Edition Zulma - 155 pages
Mon résumé :
Martial et Odette sont tous les deux à la retraite, et assez aisés. Il se laissent convaincre par un agent immobilier d'acheter une résidence aux Conviviales, un endroit ultra-sécurisé, réservé aux séniors. Ils s'ennuient ferme (il pleut sans arrêt) jusqu'à l'arrivée de leurs premiers voisins, Maxime et Marlène.
Mon avis :
Quel choc ! Lire ce livre est un véritable régal. Je ne saurai trop vous le recommander. Pascal Garnier egratigne férocement tous les travers de notre société aseptisé. L'obsession sécuritaire est en ligne de mire. De qui se protège-t-on, dans cette résidence ? La liste est très longue. La liste réelle d'abord : les cambrioleurs, les assassins, tous ceux qui nous menacent dans l'ombre et dont on nous rebat les oreilles dans les journaux. Les animaux, ensuite, impitoyablement écartés ou éliminés. La liste implicite prend bientôt le relais : la famille, puisqu'il est interdit de recevoir les siens plus de quinze jours de suite. Tout adulte plus jeune que nos séniors, qui risqueraient de géner leurs vacances éternelles (prémices du repos éternel). Je ne vous parle même pas de cette menace abominable, qui vient s'installer tout près de la résidence au beau milieu du roman : des gitans !Ils sont pourtant rayonnants, libres, en un mot : vivants.
Ils sont pourtant charmants et policés, nos jeunes retraités. A eux cinq (ils sont rejoints par Léa, la seule à montrer un peu de bon sens et de courage en dépit de ses crises d'absence), ils créent des petits rites sympathiques, partagent leurs loisirs culturels ensemble. Il ne faut pas longtemps pour que le vernis craque et pour que chacun dévoile une partie de sa personnalité qu'il ne soupçonnait pas toujours et qu'il est ravi de laisser s'épanouir. Difficile pour nos retraités de vivre 24 heures sur 24 sous l'oeil des caméras, comme si la résidence n'était devenu qu'une vaste télé-réalité (Big Brother nous regarde) et sous celui du gardien, le peu sympathique M Flesh. Construite ainsi, menée avec le style implacable de Pascal Garnier, les péripéties et le dénouement ne peuvent être que renversants. Quant au titre, éminement poétique, il trouve sa parfaite justification au cours du récit.
Je ne puis que vous recommancer ce titre et surtout, cet auteur merveilleux. J'ajoute que j'adore vraiment le soin que la maison d'édition Zulma (nom emprunté à un poème de Tristan Corbière) porte à la confection de ses livres.