édition 10/18 - 476 pages.
Quatrième de couverture :
Impeccable dandy à l’élégance excentrique, Oscar Wilde ne manquerait jamais une soirée mondaine en compagnie d’Arthur Conan Doyle. Surtout si elle est donnée par
l’une des femmes les plus en vue de Londres, la duchesse d’Albemarle. Mais la mort brutale de leur hôtesse entraîne les deux brillants compères dans une enquête au plus près des secrets de la
Couronne.
Challenge Romans sous influence organisé par moi-même et George.
Mon avis :
La dernière enquête d'Oscar Wilde avait été une déception pour moi, alors que j'avais beaucoup apprécié les deux premiers opus de cette série. Ne me laissant pas
abattre par une déception, j'ai donc lu ce quatrième tome.
Attendez vous à un choc lors l'introduction : ce n'est pas l'Oscar Wilde flamboyant que nous retrouvons mais le Wilde déchu, au soir de vie, complètement détruit
par le bagne. Le ton est donné, il sera sombre.
Presque tous les personnages réunis pour cette enquête connaîtront un destin tragique : la duchesse d'Albermale la première, d'autres morts suivront. Je n'ai pas eu
besoin de lire l'épilogue pour savoir qu'Albert Victor, duc de Clarence, mourrait deux ans plus tard, ni qu'il avait été soupçonné d'être Jack l'Eventreur. Même pour Oscar Wilde, le temps est
compté. Si son esprit fait toujours la joie des salons, il se cache de moins en moins, et même ses proches s'inquiètent - pas pour lui, pour Constance.
En effet, Robert Sherard n'est plus le narrateur exclusif de l'histoire, il en est plutôt le collecteur. Il a rassemblé les lettres, les télégrammes, les
témoignages des différents protagonistes pour reconstituer cette affaire qu'ils auraient dû tous pourtant oublier. Cela donne au récit un aspect assez disparate, surprenant, puisqu'un même
événement peut être raconté à plusieurs reprises, sans que j'ai vraiment ressenti que ce second éclairage apportait quelque chose en plus. Les écrivains foisonnent, et après Arthur Conan Doyle,
pressé de retourner auprès de Touie et de sa fille, Bram Stoker prend sa plume pour correspondre avec Florence, sa femme. Il raconte sans fards sa vie au théâtre, et surtout ne ménage pas son
ancien rival (Oscar Wilde était le premier amour de Florence, elle lui a préféré le futur auteur de Dracula). Rien de pire qu'un Irlandais pour dire du mal d'un autre Irlandais.
Je ne vous cacherai pas non plus que j'ai ressenti un malaise en lisant certaines scènes, parce que je suis une femme (grande nouvelle, n'est-ce pas ?). La duchesse
d'Albermarle était atteinte de nymphomanie et d'hystérie (dixit son médecin), sa jeune soeur Louise est atteinte de la même maladie (sic). La psychanalise n'a pas encore droit de cité à Londres,
leur condition de survie, leur traitement sont à la limite du soutenable. Ses femmes sont entièrement à la merci de leur médecin mais aussi de leur famille : être diagnostiquée hystérique ou
folle arrange bien souvent une famille qui craint le scandale et "oublie" fille et soeur dans un asile afin de favoriser le reste de la famille. Bien qu'elles ne soient pas évoquées dans ce
roman, je ne puis que penser au triste sort de Louise-Marie de Belgique (que son amant réussit à faire sortir de sa prison au bout de longues années) ou de Sophie de Bavière, soeur cadette de
Sissi. La situation en France est pire, et Lulu, maîtresse du prince de Galles, dresse un tableau ahurissant des hospices français. Ils sont un immense tapis sous lequel on a balayé tous ceux que
la société ne veut pas voir. Nous sommes alors dans un espace de non-droit, dans lequel seules les plus dociles et les plus chanceuses survivent.
Identifier le coupable après ceci me semblait presque anedotique. Une sombre histoire de légitimité se profile à nouveau. Je n'ai pas non plus aimé le dénouement,
la mort de trois femmes n'a que peu d'importance, et l'homme échappe toujours à la justice, soit parce qu'il est intouchable, soit parce qu'il trouve moyen de se dérober. C'est peut-être la leçon
que voulait donner l'auteur. Pour ma part, je trouve que le dénouement ressemble presque à une pirouette tragique certes, mais une pirouette tout de même.
J'inscris ce livre à notre challenge car Oscar Wilde est un personnage prépondérant. Constance n'est-elle pas en train de corriger les épreuves de Dorian Gray, son
meilleur livre d'après elle ? Ses aphorismes ne sont-ils pas connus de tous ? De même, les oeuvres de Conan Doyle sont connues et aimées, ce qui le fait rougir à coup sûr. Quant à Stoker, il
s'apprête à publier son oeuvre maîtresse. Je n'ai que l'embarras du choix pour le challenge Roman sous influences.
Le cinquième tome est paru en anglais : Oscar Wilde, the Vatican Murders.
Antoni : challenge God save the livre.
challenge Victorien organisé par Aymeline.
Challenge polar historique organisé par Samlor