Voici ma première participation à Des mots une histoire organisé
par Olivia
dont c'est la 90e édition. Les mots à placer sont créer – palais – concerner – multiples – croire – pourquoi – tous – circonstance – expérimenter – madame.
Il était une chose que nous sachions tous : quand Cal avait décidé d’expérimenter une nouvelle recette, nous devions la goûter et taire les remarques désobligeantes qui nous viendraient à l’esprit – ou plutôt au palais, surtout si celui-ci avait été irrémédiablement incommodé. Il fallait être philosophe, quelles que soient les circonstances, et se rappeler que rien, absolument rien, ne pourrait être pire que le haggis (plat traditionnel écossais servi lors du mariage d’Imogène – une manière habile de pousser son futur mari et sa famille à fuir sans demander leur reste - leur reste de nourritures, bien entendu).
Nous lisions tous, dans le salon, sans paraître concernés par les bruits incongrus qui jaillissaient de la cuisine, les multiples « aïe, aïe, aïe » qui parvenaient à nos oreilles rendues chastement sourdes, et autres cris : « mais pourquoi ça ne cuit pas ? ». Stoïques, nous attendions.
Quand vint l’heure du thé – heure sacrée, n’est-ce pas – nous vîmes apparaître Cal, portant triomphalement le gâteau qu’elle avait préparé. Je crus lui faire plaisir en disant : « il a l’air fameux, ton gâteau au chocolat. » Ma sœur, aussitôt, fondit en larmes et courut se réfugier dans sa chambre.
- C’est malin, commenta Imogène, qui était dans la confidence. C’est un quatre-quarts. Il est brûlé, mais je suis sûre qu'il est très bon.
Je mangeai ce chef d'oeuvre gastronomique au thé, au dîner et même au petit déjeuner. J'avais oublié le dernier précepte en vigueur quand ma madame ma soeur aînée cuisine : mange et tais-toi.
Alexander McKellen, échappé des aventures de Guillaume et Imogène.