éditions J'ai lu - 186 pages.
Mon avis :
Je ne pouvais pas participer au challenge Vie de Chateau sans qu'il y figure un ouvrage sur Sissi. plutôt qu'une biographie (j'en ai lu deux) ou les mémoires d'une proche (Mes années avec Sissi d'Irma Sztaray), je vous propose ce roman, extrêmement fidèle à la vie d'Elisabeth d'Autriche, née duchesse de Bavière.
Agnès Michaux donne la parole à Sissi, aux termes de sa vie - l'action débute en 1892 et nous mènera jusqu'à son assassinat, en 1898, seule la fin est racontée par un narrateur omniscient. Elle n'est pas apaisée - elle ne le sera jamais - elle est lucide sur son rang, sur son rôle, sur son image. Ancêtre de nos princesses anorexiques, Elisabeth s'astreignait à un régime très strict et pratiquait des activités physiques à outrance. Elle n'était pas maîtresse de sa vie de femme, ni de sa vie de mère, si ce n'est avec Valérie, sa dernière fille, la seule qu'elle put élever. Elle entendait maîtriser son apparence physique. Très tôt (dès 32 ans), elle refusa de montrer son visage, marqué par les peines. Elle le dissimulait au moyen de voiles, d'éventails : sa beauté serait ainsi cellée pour l'éternité.
Le récit est fluide, en dépit des allers et retours dans le passé et du contexte historique parfaitement restitué. Peut-être ai-je aussi cette impression parce qu'aucune partie de la vie de Sissi ne m'était étrangère. La tragédie de Mayerling est connu, la folie de son cousin Louis II de Bavière aussi. En revanche, la mort prématurée de sa première-née Sophie (qu'on lui reprocha), celle de sa soeur, la très belle Sophie d'Alençon, brûlée vive dans l'incendie du bazar de la charité, le décès, encore jeune, de sa soeur aînée Hélène ne sont pas nécessairement connus, pas plus que l'existence tumultueuse de sa soeur Marie, qui dut abandonner sa fille illégitime et qui calomnia sa propre soeur auprès de Rodolphe.
La calomnie, les rumeurs, Sissi dut les affronter bien avant la presse à scandale. Dès son union avec l'empereur, elle déplut, souverainement. Elle n'était pas celle que l'on attendait, et Sissi dut devenir Elisabeth d'Autriche - et ne parvint pas à être ce que l'on attendait d'elle, d'autant plus qu'elle découvrit les premières infidélités de son mari. Elle tomba malade - de nos jours, nous dirions qu'elle somatisait et à ce moment de sa vie, il ne restait que deux solutions, soit mourir (ce qui aurait arrangé presque tout le monde à la cour), soit prendre son destin en main - ce qu'elle fit, s'écartant le plus possible du pouvoir, de l'étiquette, où qu'elle aille. Elle écrivit, beaucoup, elle eut des passions pour un pays, pour une villa, mais chaque fois qu'elle crut avoir trouvé un endroit propice à l'apaisement, elle repartait, inexorablement, alors que les deuils se succédaient - jusqu'à sa propre mort.