édition 10/18 -380 pages.
Merci à Asphodèle qui a fait voyager ce livre jusqu'à moi.
Quatrième de couverture :
Le gentilhomme ligoté au réverbère de Westminster Bridge est vêtu très élégamment - fleur à la boutonnière, chapeau haut de forme, écharpe blanche habillée -, mais il est mort, la gorge tranchée. Qui a tué Sir Lockwood Hamilton, cet homme charmant et l'un des plus consciencieux membres du Parlement ? Avant même que l'inspecteur Thomas Pitt ne commence son enquête, l'un des collèges de Sir Lockwood rencontre lui aussi la même destinée au même endroit. Charlotte, la tendre épouse de Thomas, ne peut résister à l'envie d'aider son mari. Mais, pendant ce temps, l'égorgeur de Westminster Bridge continue son oeuvre macabre...
Mon avis :
Je retrouve avec plaisir les héros d'Anne Perry, avec toutefois une nuance : ce tome va du gris foncé au noir, très noir. L'espoir ? Il est nulle part. Les innocents paient, les coupables, aussi, mais dans une bien moindre mesure. Le poids du chef de famille, par contre, est partout. Il nous montre le pire de cette société victorienne si puritaine, si patriarcale. Les femmes sont des petites personnes fragiles (je n'ai pas dit "chose" bien que je sois tentée, elle n'a strictement aucun droit, pas même sur ses propres enfants) qu'il faut absolument protéger, parfois contre leur gré, parfois contre elles-mêmes.
Certes, Charlotte a de la chance d'avoir un mari qui la laisse relativement libre et s'il souhaite la protéger, j'ai envie de dire qu'il a de bonnes raisons de le faire. La passion de Charlotte pour les enquêtes peut se révéler dangereuse - pour elle.
L'égorgeur de Westminster Bridge nous plonge dans l'antre de la folie, même si je regrette un dénouement trop abrupte, comme souvent chez Anne Perry. La folie "médicale", si facilement diagnostiqué, surtout chez les femmes, mais aussi la folie mystique, point qui sera à nouveau abordé dans L'incendiaire de Highgate ont leur part dans l'enquête. Incendiaire, égorgeur : la folie n'a que faire des armes à distance, comme le pistolet ou le poison, il lui faut le corps à corps ou la purification - qui n'a rien de symbolique. Et si la compassion est, étymologiquement "souffrir avec", nous souffrons autant à cause de la première victime que du meurtrier.
L'égorgeur de Westminster Bridge est un roman réussi, qui ne laisse pas le lecteur indemne.
Antoni : challenge God save the livre.
Challenge polar historique organisé par Samlor
Challenge Victorien par Aymeline