édition Points - 284 pages
Quatrième de couverture :
En Ouganda, où sévit la "maladie du sommeil", l'ONG Guérir sans frontières perd contact avec l'un de ses médecins. Envoyé sur place, le docteur Abraham Van Tang le recherche en vain. C'est alors qu'une cargaison de médicaments disparaît, dans une région où la population vit terrorisée par une armée d'enfants-soldats. Van Tang va devoir s'y rendre et se confronter à une terrible violence.
Mon avis :
Premier roman lu dans le cadre du RAT il est le dernier roman que je chronique officiellement de cette journée de lecture : j'ai gardé le meilleur pour la fin.
J'ai coutume de dire que tout sujet peut être traité, même le plus sordide du moment que l'auteur a le talent nécessaire pour en venir à boit. La quatrième plaie est l'illustration parfaite de cette affirmation, encore que le mot "talent" me semble bien faible pour exprimer la finesse rigoureuse avec laquelle Patrick Bard parle des enfants-soldats, du SIDA, de la maladie du sommeil, trois maux qui ravagent le continent africain, dans une indifférence quasi-générale. Sa prose fait l'effet d'un coup de poing.
Vous l'aurez compris, pas de personnages tièdes dans cette oeuvre, si ce n'est peut-être Gilles, l'archétype du cadre et du père de famille modèle (mariée à une fonctionnaire, deux enfants), absolument pas préparé à ce qu'il va vivre. Abe, Jo, Moses sont d'une trempe hors du commun. Ces battants sont capables de faire face au pire - et le pire a des visages multiples. Le surmonter ? Je n'irai pas si loin. Le regarder droit dans les yeux en tout cas. Ses changements de narration sont précieux, car ils nous permettent de connaître leurs sentiments, leurs sensations, sans complaisance et sans mièvrerie. Pas question de s'attarder sur ses états d'âme, il faut agir, toujours.
Roman policier ? Oui, mais il brise les conventions du genre, permettant ainsi à la Quatrième plaie de toucher un large public et, je l'espère, de plaire à tous les réfractaires du genre.Plus qu'un livre, un véritable coup de coeur.
Je conclus ce billet comme ce livre se conclut, et comme le souhaitait l'héroïne du livre : avec une musique joyeuse :