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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 08:35

James.jpgédition 10/18 - 224 pages

 

Quatrième de couverture :

 

Une femme, Kate Fanster, universitaire professeur de littérature, se retrouve mêlée à une énigme littéraire : la découverte d'une nouvelle que James Joyce aurait écrite pour "Gens de Dublin" et jamais publiée. Un meurtre est commis. Quel plaisir pour Kate, dont la passion secrète est d'être détective. C'est elle qui va mener l'enquête.

 

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Challenge Romans sous influence organisé par moi-même et George.

Mon avis :

 

Je me demande si une personne qui n'a pas lu Gens de Dublin aimerait ce roman, tant il est question de cette oeuvre et surtout de la dernière nouvelle du recueil Les morts et de son interprétation. Autant dire que James Joyce est vraiment au coeur de cette intrigue. Son oeuvre est analysée, parfois péremptoirement (comme si une seule interprétation était possible) et cette connaissance commune est le lien ente les différents personnages au début du roman. Fort heureusement, j'avais lu cette oeuvre, suffisamment marquante pour que je m'en souvienne encore des années après.

 

Je tiens aussi à signaler une petite déception :  je m'attendais aussi à trouver Kate dans son université new-yorkaise. Rien de tel. Elle est à la campagne, dans le Masachussetts, dans une atmosphère champêtre qui évoque plus Tamara Drewe que les campus américains, à classer les papiers d'un ami universitaire décédé, dont sa correspondance avec un certain James Joyce. Et si un inédit de l'auteur apparaissait ? Ce serait une découverte littéraire de premier plan, qui offrirait peut-être un nouvel éclairage sur l'oeuvre phare de Joyce, Ulysse.

 


Pourtant, en dehors de la question littéraire, se pose encore et toujours avec Amanda Cross la question de la condition féminine, avec toutes ces femmes que nous rencontrons dans le roman. Devrai-je dire plutôt ces jeunes filles ? Les filles de l'universitaire décédé ont un destin hors norme. L'aînée est morte très jeune d'un cancer. Elle reste l'aînée, donc, sa mort prématurée lui ayant donné à vie cette seule identité. La cadette Virginia est devenue religieuse. Pour quelles raisons ? Nous ne le saurons pas, si ce n'est que son père a ressenti cette décision comme une trahison. Lina, jeune professeur d'université, éperduement amoureuse d'Emmet, vit sa virginité comme un fardeau (elle a presque trente ans). Grace Knolls est une vieille fille, une bas-bleue dirait-on. Professeur à la retraite, elle n'entend ni se faire dicter sa loi, ni se faire marcher sur les pieds. Comme toutes les femmes de sa génération qui souhaitait travailler, elle a dû choisir, faisant une croix sur le mariage et les enfants. Kate n'a plus l'âge de se poser des questions, et la demande en mariage de Reed, qui n'aime guère les enfants, arrive à point nommé dans ce coin du Massachussetts où l'on jase.

 

Que fait une jeune femme avec deux très jeunes hommes et un enfant qu'elle dit être son neveu ? La citadine qu'elle est découvre les moeurs de la campagne et perd non son innocence (qualifier Kate Fensler ainsi relèverait de la naïveté) mais les clichés qui l'emcombraient. Elle qui s'accommode si bien de l'homosexualité de ses collègues et de ses étudiants ne se voile pas la face quant à la pédophilie. J'ai juste eu l'impression qu'elle ne voyait pas en quoi il fallait fustiger un tel comportement, il faut juste veiller à l'empêcher, en éloignant certains messieurs. De même, elle autorise son neveu Léo à s'entraîner à viser à la carabine (désarchargée) de peur de passer pour une tante castratrice. La psychanalise est passée par là, et les femmes (dont Kate) ne savent plus comment se comporter, même face à un enfant dont le mal-être est causé parce qu'il est un enfant du milieu (dixit toujours les psys). Pour comble de bonheur, Léo ne trouve rien de mieux que de viser (sans balle, vous dis-je) la voisine, une fermière - même si ce n'est pas dit implicitement, je me demande si le fait qu'elle ne soit pas "du même monde" n'autorise pas ce comportement.

 

Toutes mes interprétations nous feraient presque oublier qu'elle a fini par mourir (accidentellement) et même si elle n'est pas extrêmement sympathique, elle est morte - voilà de quoi traumatiser à vie ce pauvre Léo qui, pour une fois, ne tenait pas la carabine en main. Reste à savoir qui l'a réellement tuée, c'est à dire qui a chargé la carabine (et les suspects ne manquent pas) et surtout pourquoi (mauvaise nouvelle : les mobiles non plus ne manquent pas). Kate souhaite trouver le coupable avant tout pour disculper les innocents - les rumeurs vont si vite à la campagne. Alors, oui, j'ai envie de vous dire qu'elle y parviendra - il est rare de lire des romans policiers où le meurte reste non élucidé. J'ai juste envie de ne pas vous dire comment elle le retrouvera ni quel est son identité - elle peut néanmoins remercier James Joyce pour son aide précieuse.

 

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 14:26

la-vie-a-deux-dorothy-parker-dorothy-parker-9782264054456.gifédition 10/18 - 252 pages.

Merci à Asphodèle de m'avoir prêté ce recueil de nouvelles.

 

Quatrième de couverture :

 

Célébrée pour son humour et son extraordinaire sens de l'observation, Dorothy Parker a laissé une oeuvre dans laquelle les petits ratés de la vie de couple prennent souvent l'allure d'une comédie désopilante. Qu'il s'agisse de cette amoureuse, tremblante à côté d'un téléphone qui ne sonnera pas ou de cette ex-reine de beauté qui cherche à prolonger ses illusions par un whisky sans glace, chacun des personnages de ce recueil de nouvelles devient attachant parce qu'il nous ressemble.

 

challenge-ny-12Challenge New York 2012 par Emily

 

Mon avis :

 

Un adjectif convient pour décrire ce recueil de nouvelles : décapant. Aucun autre ne peut mieux le définir. Je pourrai bien sûr détailler chaque nouvelle ou plutôt les décortiquer, mais je ne veux surtout pas gâcher le plaisir de lecture que vous pourriez ressentir en lisant ce recueil, je préfère essayer d'en détacher les lignes fortes.

 

Tout d'abord, la vie à deux qui donne son titre au recueil et à une nouvelle qui met en scène des jeunes mariés, dont je ne suis pas sûre que le mariage dure longtemps. En effet, ils viennent tout juste de s'unir (ils partent en voyage de noces) et déjà.... Non, ils ne sont pas en train de se disputer, c'est beaucoup plus subtil, elle lui assène des reproches avec un raisonnement si tordu que, qu'il acquiesce ou qu'il récuse les propos de sa jeune femme, il est pris au piège et se retrouve coupable d'une longue liste de forfaiture. La vie à deux n'est pas toujours le mariage mais une liaison amoureuse où la femme est trop souvent en position de faiblesse face à un homme moins prisonnier des convenance, moins inquiet à l'idée du temps qui passe. Quand je dis "liaison amoureuse", je n'oublie pas l'intérêt financier : à défaut d'un mari, la femme cherche un homme qui puisse l'entretenir, pour un laps de temps plus ou moins long.Certaines situations sont presque intemporelles. Je pense notamment à l'héroïne de la deuxième nouvelle, qui se ronge les sang pour savoir si oui ou non elle doit rappeler l'homme qu'elle aime, qui devait la rappeler et qui ne la rappelle pas. *

 

Des enfants ? Ils ont peu présents. Il vaut mieux avoir un bel appartement. Le bienheureux papa de la nouvelle La jument précise qu'il n'aura pas de deuxième enfant, quand il voit dans quel état de langueur sa tendre épouse se trouve après cette naissance (et le narrateur de souligner perfidement que sa femme est exactement comme d'habitude) et quel désagrément de devoir supporter une infirmière d'une grâce toute chevaline dans leur demeure.

 

Les domestiques ? Certains sont noirs, comme la blanchisseuse courageuse de Vêtir ceux qui sont nus, qui élève seul son petit fils aveugle. Leurs conditions de vie ne sont pas douloureuse, non, puisque leur patronne, toute en générosité consent à les employer de temps à autre, et même, dans un accès de générosité, à les réemployer quand ils ont osé avoir d'autres occupations (veiller sur un nouveau né aveugle) que de laver, repasser et racommoder un linge de grande qualité. Je vous rassure : être un artiste nègre... Oh, pardon, un artiste noir est bien plus facile. Il suffit de supporter la condescendance et la commisération de certaines personnes. Les autres préfèrent ne pas être dans la même pièce que vous.

 

L'action se passe à New York, bien sûr. Il est impossible de vivre ailleurs. Si votre mari est muté ailleurs, eh bien, le divorce n'est pas fait pour les chiens, mais pour les grandes blondes qui noient la vacuité de leur existence dans l'alcool.

 

Lisez ces nouvelles trop méconnues de Dorothy Parker : vous ne le regretterez pas.

 

f-scott-fitzgerald-an-american-icon-1

Ma première participation au Challenge Fitzgerald organisé par Asphodèle mais aussi ma première participation au  Challenge New York 2012 organisé par Emily.

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 11:04

9782757823552FS.gifédition Points  - 734 pages

 

Mon résumé :

 

Janvier 1997. La veille de ses six ans, Bliss Rampike est retrouvée assassinée dans la cave de la maison familiale. Qui a pu tuer cette jeune vedette de patinage artistique ? Dix ans après, son frère rédige Petite soeur, mon amour, et essaie de comprendre ce qui a pu se passer.

 

Mon avis :

 

LA PLU~1Joyce Carol Oates ne montre pas l'envers du rêve américain, elle le fait littéralement voler en éclats. Pour atteindre son but, elle détourne une forme convenue : le livre-confession autobiographique. Ce genre littéraire commercial fleurit aux Etats-Unis mais aussi en France (je n'ai pas de titres en tête, je ne lis pas ce genre de prose, je sais simplement qu'elle existe. Joyce Carol Oates donne l'illusion du réel en concentrant tous les codes du genre sur sept cents pages, en écrivant avec une maestria, une ironie douloureuse, une lucidité sans faille ce récit sordide.

 

Elle s'est inspirée d'un fait divers tristement célèbre : l'assassinat non résolu d'une mini-miss JonBennet Ramsey. Des reportages, et même un téléfilm ont été consacrés à ce meurtre, montrant la manière dont les parents exploitaient leur fille, mais aussi insufflant l'idée que le frère aîné n'était pas étranger à sa mort. Un pédophile est passé aux aveux en 2006, mais les enquêteurs ont montré les incohérences de son témoignage. Le dossier a été rouvert fin 2010. Voilà pour les faits "réels". Retournons maintenant au roman.

 

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la famille Rampike. Le père a un excellent travail, qui lui a permis d'acheter une maison dans un quartier chic. Sa femme ne travaille pas, comme il se doit, elle se consacre à l'éducation de son fils, Skyler, le "petit homme" de maman, puis d'Edna Louise, sa fille, un bébé qui passe son temps à pleurer. Leur but ultime, déjà ? Paraître, à tout prix. Personne ne fait attention à madame Rampike, qui essaie d'initier son fils au patinage artistique. Elle peine à entrer en relation avec les familles en vue, celles qui habitent dans des quartiers encore plus chic que le sien. Le drame survient. Non, je ne parle pas du meurtre - pas déjà - je parle de la chute qui laissera Skyler handicapé, à la suite d'un accident à l'entraînement de gymnastique. Skyler perd dès lors presque tout intérêt aux yeux de son père, qui n'en fera jamais le grand champion dont il rêvait. Par contre, il pourra intenter un procès à son entraîneur et d'obtenir une somme d'argent substancielle - première dénonciation du système judiciaire amércain - et reporter la responsabilité sur lui, et non sur sa volonté de paraître - déjà.

 

L'image est ce qui compte plus que tout. Paraître, toujours. Le jugement moral n'est pas écrit noir sur blanc, non, il est là, dans le ton employé par Skyler, dans ses remarques persiflantes. Bientôt, Edna Louise ne sera plus, elle sera Bliss, et tant pis si ce choix déplaît à madame Rampike mère dont elle porte le prénom, ce choix ne l'avait pas amadoué, pourquoi le conserver ? Bliss entre sur cette scène qu'est la patinoire, et tous les regards convergent vers cette enfant de quatre ans qui patine si bien. Cette enfant aura très vite les mêmes costumes qu'une patineuse adulte (les descriptions, précises, sont autant d'invites pour un certain public masculin), elle sera maquillée, non pour aguicher, non parce qu'elle n'est pas très jolie mais parce que c'est nécessaire, ses cheveux seront teints, bref, Edna Louise est complètement dépossédée de son identité première, afin de plaire, pas seulement au jury, mais surtout à ses propres parents, passés maître, surtout la mère, dans le chantage affectif et religieux.

 

Bigote, madame Rampike ? Sans doute, elle qui prie si souvent, et se reproche de ne pas avoir prié assez en cas de défaite. Elle s'est forgée une foi à son image, je l'imagine fort bien en championne de la casuistique, elle qui déforme chaque précepte pour l'utiliser à son avantage. Le pire, bien sûr, est qu'elle n'en a aucunement conscience, tout comme son mari n'a aucunement conscience que sa culture n'est que de la cuistrerie, qui en serait presque risible n'étaient son attachement viscérale à ses principes, aussi déformés qu'un reflet dans un palais des glaces. 

 

Risibles, oui, ils le seraient si la tragédie n'était au milieu du chemin. Ils le seraient par le décalage flagrant entre leurs paroles et leurs actes. Ils sont surtout abjects, et tout une industrie avec eux. Pas besoin de dénoncer, il suffit juste pour Skyler d'annoncer le nombre de maladies mentales qui lui ont été diagnostiquées, le nombre de médicaments que lui et sa soeur ont été constraints de prendre, pour soigner les sus-dites maladies ou pour augmenter les performances sportives, pour rendre plus dociles aussi. La moindre rébéllion est aussitôt étiquetée et soignée, à la plus grande joie des industries pharmaceutiques. Il lui suffit aussi de révéler ce qui a été fait des images de sa soeur, et des batailles autour de ce "droit à l'image", chèrement remportée par la famille éplorée. Il suffit de montrer sa mère, devenue écrivain (!) afin de raconter la véritable histoire de sa fille puis de montrer comment elle avait surmonté sa douleur.

 

Pour jouer le jeu de la vérité, Joyce Carol Oates montre Skyler en train de s'interroger. Sur la justesse de ses souvenirs ou de sa reconstitution. Sur son droit à raconter tel ou tel fait. Etre multiple, le Skyler lecteur sourit presque du Skyler écrivain, encore sous le coup de ses névroses, tout comme celui-ci se détache du Skyler souffrant qui est pourtant le personnage de base de ce récit - lui et Bliss, indéfectiblement liés. Paradoxe ultime ou pirouette finale, Skyler choisit de ne pas révéler la vérité sur le meurtre de sa soeur, tout en le montrant à lire dans le récit. Skyler ne peut pas dire quelque chose qu'il n'a pas fait. 

 

Tous les sujets peuvent être traités en littérature. Il faut juste avoir la puissante écriture de Joyce Carol Oates pour en tirer un ouvrage destabilisant, dérangeant, et parfaitement réussi.   

 

  

challenge-abc2012

  J'inscris aussi ce livre au défi la plume au féminin


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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 22:18

9782842054649-G.jpgédition Mille et une nuit - 59 pages.

 

Mon avis :

 

Je n'irai pas jusqu'à dire que nous avons tous vu le film de Tim Burton, mais presque. La légende qui nous est conté par Washington Irving.

 

L'action se passe dans une tranquille vallée, coupée du monde. Ce n'est pas que les habitants s'y ennuient, non, c'est plutôt qu'il faut bien passer le temps, et raconter des légendes est sans doute un des meilleurs moyens d'occuper les veillées. Celle qui rencontre le plus de succès est celle d'un cavalier hessois, décapité pendant la dernière guerre. Lui et son cheval hantent toujours la région.

 

Dans cette fertile vallée vit l'instituteur, Ichabod Crane. Ce merveilleux pédagogue, qui aime et châtie bien ses élèves, a une ambition avouée : conquérir la belle Katerina Von Tassel, fille unique d'un très riche propriétaire du Val Dormant. Ichabod Crane, en plus d'avoir un physique d'une originalité folle, un destrier fringant, est éperduement épris... des richesses de la belle. Il ne peut détacher son regard des somptueuses possessions de la famille Van Tassel et son imagination débridée lui montre déjà son brillant avenir. Deux obstacles seulement empêchent Ichabod d'accéder au bonheur. Non, je ne parle pas de son physique hors norme, je fais allusion à la présence d'un rival, dont la délicatesse est comparée à celle d'un ours, et à la conquête de Katerina Von Tassel, qui est loin d'être acquise.

 

J'ai adoré ce court récit bourrée d'humour. Le narrateur prend ses distances avec ses personnages et cette distance nous les fait percevoir dans toute leur médiocrité. Ichabod Crane a beau être un instituteur, il va trop loin en essayant de s'implanter dans cette région de pionniers grâce à son union avec une riche héritière. La légende s'inscrit néanmoins dans le courant de la littérature fantastique. Le narrateur est à la première personne, et en joue : il ne peut pas tout raconter, il n'a pas assister à certaines scènes, notamment la dernière entrevue entre Ichabod et Katerina. Il exploite habilement la tradition du revenant et de la mystérieuse disparition, qui permettra à d'autres légendes de voir le jour.

 

HIlde

Challenge Halloween

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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 19:14

67521586.jpg Editeur : Jean-Claude Lattès. Nombre de pages : 462.

Quatrième de couverture :

 

Tim Farnsworth a tout pour être heureux : il aime sa femme, sa famille, son travail, sa maison.

Mais un jour, il se lève et s’en va.

Il marche sans pouvoir s’arrêter. Ces crises mystérieuses peuvent durer quelques semaines ou plusieurs années. Alors Tim perd tout ce qui lui semblait à jamais acquis : un présent heureux, un avenir serein, toutes ses certitudes. Pour combattre ce mal qui grignote sa vie, ses passions, son âme, il doit renoncer à ce qu’il croyait être et accepter l’inconnu.

Un roman sur les forces invisibles de la nature et du désir, une réflexion passionnante sur le corps et l’esprit et sur ce qui fonde notre identité.

 

           Merci à Hérisson et aux éditions Jean-Claude Lattès pour ce partenariat.

 

Mon avis :

 

J’ai terminé la lecture de ce livre, j’ai même relu certains passages, et j’avoue ne pas avoir compris où l’auteur voulait en venir.

Le récit se concentre sur trois personnages : Tim, Jane, sa femme et Becka, leur fille unique. Tim est associé dans un prestigieux cabinet d’avocat, Jane est agent immobilier, et leur fille, gothique, se lance dans la chanson. Les crises de marche forcée de Tim ponctuent leur existence.

J’ai eu une sensation de vide en lisant ce livre. Tim est si concentré sur ses crises que plus rien n’existe pour lui à ce moment-là. Le schéma narratif se répète sans arrêt : la crise, l’épuisement, le sauvetage par Jane, jusqu’au moment de la rupture avec son métier, sa maison, après la seconde partie du roman. Cette composition circulaire se répète alors à plus grande échelle : les périodes de crise alternent avec les périodes de rémission, non racontées (ou si peu). Même les retours en arrière servent à narrer les crises précédentes, et la fin du roman ne sera jamais que la réalisation des histoires que Tim inventait pour masquer sa maladie. La chronologie n'est pas non plus facile à suivre, tant il est difficile de chiffrer la durée des périodes de crise. Seule la longue rémission médiane (quatre ans) est vraiment identifiable.

 

 L’histoire nous est le plus souvent racontée de son point de vue  et il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui est réel de ce qu’il imagine – les hallucinations, jamais nommées en tant que telles, s’intensifient dans les trois dernières parties.

 

Le pied mécanique m’apparut alors comme le roman du triomphe de l’inconscient sur le corps, de l’indifférence sur l’amour et le devoir, la défaite de la science. Les médecins sont incapables de nommer la maladie ou de trouver un traitement autre que la camisole chimique ou la camisole physique. Tim ne fait attention à rien ni personne, l’amour de Jane est impuissant à le ramener à la maison et à la raison, la naissance de son petit-fils l’indiffère. Les dialogues sont rares, ce sont plutôt deux monologues juxtaposés, où plus personne n’écoute l’autre. Lors des fugues, la fonction de la parole est encore plus réduites : paroles injonctives, pour tous ceux qui délogent Tim ou cherchent à lui venir en aide, automatisme pour les vendeurs. Le seul avantage de Tim par rapport aux vagabonds qu’il croise est qu’il a toujours un refuge et un amour. La vie de Jane, son épouse, se limite à faire son travail et à chercher son mari. Le bref refuge qu’elle trouvera dans l’alcool paraît presque classique au sein de ce récit, tout comme les périodes où sa fille veillera sur elle et sur son père, devenant presque la mère de ses parents. Jane et Tim ne se définissent que l’un par rapport à l’autre, l’existence de l’un sans l’autre n’a plus de sens.

 

Le pied mécaniqueest un étrange roman, difficile à classer, fable, récit d'anticipation. J'ai hâte de lire d'autres avis à son sujet.

 

Rentree-litteraire.jpg

Challenge rentrée littéraire chez Hérisson

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 14:43

Revanche.jpg

édition Albin Michel - 426 pages

Mon résumé :

 

Isabelle Spellman et sa charmante famille de détectives privés sont de retour. Ne manquez pas leurs nouvelles aventures.

 

Mon avis :

 

Les livres que je lis actuellement sont soit particulièrement émouvants, et donc éprouvants à lire, soit inintéressants. Pour me remettre de ces lectures, j'ai relu La revanche des Spellman, dernier tome des aventures d'une famille de détective déjantée.

 

Si vous n'avez pas lu les deux opus précédents, pas de panique : les dossiers réunis en fin d'ouvrage brosse un portrait sans retouche des différentes protagonistes de l'histoire. Prenons Izzie, la narratrice. Comme tant d'autres personnages de la littérature, elle traverse une crise existentielle. Doit-elle ou non continuer son métier de détective privée, qu'elle exerce depuis l'âge de douze ans (non, je ne me trompe pas d'âge, et elle non plus) ? Pour répondre à cette question, rien de tel que la fréquentation des bars, en tant que barmaid, entendons-nous (il faut bien gagner sa vie) et des visites chez le psy pour... Pourquoi, au fait ? Ah, je ne vous ai pas prévenu ! Izzie est dans l'obligation de suivre une thérapie, c'était la thérapie ou la prison, et elle a choisi la thérapie (je ne lui donne pas tort).

 

Problème : elle n'est pas la seule de la famille à déraper. Que dire de son frère, dont la garde-robe et les habitudes ont considérablement évoluées depuis le dernier volume ? Que dire de sa soeur ? Qu'elle est ingérable ? Ce n'est pas nouveau, ce qui l'est, c'est que son meilleur ami policier ne peut plus la supporter - sans doute parce qu'elle fait tout pour le séparer de sa potentielle petite amie, avant de sympathiser franchement avec elle - c'est dire si la petite amie est bourrée de qualités pour avoir séduit l'intraitable Rae Spellman.

 

 Izzie n'est pas la seule de son entourage à déraper, et son vieil ami n'est pas franchement ravi de se voir privé de voitures (quel dommage qu'il ne puisse plus bosseler sa voiture en paix). Je ne vous dirai pas non plus que le naturel d'enquêtrice revient au galop chez Izzie, puisqu'il n'est jamais réellement parti. Là voici en train d'enquêter pour Ernie, un charmant mari, près à tout y compris à lire Cosmopolitan pour être le plus proche possible de la femme qu'il aime et qu'il a épousé cinq ans plus tôt. Seulement, Izzie découvre qu'elle n'est pas la seule à enquêter, elle découvre aussi que des individus suspects rôdent autour de son frère, qu'un mystérieux maître chanteur ne la laisse pas en paix et qu'il est bon, parfois d'utiliser les transports en commun juste pour se déplacer et non pour s'endormir dedans. Izzie se découvre aussi des qualités de conseillère conjugale, pour ne pas dire de marieuse, hors pair.

 

Vous l'aurez compris, ce volume est tout aussi drôle que les précédents, avec, parfois, une pincée d'émotions. Si vous avez aimé les deux premiers volumes, n'hésitez pas.

 

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 12:56

ViceLa petite collection des éditions du Sonneur - 31 pages.

 

Quatrième de couverture :

 

"Peu de vices sont plus difficiles à éradiquer que ceux qui sont généralement considérés comme des vertus, le premier d'entre eux est celui de la lecture".

Dans ce texte paru en 1903 dans une revue littéraire américaine, la romancière Edth Wharton (1862-1937) dénonce l'obligation sociale de la lecture, nuisible à la littérature et fatale à l'écrivain.

 

Mon avis :

 

Ce titre m'a tout de suite interpellé, puis que je suis une lectrice quasiment compulsive. En lisant ce court livre (un article de journal, en fait), je me suis retrouvée face à une thèse paradoxale, fortement stimulante. En effet, nous voulons promouvoir la lecture et nous sommes très heureux quand nous rencontrons quelqu'un qui lit. En quoi la lecture peut-elle donc être un vice ?

  

Edith Wharton distingue deux sortes de lecteur : le lecteur-né, et le lecteur mécanique. Pour moi, le terme "lecteur-né" m'a dérangé, car dans mon métier, je me heurte à des élèves pour lesquels l'apprentissage de la lecture a été difficile. Je rencontre des enfants encore en primaire qui déchiffrent couramment mais ne lisent pas (ils ne comprennent pas ce qu'ils lisent). Maintenant, ce terme s'explique aussi car le désir de lire n'a rien à voir avec les difficultés qui furent surmonter lors de l'apprentissage, ni même avec l'âge auquel l'apprentissage a eu lieu. Voilà pour l'analyse du terme. Qu'en est-il de ce lecteur-né ? J'ai envie de dire qu'il lit sans y penser, il trouve toujours un moyen, un temps pour satisfaire sa passion. Si un livre ne lui convient pas, il ne se sent pas obligé de le terminer. Surtout, chaque livre trouve une résonance en lui, le touchera personnellement - et son interprétation, le lien qu'il pourra faire avec ses autres lectures n'appartiendront qu'à lui.

 

Autre paradoxe : certains traits du lecteur mécanique pourraient être les nôtres, comme l'utilisation de marque-page ou le fait de se réserver un horaire précis pour lire. Je ne vous questionnerai pas sur vos pratiques personnelles, mais quand je reprends le travail, entre les copies, la préparation des cours, et les travaux ménagers, je me réserve une plage de lecture-détente le soir -sinon, je ne lirai que le week-end, ou le mercredi après-midi. Là s'arrête cependant la comparaison, car lire pour moi (et pour vous aussi je suppose) est un plaisir, pour le lecteur-mécanique, lire est une obligation sociale.

 

Ce portrait du lecteur-mécanique est étrangement actuel, bien que le contexte social ait changé en cent ans. Le lecteur mécanique lit tout, et surtout tous les livres à la mode, ceux qu'il faut absolument connaître pour briller socialement. Il a un avis sur chaque livre qu'il a lu, si ce n'est que cet avis n'est pas le sien, c'est un avis qu'il a entendu et qu'il a fait sien. Le danger se précise pour Edith Wharton, car qui dit lecteur mécanique, dit auteur mécanique, capable de satisfaire ses désirs. Pour vous, je ne sais pas, mais pour moi, j'ai quelques noms d'auteurs qui me viennent spontanément à l'esprit et qui satisfont pleinement leur lectorat. Parfois, heureusement, le bouche à oreille, le travail de libraires et de bibliothécaires passionnés, un livre peu connu émerge, mais c'est assez rare. La difficulté était encore plus grande en 1903 puisque les seuls critères pour le lecteur mécanique était la taille du livre (encore un argument d'actualité), le nombre de réédition et les critiques professionnels. Ils sont la dernière cible d'Edith Wharton puisqu'eux aussi commencent à céder à la facilité.

 

Au final, Le vice de la lecture est autant un plaidoyer pour une lecture active et enrichissante, qu'une critique contre l'appauvrissement de la production littéraire.  

 challenge-le-nez-dans-les-livres1

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 09:27

Sula.jpgédition 10/18

 

Mon résumé :

 

Au coeur de l'Amérique profonde des années 20, Sula et Nel, deux petites filles noires,  deviennent amies. Leurs familles sont très différentes, leur vie le sera également.

 

Challenge Nobel

 

Mon avis :

 

J'ai eu du mal à rédiger cet avis, et l'une des premières raisons est l'influence des autres lectures que j'ai effectuées juste avant ou juste après. Je reproche à certains livres de contenir trop de thèmes, trop de pistes narratives, et de ne pas avoir su les exploiter.

Rien de comparable dans l'oeuvre de Toni Morrison. Sula est un roman relativement bref, eu égard aux pavés que l'on rencontre régulièrement en librairie, pourtant il est extrêmement riche et par conséquent inclassable.

Femmes-du-monde3-jpgSula raconte quatre-vingt années de la vie au Fond, aujourd'hui (en 1965) banlieue de Médallion. En tête des chapitres est notée l'année pendant laquelle le récit s'est déroulé. S'il commence en 1919, il remonte pourtant bien plus loin dans le passé, en 1895 notamment, année où Boyboy, mari d'Eva, est parti en la laissant seule avec ses trois enfants.

Sula est avant tout un roman de femmes - et non un roman féminin. Les femmes, dans ce roman, se montrent fortes, déterminées, capables de surmonter tous les obstacles, alors que les hommes, à de rares exceptions près, abandonnent très vite leurs responsabilités, se lamentent sur leur sort au lieu d'agir - ou du moins, d'essayer. A leur décharge, leur impossibilité de trouver du travail valorisant, voir du travail tout court - un blanc, même chétif, sera toujours préféré. A la décharge de Shadrack et de Plum, la guerre qu'ils ont faite, loin de leur pays et qui leur a fait perdre la raison. 

Les superstitions et autres interprétations d'événements naturels prennent une grande place dans le récit, au point que, parfois, je me suis crue projetée dans un conte particulièrement cruel.

Je reviens aux femmes, et surtout aux deux familles qui se trouvent unies par l'amitié entre Sula et Nel. Sula, fille d'Hannah, petite-fille d'Eva. Nel, fille d'Hélène, petite-fille d'une prostituée créole. Nel est la réussite d'Hélène puisque, comme elle, elle s'est mariée, a eu des enfants, n'a jamais failli à ses devoirs. Sula semble être l'exacte opposée de Nel. Eva s'est démenée pour élever ses trois enfants. La violence marque sa lignée - et le feu, sans que j'ai ressenti dans cet élément les symboles qui lui sont associés. Sacrifice ? Peut-être. Purification ? Je n'y crois pas vraiment. Punition et folie ? Peut-être, encore une fois.

L'amitié qui unit Sula et Nel n'est pas plus facile à définir, tout comme il serait trop facile de poser un jugement manichéen sur leur comportement. Les notions de bien et de mal semblent leur être étrangères. La différence essentielle vient que Nel mène une existence conforme aux normes en vigueur et accepte d'avoir un destin ordinaire alors que Sula n'obéit qu'à ses propres exigences. Pourtant, Sula est le double de Nel, son indispensable complément, plus que ne l'a été son mari et si Nel continue seule son chemin, elle se rendra compte que la seule personne qui lui manque, la seule personne qui lui était indispensable est Sula.

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 23:43

le-cantique-des-innocents.jpgéditions Points - 341 pages.

 

Mon résumé :

 

Le commissaire Guido Brunetti est réveillé en pleine nuit : un médecin a été agressé, il doit voir de quoi il retourne. Arrivé à l'hôpital, il découvre que l'homme a lui-même agressé un carabinier, qui venait reprendre Alfredo, le fils du docteur, adopté illégalement. Brunetti devra encore déméler un écheveau compliqué.

 

Mon avis :

 

En lisant ce livre, je me suis dit que sa construction ressemblait à s'y méprendre à la composition d'un morceau de musique, avec un thème principal, et un contrepoint. Je me disais qu'il était dommage de ne pouvoir l'inclure dans le challenge Des notes et des mots, quand j'ai enfin fait attention au titre (j'étais tellement absorbée par l'intrigue que je n'y faisais plus vraiment attention).    challenge-Des-notes-et-des-mots-2

 

Le roman débute par un motif qui paraît sans rapport avec la suite, et qui pourtant répparaîtra ponctuellement dans le récit : la déposition d'une femme qui avertit la police d'un fait qu'elle juge important. Puis, la violence fait irruption, fortissimo :les carabiniers font irruption chez un couple respectable, agressent le mari et prennent l'enfant, adopté illégalement dit-on.

 

Les thèmes se repondent et, comme un accompagnement, se déploie la vie quotidienne du commissaire Brunetti, de sa femme, universitaire, de leurs enfants, une vie paisible, heureuse, de personnes aimant manger (des recettes cuisinées par madame), boire (de l'excellent vin), lire (Saint Luc, un aristocrate voyageur du XVIIIe siècle) et s'aimer. Le commissaire ne dissimule rien à sa femme, même les subterfuges et les travestissements (comme dans l'opéra) qu'il est obligé d'employer pour ses enquêtes.

 

LA PLU~1Les thèmes sont forts : l'adoption illégale d'enfants (ou la vente, si vous préférez), la baisse de fertilité dans les pays développés et leurs causes, l'escroquerie à l'équivalent de la sécurité sociale italienne (ou comment faire consulter des patients morts pour toucher une commission) et la corruption qui règne en Italie. Ce sont les thèmes principaux, mais, tel un contrepoint, d'autres motifs apparaissent subtilement et nous interroge. Que signifie être père, être mère ? Qu'est-ce qui fait que l'on se sent le père ou la mère de cet enfant, même s'il n'est pas notre enfant biologique ? Donna Leon nous pousse plus loin dans nos retranchements, en nous demandant s'il est possible de ne pas parvenir à aimer un enfant adopté, rejoignant un autre thème fort, le racisme, qui a pignon sur rue : les enfants adoptés viennent de pays pauvres, des extracommunitarii. Ces enfants, on ne les verra pas, on ne les entendra pas dans ce récit : je ne sais comment la loi française jugerait les faits, mais en Italie, ces enfants (ils ont entre dix-huit mois et trois ans) resteront dans des orphelinats et ne seront jamais rendus à leurs parents adoptifs (pourtant aimants) ni à leurs parents biologiques (qui ne les désiraient pas). Quel sera leur avenir ? Nul ne le sait. Certes, ils sont l'illustration de l'exploitation des pauvres par les riches, qui est poussée parfois jusqu'à l'extrême (les trafic d'organe), mais ils sont surtout sacrifiés, comme les saints Innocents. Ils n'ont même plus d'identité puisque leurs certificats de naissance sont des faux. Le silence est leur langage.

 

 D'autres au contraire feraient mieux de se taire. Ils parlent, ils chuchotent, ils insinuent, ils ne font pas taire leur petite voix intérieure qui leur permet de distinguer à tous les coups le bien du mal - et la nécessité de révéler ses fautes, au nom de leur vision du Bien et des visées de Dieu - l'eugénisme n'est pas loin, et rejoint le thème précédent. La violence fera à nouveau irruption, fortissimo, juste avant que le silence ne s'impose, définitivement.

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 20:36

 

 

Merci à Masse critique Babélio et aux éditions Rivages pour m'avoir permis de lire ce merveilleux roman.

 

Présentation de l'éditeur :

 

A l’été 2005, un terrifiant ouragan dévaste le sud de la Louisiane. Son impact sur La Nouvelle-Orléans évoque la bombe atomique qui a anéanti Hiroshima. Envoyé en renfort dans la métropole sinistrée, Dave Robicheaux, adjoint au shérif de New Iberia, découvre un univers de cauchemar : les pillards y font la loi, la désorganisation a permis l’explosion de toutes les formes de violence, la société moderne civilisée et policée a régressé au stade d’une jungle primitive où rôdent les prédateurs. Chacun se cache et survit comme il le peut. Dans ce tableau apocalyptique, où des corps dérivent à l’abandon pendant que d’autres attendent, empalés sur des branches, une hypothétique sépulture, Robicheaux est chargé d’élucider deux meurtres commis dans un quartier riche, habituellement protégé. Les deux victimes s’étaient imprudemment attaqués à la demeure d’un puissant mafieux, qui poursuit désormais de sa vindicte leur complice. Obligé de le retrouver le premier, Robicheaux se lance sur la piste de violeurs en série, d’un prêtre morphinomane ou d’un vigile probablement plus dangereux encore que les criminels qui écument la cité en ruines. Mais comme toujours chez Burke, la descente aux enfers n’exclut pas les éclairs de noblesse et de profonde humanité.
 

Mon avis :

 

Je commencerai pas un aveu : je n'avais aucune envie de terminer ce livre, ce qui explique sans doute la lenteur avec laquelle je l'ai lu; Je n'avais aucune envie de quitter la Louisiane de Dave, Molly et Alafair Robicheaux, même dévastée par l'ouragan Katrina.

 

Je n'ai pas non plus classer ce livre dans les romans policiers. Pourtant, tous les ingrédients sont là : au lendemain de Katrina, deux pillards sont assassinés, un homme dont la fille a été violée deux ans plus tôt, est soupçonné. Si j'ajoute que ces pillards, aidés de deux complices, ont dévasté la maison de la mauvaise personne (un charmant fleuriste, qui cachait dans ses murs de la fausse monnaie et des diamants de conflits) et que Dave Robicheaux, Clete, un ami détective privé, mais aussi le FBI sont sur le coup, vous me direz que rien ne manque. Vous aurez raison. Ce livre dépasse pourtant les codes du roman policier.

 

James Lee Burke donne à voir, à entendre, à sentir un univers bien particulier. Grâce à lui, nous sommes là-bas. Il restitue les rayons du soleil à travers les feuilles d'un arbre, la saveur d'un petit déjeuner en famille, la grâce du travail d'une jeune apprenti écrivain. Il restitue aussi l'horreur de cette nuit la plus longue, et surtout tout ce qu'elle a laissé derrière elle, dans une écriture toujours aussi belle, riche, noble. James Lee Burke raconte les pires atrocités dont est capable l'être humain avec sobriété et pudeur - Dieu seul sait pourtant que le viol et la torture font mauvais ménage avec ses deux termes. Il prouve à tous les auteurs qui se repaissent de détails sanglants avec complaisance qu'il est possible de raconter des scènes insoutenables, du point de vue des victimes, et de garder une écriture d'une rare sensibilité - sans sensiblerie. Il multiplie les points de vue : Dave Robicheaux, ancien du Vietnam, ex-alcoolique, est le narrateur principal. Pourtant, nous entendons parfois d'autres voix, celle de Bertrand Melancon,  jeune homme noir qui cherche sa rédemption au milieu de son enfer personnel ou Otis Baylor, dont la vocation est d'assurer les autres.

 

Je me suis plains, parfois, de la religiosité excessive de certains auteurs américains (voir les derniers romans d'Harlan Coben). ici, il est surtout question du bien, du mal, de la frontière entre les deux, si facile à franchir (Dave se sent lui-même près à chavirer quand sa famille est directement prise pour cible). Il s'agit aussi de la résilience, ou comment se reconstruire quand, comme Thelma Baylor ou Mélanie, sa belle-mère, on a été détruite en profondeur ? Le livre nous montre la douleur, physique et morale de Thelma, et comment elle et son père quittent leur statut de victime (qui n'a strictement rien d'enviable) pour poursuivre leur vie.

 

La lecture de ce roman est un véritable coup de coeur. 

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