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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 18:11

Rouge.gifPetite bibliothèque Payot - 230 pages.

 

Quatrième de couverture :

 

Si les Habsbourg comptent nombre de personnages romanesques à travers les siècles, il restait encore à découvrir la figure singulière et contrastée d'Élisabeth-Marie (1883-1963), dite " Erzsi ". Enfant unique du suicidé de Mayerling et petite-fille préférée du vieil empereur, elle fut rebelle comme son père tout en restant archiduchesse dans l'âme bien après la chute de l'Empire austro-hongrois. Un premier mariage avec le prince Otto Windisch-Graetz tourna vite au cauchemar mais n'aboutit à une " séparation de table et de lit " qu'en 1924. À cette époque, Erzsi avait déjà rencontré le véritable homme de sa vie, Leopold Petznek, figure majeure du parti social-démocrate autrichien. Elle-même y adhéra. Dans la tourmente des années trente, la fortune et les relations de celle qu'on appelait désormais l'" Archiduchesse rouge " lui permirent de venir en aide aux camarades persécutés.

 

Mon avis :

 

Ce livre a été écrit en 1982, mais il n'a été traduit en français qu'en 2010, permettant à un public francophone d'en savoir un peu plus sur la vie d'Elisabeth-Marie d'Autriche, petite-fille de Sissi, fille unique de Rodolphe.

J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai lu quasiment d'une seule traite, et à une vitesse remarquable, tant le sujet est bien traité. L'auteur Friedrich Weissensteiner est un spécialiste des Hasbourg, et, à mon sens, un historien scrupuleux. Il n'hésite pas à replacer les faits dans un contexte historique précis, sans s'étendre dans des digressions inutiles. Un seul exemple : la naissance de celle qui sera bientôt surnommée Erzsi fut-elle source de joie ? Officiellement, oui : personne dans l'Empire ne pouvait ignorer cet heureux événement. La princesse Stéphanie fut heureuse d'avoir à nouveau un poupon avec lequel jouer. Quant à Rodolphe, il attendait plutôt un petit Waclaw. Le peuple autrichien, lui, ne se réjouissait pas tant que cela : les simples ouvrières n'avaient souvent pas de quoi nourrir leurs enfants, sur 1000 naissances, 340 enfants mourraient au berceau, et ce n'est pas le bois que fit distribuer l'Empereur pour célébrer la naissance d'Elisabeth-Marie qui changerait quoi que ce soit à la situation.

J'aime aussi l'honnêteté de cet auteur. Bien sûr, il cite ses sources, ce qui est la moindre des choses. Il regrette aussi qu'Erszi, contrairement à sa mère, n'ait pas tenu de journal ou laisser des mémoires. Il est si difficile de savoir ce que pensait cette archiduchesse, à la vie si tumultueuse. Mais surtout, il n'avance que des faits prouvés et a l'honnêteté de dire ce qu'il ne sait pas, notamment en ce qui concerne les tenants et les aboutissants de Mayerling (et pourtant, j'en ai lu, des auteurs qui étaient certains de ce qu'ils avançaient, penchaient pour un complot ou une affaire passionnelle).

Il ne fait pas non plus de cadeaux à Erzsi. La fille de Rodolphe était la petite-fille préférée de son grand-père, qui lui passa tous ses caprices. Comme sa mère, veuve trop jeune, et Sissi, elle cachait son spleen en voyageant. Elle fit un mariage d'amour qui ne fut pas heureux avec le prince Otto Windisch-Graetz et lui donna quatre enfants : tous furent de santé fragile, elle craignit souvent pour leur vie. Elle se sépara de son mari et dut se battre, au sens propre du terme, pour conserver la garde de ses quatre enfants, son mari n'hésitant pas à utiliser tous les coups bas possibles et imaginables. Sa propre mère se dressa contre elle, et le conflit mère/fille fut sévère : Erzsi ne pardonna pas à sa mère la publication de ses mémoires, qui ternissait Rodolphe. Même si la fin de l'archiduchesse fut solitaire, il ne faut pas oublier que sa vie fut éclairée par un grand amour, celui de Leopold Petznek, qu'elle put épouser en 1948 : un vrai conte de fée entre une princesse et un ouvrier.

Un livre très bien écrit, qui nous en apprend beaucoup sur cette personnalité fantasque.chateau-baviere

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 12:03

amantes.jpg

 

Titre : Les amantes.

Auteur : Elfriede Jelinek.

Editeur : Points.

Nombre de pages : 220.

 

Quatrième de couverture :

 

Brigitte coud des soutiens-gorges à l'usine. Pour fuir le quotidien, elle tombe dans les bras de Heinz, l'électricien qui aura bientôt un magasin à lui. Paula, elle, rêve  à l'amour des romans-photos. Elle jette son dévolu sur Erich, le beau bûcheron qui lui préfère les motos et l'alcool. Peut-on vraiment échapper à son destin ? Sans concession, Elfriede Jelinek fait voler en éclats une spécialité autrichienne : l'idylle.

 

 

Mon avis : challenge Prix Nobel 1

Ma première réaction est simple : j'ai l'impression qu'aucune féministe n'a mis les pieds dans ce coin d'Autriche, que décrit Elfriede Jelinek. Je me suis retrouvée dans une période d'avant Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, alors que l'action se situe clairement dans les années soixante-dix. Pour les femmes, il n'existe que deux statuts possibles : vendeuses et ouvrières pour les célibataires, ménagères pour celles qui ont réussi à se faire épouser. Le bonheur ne peut venir que d'un homme, du foyer qui sera tenu pour lui, des enfants qu'il donnera. Le mari pourra ainsi donner des ordres à sa femme, ce qui compensera les brimades qu'il subit dans son travail, et la battre, ce qui le défoulera. La femme et le mari, de concert, pourront à leur tour battre les enfants, qui semblent avoir été spécialement conçus à cet effet, à moins que la chance ne leur sourit et qu'une situation meilleure (commerçant !) ne s'offre à eux. La vieillesse est un horizon sordide, où le peu de corps qui est encore vivace ne sert qu'à souffrir davantage. Les vieillards ? Encore des personnes qui peuvent servir de défouloir.

Autant dire que cette vision noire et résignée de l'existence choque. Seuls quelques jeunes adultes ont encore des rêves. Parmi eux, Brigitte et Paula, les deux amantes qui donnent leurs noms au titre, Heinz et Erich, leurs amants. Brigitte, fille naturelle, veut Heinz, rien que lui, c'est son but dans la vie. Elle le veut car il a un métier : électricien. Il va devenir patron, et elle s'imagine très bien travailler à ses côtés plutôt que de continuer la couture à l'usine. Lui, Heinz, veut Susi, lycéenne de son état (elle apprend la cuisine), parce qu'elle est plus cultivée que lui et qu'elle ferait bon effet, à son bras, au magasin. Si les parents de Susi sont inquiets, ce n'est pas le cas de la jeune fille, qui a tôt fait de les rassurer : elle ne veut pas d'un homme d'une condition inférieure à la sienne.

Paula est dans une situation pire que Brigitte. Elle aime Erich, battu comme plâtre par tous les membre de sa famille, esclave domestique en titre. Il est bûcheron, il est alcoolique, la seule chose qu'il a en tête est un moteur d'automobile. Paula a à peine quinze ans qu'elle voit en lui LE bonheur, comme dans les romans-photos. Elle abandonnera même pour lui ses études de couture, qu'elle a eu tant de peine à avoir le droit de suivre. Les études, un métier, cela n'apporte rien.

Brigitte et Paula usent des mêmes armes pour obtenir ce qu'elles veulent : leurs minces talents de ménagères, leurs assiduités (aucune humiliation ne les rebute), et surtout, leurs corps. Le but n'est pas de le retenir par leurs charmes, mais de tomber enceinte (la grossesse, dans ce cas, peut être vraiment une chute) et d'ainsi forcer l'homme à "réparer ses torts". Elles réussiront, toutes les deux - à quel prix, encore une fois.

Ce qui rend cette histoire si singulière est le style d'Elfriede Jelinek. Un style très particulier à lire, puisqu'elle bannit les majuscules et nomme parfois ses personnages juste par l'initiale de leurs prénoms. Un style enfin où le cynisme est omniprésent et salutaire, afin que rien de la réalité sordide ne soit épargné au lecteur. Les répétitions, voulues, sont nombreuses, et retentissent comme une ritournelle tragique. Puisque les personnages reproduisent à l'infini le même schéma, pourquoi le texte ne reproduirait-il pas les mêmes phrases ?

La lecture de ce livre m'a vraiment permis de sortir de mon univers littéraire de référence. Je vous conseille très sincèrement de découvrir cette auteur.

 

 

Challenge Nobel

 

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