voyage fait en terre du Brésil de Jean de Léry. Le but était alors de faire découvrir aux européens des contrées inconnues.

 

Au XIXe siècle, le récit de voyage redevient à la mode. Tout jeune homme bien né se devait de faire le voyage en Italie - Théophile Gauthier s'en fera l'écho dans Arria Marcella.  En tant qu'auteur, il voyagera lui-même beaucoup, écrivant un Voyage en Espagne, un Voyage en Russie, et autre Italia, dont la rédaction servait en partie à financer le voyage.

 

Victor Hugo choisit le Rhin, autant dire que la destination peut étonner dans ce contexte. Il écrit de longues lettres (trente-neuf en tout), très littéraire, et très travaillées : la volonté de publication est bien présente, le lecteur ne fait pas intrusion dans une correspondance privée publiée après coup. 

 

Ce qui surprend à notre époque est la lenteur du voyage. Nous n’avons plus l’habitude d’attendre les diligences, ou de patienter quelques heures dans une modeste ville de province une correspondance vers l’étape suivante. Surtout, ce qui nous préoccupe dans un voyage est la destination, non le trajet, et nous n’y accordons plus aucune importance. Ce n’est pas le cas de Victor Hugo. Où qu’il s’arrête, il décrit les monuments, si modestes soient-ils, qu’il découvre, retrace l’histoire de la ville et de ses habitants marquants, tout en étant attentif aux petites gens qu'il croise. Conteur, il s'intéresse aux légendes, il consacre même à l'une d'elle une lettre entière (la lettre 21). 

 

Dans ce récit de voyage, je n’avais pas de repères actuels (je connais peu cette région) et cela m’a sans doute manqué pour mettre des images sur les mots. Pourtant les images ne sont jamais loin car Hugo reste un poète, même quand il choisit la prose. Les figures de style comme les gradations (j’éprouvais le besoin de sortir de la ville, de respirer, de voir les champs, les arbres, les oiseaux) ou les antithèses (pas une grille qui ne soit rouillée là où elle a été dorée)donnent de la force à ce discours. Hugo est déjà un écrivain engagé : il dénonce, la brutalité ou l'indifférence dont il est témoin, l'abandon dans lequel notre patrimoine est laissé (ceci ne dérangeait pas beaucoup en 1838).

 

Le Rhin n‘est pas un paisible carnet de voyage, le texte est particulièrement riche et varié. A ce titre, je vous conseillerai de fractionner sa lecture, afin de mieux l'apprécier .

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 18:14

Couverture_Princesse_Soso.jpgTitre :  Chronique d’une prof qui en saigne.

Auteur : Princesse Soso.  

Editeur : Privé

Nombre de pages : 332.

 

Circonstances de lecture.  

 

J’ai reçu ce livre grâce à Lystig, qui fait voyager son livre. Un grand merci, car j’ai passé un très bon moment de lecture. N'hésitez pas à aller visiter son blog : link.

 

Quatrième de couverture :  

 

Princesse Soso, qui rêvait d’être trapéziste ou éleveur de bisounours, est finalement devenue professeur d’anglais. Catapultée dans un collège de campagne, elle se retrouve quand même en plein cirque, aux premières loges pour étudier le jeune, cet être mystérieux et fascinant, et tout son entourage.

Chaque année, ça recommence ! Un an à jongler entre ceux qui aiment s’entretuer à coups de compas, ceux pour qui l’école est une annexe de Meetic et les Choupi-trop-mignons. Un an de rires, de larmes et d’incompréhensions mutuelles, auxquels participent les parents et le personnel de l’Education nationale. Un an où tout le monde dira encore que les profs sont des feignasses-tortionnaires-payés-à-rien- foutre-toujours-en-vacances-ces lopettes ! Une année scolaire d’émotions, de critiques du système et de coups de colère, décrits dans ces pages avec un humour corrosif.

Le collège est une jungle. Voici un accès backstage pour découvrir l’envers du décor.

 

Mon avis :

 

Les témoignages de professeur fleurissent, et je les lis rarement, parce que je me reconnais pas dans leurs textes, et parce qu‘ils sont rarement bien écrits (je ne citerai aucun titre).

 

Ce livre est très différent : je me suis reconnue dans beaucoup (trop) de situations. L’auteur pointe les dysfonctionnements du système scolaire en s’appuyant sur son expérience quotidienne. Elle dénonce la logique de rentabilité de l’Education Nationale (moins de professeurs, moins de surveillants, moins de moyens), le discours des formateurs, trop souvent coupés de la réalité (qui ne connaît pas le référentiel bondissant, le support typographique ou l‘espace-classe), et ceux des inspecteurs, qui frôlent l’utopie (voir l’inspectrice d’éducation musicale, p. 174).

 

Certes, le livre colle tellement à l’actualité, y compris dans les références culturelles (Les Feux de l’amour, Secret story, Justin Bieber) qu’il risque de se démoder rapidement, surtout que, depuis sa parution, j’ai eu le privilège de découvrir les applications des nouvelles réformes. Je veux parler des professeurs stagiaires qui, en mars, ne savaient pas préparer une séquence, et encore moins une progression pédagogique, des nouveaux programmes (sans aucune formation cette année pour le niveau 4e), des médiateurs (qui ne seront restés qu’un an dans mon établissement, et tant pis s‘ils faisaient du bon travail ou si les élèves les appréciaient, un contrat terminé est terminé).    

 

Le livre, bien construit, n’oublie aucun des aspects du travail du professeur : la journée de cours, la correction des copies, les appréciations apposées sur les bulletins scolaires, les conseils de classe, les réunions parents-professeurs et, cerise sur le gâteau, la joie des sorties scolaires. Il parle aussi des laissés-pour-compte de l’éducation nationale, les TZR ( deuxième trimestre, 26 mars, criant de vérité). Il le fait dans un style familier, très proche finalement du langage des jeunes sans pour autant le caricaturer. Il pourra séduire, ce qui fut mon cas (Princesse Soso écrit tout haut ce que d'autres n'osent même pas penser tout bas) ou déplaire car, comme chacun sait, un professeur se doit d'user d'un langage irréprochable.

 

Un livre à lire, à conseiller, surtout si vous connaissez un adolescent (si, si, ils en existent) qui souhaitent devenir professeur.

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 14:43

Titre : Hell of a woman.

Auteur : Nina Van Horn.

Editeur : sociétés des écrivains.

Nombre de pages : 223.

 

Quatrième de couverture :

 

Ces Femmes du Blues étaient des «Journalistes-chanteuses » dont Nina Van Horn se revendique, elles décrivaient par petites touches précises la dure société de la Grande Dépression. La Ségrégation, l’alcoolisme ou la drogue… Elles n’avaient pas peur d’aborder des sujets aussi tabous que l’homosexualité, le racisme au quotidien et les droits des femmes.  

 

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  Mon avis : 

 

Ce livre est écrit par une passionnée, qui nous raconte la vie de douze femmes d'exception. Je pense que le livre aurait été très différent s'il n'avait pas été écrit par une femme qui chante et qui, par conséquent, comprend parfaitement ce que ces femmes ont pu ressentir.

 

Douze femmes unies par leur passion de la musique, douze destins très différents. Parmi elles, je n’en connaissais que deux : Bessie Smith, dont le destin avait profondément choqué Janis Joplin et Billie Holiday. Laissez-moi vous présenter les autres : Alberta Hunter, Victoria Spivey, Memphis Minnie, Lil Green, Ma Rainey, Georgia White, Mildred Bailey, Kate McTell, Sister Rosetta Tharpe, et Odetta. Dès leur plus jeune âge, elles ont ressenti le besoin de chanter. Elles ont parfois pris la route très tôt, quittant leur famille parce que leur quotidien était difficile (pour ne pas dire plus). Elles n’ont pas eu peur d’aborder des thèmes tels que l’alcoolisme, la prostitution et l’homosexualité féminine, de manière détournée, bien sûr : la censure veillait, les rumeurs couraient et elles eurent le courage d’y répondre avec talent.

   

Les deux premiers chapitres retracent l’histoire des Etats-Unis pendant les années qui virent l’émergence du blues. Ils sont indispensables pour comprendre la situation économique et le racisme d’état. Au fil des douze chapitres suivants, il fera fréquemment irruption : impossible de chanter dans la même salle que les blancs, de loger dans le même hôtel en tournée, impossible d’être soignée dans le même hôpital.

   

Chaque chapitre a la même structure : il ne se contente pas de nous raconter, la vie et la carrière de la chanteuse, il l’illustre par des documents d’époque (photos, pochettes de disque, affiches de tournées; timbres) ou plus récents et se termine par le texte d‘une chanson. J’ai une tendresse particulière pour les dernières photos sur scène d’Alberta Hunter ou de Victoria Spivey. Plus sombre, leurs sépultures sont parfois photographiées. Elles sont le témoignage de leurs admirateurs mais, pour certaines, de la brièveté de leur existence. Lil Green est morte à 35 ans d‘une pneumonie, Mildred Bailey, Bessie Smith et Billie Holiday mourront au milieu de la quarantaine, Ma Rainey avait 54 ans quand elle s’est éteinte.

   

Nina Van Horn a choisi le texte qui était le plus représentatif de l’art de la chanteuse. Pour Billie Holiday, Strange fruits s’imposait. Les autres textes ne sont pas en reste et détonnent par leur engagement ou par la manière dont-elles dépeignent une époque. Je pense à God don’t like it de Kate McTell, qui dépeint les ravages de l’alcoolisme. Cette chanteuse est sans doute la moins connue de toutes car après son divorce, elle a cessé de chanter et mené une paisible vie de famille. Elle seule a mis fin définitivement à sa carrière car en dépit de pause, volontaire (prendre soin d'un membre de sa famille) ou non, toutes les chanteuses évoquées ont repris leur carrière envers et contre tout, parce que rien ne pouvait remplacer le fait de chanter sur scène. 

 

Je n'aurai qu'un bémol à apporter : les coquilles ont gêné ma lecture. Ce sont essentiellement des erreurs d’accentuation (a/à, où/ou) qui nuisaient vraiment à ces textes enthousiastes.

 

J'espère sincèrement que ce livre aura une suite et nous permettra de découvrir d'autres chanteuses. 

 

 Je tiens à remercier chaleureusement BOB et les éditions Sociétés des écrivains pour ce partenariat. 

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 10:07

couv-des-ailleurs-impossibles.jpg

Titre : Des ailleurs impossibles.

Auteur :Eugénia Patrizia Solda

Editeur : chèvrefeuille étoilée.

Nombre de pages : 252.

 

Quatrième de couverture :

 

Après Itinéraire d'une délinquante juvénile, publié comme premier tome d'Un demi-siècle de la vie d'une femme, Eugénia Patrizia Solda continue pour nous son parcours et nous plonge dans la France des années 60. A dix-sept ans, elle étouffe dans une famille dont elle ne peut accepter l'étroitesse et l'hypocrisie et se retrouve aussi confrontée à une société de classes, encore bardée de rejets et où elle, la Ritale, peine à trouver des repères. Avec une finesse et ue justesse qui donne le ton de ce livre, elle  nous décrit une France ouvrière où, dans les ateliers de confection, l'arrogance et le mépris des chefs faisaient courber la tête des "petites mains", la France d'avant mai 68 où sont déjà perceptibles les frémissements et la révolte d'une jeunesse qui rêvait de briser les carcans.

Quelques jours dans la vie d'une femme, une errance, des amours et des adieux, des rencontres dans les rues et les nuits de Paris, une ville magnifiquement décrite, et surtout une quête : celle d'une presque femme à la recherche d'ailleurs impossibles, et surtout en quête d'elle-même dans un univers oùson corps de femme lui est prison, et où elle sait que si elle ne veut pas se perdre, il lui faut "se battre,mordre et survivre".

 

Merci à Babélio et aux éditions Chevre-feuille Etoilée pour ce premier partenariat.

 

Mon avis :

 

Qu'évoquent les années 60 pour vous ? Les yéyé, mai 68 ? Une époque insouciante et heureuse ? Ce sont du moins les clichés véhiculés de nos jours. N'avez-vous pas entendu, parfois, des soupirs de nostalgie, des "c'était mieux avant' ?

 

Ce livre va à contre-courant. Patrizia, la narratrice, nous livre, dans une écriture à vif, heurtée, un mois de sa vie de jeune femme, un mois où elle a vécu une vie d'errance dans Paris. Des termes très contemporains me viennent à l'esprit pour qualifier ce qu'elle a vécu : "précarité, SDF". Ils sonnent fades et creux par rapport à  l'intensité de ce qui est raconté. Patrizia a connu l'enfermement, dans une maison de redressement, elle est toujours enfermée dans un carcan familial et bien pensant. Le temps qui a passé semble ne pas avoir cicatrisé ses blessures et la révolte est toujours là, brûlante. Elle l'emporte toujours car jamais la narratrice ne cherche à attirer notre compassion.

 

Patrizia est triplement prisonnière. Elle est mineure, donc ses parents peuvent disposer d'elle à son gré. Ses peurs n'ont rien de chimériques. Elle est femme, donc son corps est étroitement surveillé, suspecté par les femmes (sa mère en tête), désiré avec brutalité par certains hommes (il n'est pas question d'amour). Elle est immigrée italienne, et s'accroche à ses papiers qui lui permettent de rester en France. Pour ses compagnons d'infortune, ceux qu'elle retrouve au Vert-Galant, ce n'est en rien péjoratif au contraire, Dick lui trouve même un air de "madone italienne". Pour les autres (et ils sont nombreux), cet état de fait est une source perpétuelle de brimades et de vexations, un motif supplémentaires de suspicions. 

 

Le récit ne dure qu'un mois, pourtant il donne l'impression que le temps a été dilaté, tant un mot, un geste, a pu raviver chez la narratrice un souvenir, souvent celui d'une rencontre ou d'un événement pénible. S'il est vrai que je trouvais désagréable au début de croiser ses personnes, et de ne plus les revoir (Paulette est une exception), j'ai eu l'impression que grâce à eux, Patrizia dressait un état des lieux des carences affectives, des souffrances familiales. Les siennes d'abord, entre un père dépressif, une mère et une soeur qui ne comprennent pas ses aspirations. Celles de ses compagnes d'infortunes ensuite. Les familles décomposées ne sont pas l'apanage des années 2000, et les enfants avaient encore plus de mal à trouver leur place. Que dire de Paulette, préférant changer d'identité la nuit, métisse et enfant illégitime ? Sa petite soeur, qui  n'a aucun prénom, sans doute pour compenser la double identité de sa soeur, est élevée par une nourrice, à la campagne, comme dans les romans du XVIIIe siècle. Quant à Dick, qui veut vivre son amour pour Karine librement, il endurera la même souffrance que les amoureux ordinaires. J'ai une tendresse particulière pour lui, car il est un des rares personnages entièrement désintéressé de ce récit.

 

La narratrice ne nous épargne rien - mais devait-elle nous épargner quelque chose ? Trouver un lieu où dormir, sans crainte du froid, des rafles est une préoccupations première - une question de survie. Se nourrir ensuite - un acte si simple en apparence. J'ai eu des crampes d'estomac à chaque fois qu'elle rappelait qu'elle n'avait pas mangé à midi, ou qu'elle n'avait rien mangé de la journée. Avoir de vêtements propres, pouvoir se laver, bref, garder sa dignité sont des combats quotidiens. La solidarité vient de ses compagnons de la rue, ceux dont la précarité est encore plus palpable que la sienne, ou de rencontres de hasard. J'avoue que certaines situations m'ont choquées, notamment celles qui sont liées au monde du travail.

 

Oui, le travail se trouvait facilement, dans ses heureuses années soixante : Patrizia ne retrouve-t-elle pas un emploi de couturière en une semaine ? S'il est si facile à trouver, c'est parce que l'être humain est jetable et consommable, surtout s'il s'agit d'une femme. Il est facile de la "consommer", comme elle a failli l'être par le fils du chocolatier, ou d'en avoir "deux pour le prix d'une, comme dans cet hôtel, où la fille et la mère, en situation précaire car immigrées, travailleront de concert.

 

Patrizia ne se résigne pas, c'est pour cette raison que son mariage m'a étonnée. Son mariage est un rachat, dit-elle, pourtant l'angoisse sourd dans ses trois dernières pages. Patrizia sera-t-elle heureuse ? Celle que son père chosifie en la traitant de "colis", celle qui, mécaniquement, a fait le ménage chez Phaït, se comportant comme une bonne ménagère avant d'être sa femme, pourra-t-elle oublier ses aspirations ?  

 

Un troisième tome de récit nous apportera sans doute la réponse.   

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 21:29

signoret1Titre : Signoret, une vie.

Auteur : Emmanuelle Guicher.

Editeur : Michel Lafon.

Nombre de pages : 377.

 

 

Quatrième de couverture :

 

Vingt-cinq ans après sa disparition, Simone Signoret reste irremplacée et irremplaçable.

Emmanuelle Guilcher n'a cessé de l'admirer dès son adolescence : "j'avais treize ans et toute l'audace des jeunes filles timides persadées que le monde leur appartient si elles désirent lui appartenir. Simone Signoret me fascinant. J'ai décidé de lui écrire comme à quelqu'un qui m'était familier. Simone m'a répondu...."

Par la suite, Emmanuelle Guilcher a nourri sa passion pour cette femme, rencontrant ceux qui l'ont fréquentéer, célèbres ounon. Après avoir recueilli plus de cinquante témoignaes inédits, passé des heures à visionner de nouveau tous les films qu'elle a pu retrouver et enquêté durant dix ans sur les lieux foulés par les pas de son icône, elle retrace son parcours. De ses débuts de comédienne dans la France occupée à la rencontre de sa vie avec Yves Montand, de Casque d'or à la Madame Rosa de La vie devant soi, de l'oscar à "l'affaire Marilyn", de l'artiste àl'écrivain, elle relate les épreuves et les choix de cette femme engagée dans les grands combats de son temps, d'une "actrice dans son époque, un témoin sans pareil d'un demi-siècle fécond".

 

 

Mon avis :

 

Simone Signoret est morte depuis vingt-cinq ans. J'avais sept ans, et je me souviens de la disparition de cette grande dame du cinéma. Tout comme l'auteur l'indique dans la préface, je ne connaissais pas ces films à l'époque, juste la série "Madame la juge". Ce n'est que plus tard que j'ai découvert ses films.

 

Le livre est divisé en quatre parties : naissance d'une actrice responsable, épouse Montand, actrice engagée, ouvertures et ruptures : la métamorphose et citoyenne Simone. J'aurai eu tendance à réunir en une seule les deux parties médianes, car elles mettent l'accent sur sa vie d'épouse. Oui, je sais, je  chipote, mais après tout, pourquoi pas ?

 

Emmanuelle Guilcher a voulu écrire une biographie particulièrement complète de l'actrice. "Ni brûlot, ni hagiographie" comme elle le dit dans sa préface (elle cerne parfaitement son livre), Signoret, une vie se montre respectueux, respectueux envers Simone Signoret et envers le lecteur. Rien ne nous est caché mais tout ce qui nous est dévoilé est soigneusement vérifié. Ainsi, Catherine Allégret confirme que son père avait travaillé sur un projet de film nommé Casque d'or (p.116). Ainsi, nous découvrons, conté avec beaucoup de pudeurs, les histoires d'amour de la jeune Simone, avant son coup de foudre pour Yves Montand. Les critiques cinématographiques sont citées, et il est curieux de voir leur justesse. L'écriture aussi prend sa place dans ce livre, et je sais gré à Emmanuelle Guilcher de laisser entendre, par le biais de ses écrits, la voix de Simone Signoret.

 

 Ses rôles qui ont marqué le cinéma sont tous évoqués, de Casque d'or au Chat, en passant par Les sorcières de Salem, mais ce sont les rencontres faites à l'occasion de ses tournages qui nous sont contés, comme la confrontation de deux monstres sacrées sur le tournage du Chat, emprunte de respect mutuel. Plus encore que son oeuvre, c'est son parcours de femme et ses combats qui nous sont contés. Si elle s'extrayait du monde pendant un tournage, elle savait aussi faire passer sa vie privée en premier, et renoncer à un rôle si nécessaire. Sa vie privée, c'était son histoire d'amour passionné avec Yves Montant. S'il tient une grande place dans ce livre, il n'occupe jamais le devant de la scène : c'est toujours la vie de Simone Signoret qui nous est conté, vie irrémédiablement transformé par cet amour fou. Quant à ses combats, ils ont été nombreux, parfois très médiatisés, parfois discrets. Simone Signoret a toujours eu le courage de ses opinions et de ses erreurs.

 

 Ce livre est  un très bel hommage à cette grande dame.

 

Merci à BOB et aux éditions Michel Lafon pour ce nouveau partenariat.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 17:16

Mémoire

 

Titre : Mémoires d’un appelé d’Algérie (1959-1961).
Auteur : René Malet.
Edition : Kyklos éditions.
Nombre de pages : 170 et 26 pages d’annexes (repères chronologiques, glossaires, carte géographique, photos).
ISBN : 978-2-918406-01-3.


Quatrième de couverture :

Dix mois de caserne en métropole, suivis de dix-huit mois de campagne militaire en « mission de pacification ». Du séjour à la caserne d’Evreux à l’Algérie, d’Aïne-el-Amara à une série d’opérations effectuées dans le Djudjura, de Bouberak à Mizrana, des gorges de la Chiffa à Palestro, les événements relatés dans cet ouvrage sont rigoureusement authentiques.
Des faits qui relèvent du devoir de mémoire.

Note :

Ce livre se divise en trois parties : Arcueil, Evreux, Algérie.

Mon avis :

Tout d'abord, je tiens à remercier chaleureusement le forum Partage Lecture et Kyklos éditions pour  m'avoir permis de découvrir ce livre.
En abordant la lecture de ce livre, je ne me suis pas posé la question «vais-je aimer ce livre ?» mais plutôt «que va m’apprendre l’auteur sur sa guerre d’Algérie ?» Si je ne devais retenir qu’un chapitre, ce serait «Ali Madani» : il concentre à lui seul les abominations de cette «mission de pacification» et la rage bouillonnante de l’auteur, impuissant face à ce qu’il a vu.
Bien que tout au long du livre, René Malet constate l’absurdité des situations auxquelles il est confronté, à commencer par son recrutement, alors qu’il est myope et se trouve donc «exempté de tir au fusil», il laisse la place à des moments particulièrement lumineux. En effet, au-delà des atrocités de la guerre, il rend hommage à tous les amis qu’il s’est fait durant cette période, racontant ce qu’ils lui ont apporté au cours de cette période de sa vie, mettant en valeur les qualités de chacun, ou, pour réunir toutes ses qualités en deux mots, leur solidarité et leur humanité. Il est question d’héroïsme aussi, celui qui fait qu’un commandant est auprès de ses hommes lors d’une opération délicate, ou qu’un caporal ne laisse jamais un de ses hommes derrière lui.
Deux styles se côtoient. Un style soutenu, où le «je» cède la place à un «nous» collectif, les phrases ont le sérieux et la rigueur d’un compte-rendu d’opérations militaires. Bref, un style que le lecteur s’attend à trouver lorsqu’il lit des mémoires. Puis, à côté de ce style sérieux et soigné, prend place un style familier, gouailleur, quand René évoque ses mésaventures, sa vie quotidienne dans les casernes ou en Algérie. J’ai eu l’impression de lire des notes, prises sur le vif. J’ai eu aussi le sentiment d’écouter plus que de lire des mémoires, car les marques d’oralité sont nombreuses. Autre preuve de cette proximité que René Malet crée avec son lecteur : il s’adresse directement à lui dès les premières pages, ce qui renforce l’impact du texte.

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