édition
Le livre de poche - 124 pages
Mon résumé :
Tonio Kröger est le fils du consul Kröger. Il est proche d'Hans, un camarade de classe, lui qui juge que les seuls livres intéressants sont ceux qui parlent de chevaux et d'équitation. Il s'éprend ensuite d'Ingeborg, jeune fille blonde aux aspirations très différentes des siennes. Les années passent. Tonio est devenu écrivain. Est-il heureux ?
Mon avis :
J'ai lu ce livre il y a presque une semaine, et je ne savais pas vraiment quoi en dire. Le temps passe, et je me suis dit qu'il fallait vraiment que je m'attèle à la rédaction de cet avis, sous peine de ne pas en rédiger.
Premier soucis : ce livre est une édition assez ancienne. Moralité : la page de garde contient une brève analyse de l'oeuvre qui oriente volontairement la lecture. Etre guidé dans la lecture, pourquoi pas ? Se voir imposer un point de vue, non. Laisser entendre que Thomas Mann est un excellent auteur est une évidence.
Deuxième soucis : l'apparente simplicité de la narration. Elle est en effet linéaire, et nous épousons le point de vue de Tonio. Le récit est pourtant très rythmé, de courts chapitres narratifs alternent avec de longs chapitres plus analytiques. Tonio se remet en cause et s'interroge, parce qu'il ne correspond pas à ce que les autres artistes attendent de lui, tout comme il ne correspondait pas à l'image du bourgeois traditionnel. La souffrance de l'adolescent se poursuit adulte.
Qui est-il ? Il est le fils d'un consul, modèle de bons bourgeois d'une ville de province. Il est aussi le fils d'une italienne fantasque et artiste, qui refera sa vie juste après la mort de son mari, laissant derrière elle son fils. Il s'appelle Tonio, prénom qui détonne dans cette ville du Nord, en souvenir du frère de sa mère. L'enfant né de cette union passionnée aurait pu être à son tour un modèle de bon bourgeois : les filles de Sissi n'ont pas hérité de la nature fantasque de leur mère et se sentaient très proches de leur père. Tonio, lui, doit composer avec ses deux natures.
Alors il part en voyage, et je n'ai pas pu m'empêcher de me rappeler le voyage de Victor Hugo sur le Rhin, presque un siècle plus tôt, si ce n'est que Victor Hugo ne se cherche pas, il observe avec une acuité rare. Tonio, lui, se plonge dans ce monde du Nord qui est celui de son père, le présent rejoint le passé, j'avais presque envie d'y lire une fantasmagorie plutôt qu'une vision réelle et le dénouement... Un critique le qualifierait de "résolument optimiste" et de "fin ouverte". Je le qualifierai de courageux.